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C’est toujours sur le dos des prolos que l’on casse du sucre

Publié le 19 novembre 2008 par Zappeuse

A la mine ou à l’usine au XIXè siècle ils suaient sang et eau pour des salaires faisant à peine vivre un célibataire. Classes laborieuses classes dangereuses refoulées à la marge des villes, humains tout juste bons à respirer les émanations fétides d’une industrialisation en marche. La modernité était à ce prix. Qu’un Godin, avec son Familistère, ait voulu traiter ses ouvriers autrement et éduquer leurs enfants, étaient au bout du compte une exception. Et puis le paternalisme, faut être honnête, ça cache toujours quelque chose.

Vint 1936. L’espoir. Les quarante heures, les congés payés. Ouvrier lève-toi : la plage de sable fin est aussi la tienne. Ecoutez les paroles de L’Internationale , vous verrez, c’est pas si mal. Mais les ouvriers restèrent les ouvriers. Sauf qu’aujourd’hui, dans notre beau pays de France, on ne le voit presque plus, l’ouvrier. Son usine a été délocalisée loin bien loin où sa prime de licenciement ne lui permettra jamais d’aller. C’est ainsi. On appelle ça la loi du marché. Alors ce sont des ouvriers d’ailleurs qui se ruinent la santé devant les gueules brûlantes des fours des fonderies, qui laissent leur capacité auditive devant des presses hydrauliques, des mineurs d’ailleurs qui meurent d’un coup de grisou.

Cette crise boursière qui a sauté sur le monde comme une puce sur le dos d’un teckel montre finalement quelque chose qui semblait oublié, ringard : il y a des ouvriers en France, payés au SMIC ou à peine plus, dont l’espérance de vie reste à ce jour bien inférieure à celle des citoyens qui bossent dans le tertiaire. Risques du métier, contraintes des rythmes, inhalation de saloperies, plus faible accès aux soins, alimentation moins équilibrée. Cocktail à faire tourner les statistiques. Crise financière, récession (ce mot tabou qu’on n’ose à peine prononcer quand on a été élevé avec une cuiller en argent dans le bec, celle qui fait les plus belles bouches en cul de poule avec le patois ad hoc). La consommation se fait la malle. Et les boîtes parlent au mieux de chômage technique temporaire (voir à ce titre la carte de veille mise en place par Rue89 ), telles ces usines automobiles qui ne produisent plus la moindre voiture aujourd’hui, voire mettent carrément la clé sous la porte. Je ne parle pas là de la CAMIF (quoique la manière de faire, pour les employés et même pour les clients, soit au-dessus de tous les cynismes possibles), qui n’est pas une usine, mais par exemple de l’agro-alimentaire, tels Doux ou Beghin-Say.

L’usine Beghin-Say de Nantes, c’est cette belle bâtisse bleue, là-bas du côté du p

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ort et du MIN. La dernière usine à sucre de la région, et même de France je crois. Une tradition qui fout le camp, dans une ville qui a eu longtemps le bec sucré : 22 raffineries de sucre au XVIIIè siècle, les usines LU moins de deux siècles plus tard. Beghin Say à Nantes, c’était jusqu’à aujourd’hui 172 salariés. Il reste la belle bâtisse bleue et un sacré goût amer.

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