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Un silence de trop

Publié le 20 novembre 2008 par Jlhuss

revolver_s_w_686.1227120893.jpg Lundi après-midi, l’Assemblée Nationale apprend le suicide d’un de ses membres, le député UMP Jean-Marie Demange. Danièle Hoffman-Rispal (PS), qui présidait la séance,  intervient : “J’ai la tristesse de faire part du décès de notre collègue Jean-Marie Demange, député de la neuvième circonscription de Moselle. J’invite l’Assemblée à observer une minute de silence

On croit rêver.

Il est normal qu’un tel drame, le suicide d’un collègue de “bancs”, détermine une émotion vive chez ses voisins de travée : “J’ai la tristesse de faire part du décès de notre collègue”, certes! Mais la représentation Nationale n’a pas vocation à exprimer un “raptus émotionnel”, ni son corporatisme.

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Le malheureux député Demange a disparu de son propre fait en obéissant lui aussi, sans doute, à un raptus et une souffrance, mais il a tué semble-t-il, avant son autodestruction, une femme mère de deux enfants. Au sens strict, c’est un assassin, nous reviendrons sur le “juridique”. Loin de nous l’idée de négliger la souffrance vraisemblable de cet homme, mais loin de nous aussi, celle de négliger la globalité de son acte et le sort de sa victime, les enfants orphelins. Une Assemblée Nationale condamnée à “saluer” toutes les souffrances du monde, resterait debout et silencieuse pendant toute la durée de son mandat. Une bonne manière d’éviter sa logorrhée habituelle me direz-vous !

Il y a peu on entendait frémir les allées de la représentation parlementaire à l’occasion d’une poignée de mains entre Rouillan et Besancenot. Il est vrai que le facteur n’avait pas caché l’adhésion du tueur non repenti à son mouvement. Mais après tout il s’agissait d’un geste personnel, tout au plus mettant en cause un mouvement politique, chacun pouvant en tirer des conclusions plus ou moins définitives sur le caractère “révolutionnaire” du dit parti. Il ne s’agissait pas d’une attitude “officielle” pratiquée sous les ors de la République. Pourquoi le schizophrène, “non responsable”, tuant un regard croisé au hasard et se suicidant sur le trottoir n’aurait-il pas droit à sa “minute” s’il est député ? C’est théoriquement possible, il n’y a pas “incompatibilité” !

La prise de possession des esprits par “l’émotionnel”, devient très préoccupante.

Les juristes argumenteront que Demange ne sera jamais coupable. Puisque mort, l’action judiciaire va s’éteindre. Juridiquement il restera innocent. On pourrait ajouter une “immunité parlementaire” n’ayant pas eu le temps d’être levée, les députés se sont inclinés devant un “juridiquement innocent” ! Bou diou le juridique !

Mais alors que fait-on du fameux débat sur “le non lieu pour irresponsabilité”? Il fallait, paraît-t-il un jugement; il le fallait absolument! Pour que les familles ou les victimes fassent “le deuil” et autres grandes théories psychologiques. Dans le cas du député, s’il a vraiment tué, les enfants de cette femme n’auront jamais de coupable, et l’assassin présumé de leur mère aura eu droit à sa “minute d’hommage” … Quel Deuil !

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