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Course aux ressources naturelles : la troisième guerre mondiale a déjà commencé : la RDC en fait déjà les frais

Publié le 20 novembre 2008 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Le contrôle des ressources naturelles sera, en ce 21ème siècle, au centre de nombreux conflits armés. On est encore loin d’un tableau attestant d’une guerre mondiale. Mais, les ingrédients pour y arriver sont bien là.

A l’Est de la RDC où se livre depuis une dizaine d’années une grande razzia pour le contrôle des ressources naturelles en témoigne, avec l’entrée en scène de certains pays de la sous-région. Pas si loin donc pour se muer en un conflit continental, puis, qui sait… international. Le décor est bien planté, avec pour toile de fond, l’accès aux ressources naturelles de l’Est. La troisième Guerre mondiale ne sera pas forcément armée, mais plutôt économique. Des analystes du site spécialisé "L’Edito des matières premières" ont tenté d’aborder le sujet. La situation est simple : après quatre millions d’années d’évolution, après des millénaires de civilisation - l’humanité du 21ème siècle se retrouve à lutter pour sa survie. Les ressources planétaires font l’enjeu d’un combat sans merci entre les pays du monde. Et depuis quelques années, peu à peu, les foyers de conflits se multiplient :


C’est le cas au début de l’année de 2005, lorsque la Russie de Poutine a tapé du point sur la table en coupant brutalement les « vivres gazières » de l’Ukraine. La raison de cette démonstration de force ? L’Ukraine refusait de payer son gaz au prix du marché, 402,6Usd, à l’époque - soit quatre fois plus que le prix négocié avec la Russie jusqu’en 2008 de 50 Usd les 1.000 mètres cubes. Gazprom, principale société russe, accusait de son côté l’Ukraine de détourner le gaz pour le revendre - en faisant des profits substantiels - à l’Union européenne. Si les cours du gaz n’avaient pas subi une envolée fulgurante ces dernières années... une telle crise ne se serait sans doute pas produite.

Et que dire du Venezuela ? C’est le quatrième fournisseur de pétrole des Etats-Unis, à qui il revend 65% de sa production pétrolière. Cette richesse souterraine et ce rôle-clé dans l’approvisionnement énergétique des Etats-Unis donnent un avantage considérable au Venezuela - avantage que le président Hugo Chavez ne se prive pas d’utiliser comme arme de chantage pour imposer ses volontés aux sociétés occidentales... multiplier les déclarations belliqueuses... et faire tomber toujours plus de pétrodollars dans son escarcelle. Il y a aussi la Chine.

En 2007, la Chine a mis en place un fonds d’investissement d’un milliard de dollars destiné à consolider les liens entre les entreprises chinoises et les pays africains. Elle leur a également promis trois milliards de dollars de prêts à taux préférentiels, et s’est engagée à doubler le montant de ses aides au continent africain d’ici 2009. Pure bonté d’âme de la part de l’Empire du Milieu ? Eh bien... quand on sait que l’Afrique représente désormais le deuxième fournisseur de pétrole de l’Empire du Milieu, avec 26% à 33% des importations - un chiffre qui augmente de 30% chaque année... on peut dire que ces largesses ne sont pas si désintéressées que ça - mais bien une forme de colonisation masquée.

La liste est bien longue. Car il y a également le Nigeria, l’Antarctique, le Tibet, des îles Kouriles,…qui enveniment les relations entre la Russie et le Japon... et ainsi de suite. Plus prêt de nous, il y a la situation, délibérément rendue fragile de l’Est de la RDC. Toutes ces régions où la situation géopolitique est sur-tendue ont en commun d’être des points stratégiques en matière de ressources naturelles.

Pour l’instant, cette guerre d’un nouveau genre se déroule en majeure partie sur la scène des relations économiques, commerciales et politiques, mais il faut être lucide : les conflits armés sont inévitables - probablement à court terme. De nouveaux domaines, de nouveaux marchés, de nouvelles tendances sont en train d’émerger : trois secteurs en particulier connaîtront un développement sans précédent dans les années qui viennent.

PAS DE PLAN B POUR L’HUMANITÉ

Décidément, l’équilibre mondial est en train de changer. D’un côté, le monde développé n’est pas prêt à renoncer à son mode de vie. De l’autre côté, le monde émergent veut rattraper son retard... mais aussi égaler voire surpasser le mode de vie occidental. Avec la crise financière, le monde développé a été bien obligé de s’ouvrir aux pays émergents, bref à coopérer. La force de l’incendie provoquée a donc contraint le G7 à se rapprocher de son concurrent le plus redoutable, les pays émergents.

Le sommet de Washington vient d’officialiser le G20, comme cadre de concertation économique, avec des compétences plus élargies et affirmées que le G7. "Nous sommes d’accord (pour dire) qu’une réponse politique élargie, fondée sur la coopération macro-économique, est nécessaire pour rétablir la croissance", indiquait la déclaration finale du sommet de Washington, organisé après deux mois d’une crise financière inédite depuis les années 1930.

Mais, le problème, et le vrai, c’est que les ressources terrestres sont limitées. Il n’y aura pas assez pour tout le monde. Dans un tel scénario, les conflits religieux et politiques ne vont pas disparaître, mais vont être canalisés en affrontements dont l’enjeu sera les meilleures sources d’eau, d’énergies, la nourriture, les terres habitables. La RDC en subit durement l’électrochoc depuis près d’une décennie.

Nous vivons en ce moment une redistribution complète des cartes planétaires : la géopolitique du pétrole et du gaz qui a dominé les 60 dernières années est en train d’être peu à peu remplacée par une géopolitique de la survie : les luttes pour le pétrole, le gaz et l’accès aux ressources naturelles seront intégrées à une sorte de "super-conflit" comprenant aussi des ressources vitales comme la nourriture (cultures et élevage) et l’eau.

Comme d’habitude, les pays les plus démunis seront en première ligne. Mais les pays plus avancés et plus riches ne seront pas épargnés. Les guerres pour l’accès aux ressources vitales vont devenir un phénomène global.

La base du problème est ultra-simple : le premier milliard d’êtres humains sur la planète a été atteint vers 1800 - il a fallu des centaines de milliers d’années pour y parvenir. Mais pour doubler ce chiffre, il n’a fallu que 130 ans - en 1930, la Terre comptait deux milliards d’habitants.

Depuis, le processus s’accélère de manière fulgurante : 30 ans pour passer à 3 milliards... 14 ans pour arriver à 4 milliards... 13 ans pour passer à 5 milliards... et 12 ans pour arriver aux 6,7 milliards d’êtres humains que nous sommes aujourd’hui.

A ce rythme, en 2023, nous serons 8 milliards d’êtres humains sur notre bonne vieille planète. Or huit milliards, selon certaines estimations, c’est la population maximum que la Terre puisse supporter. D’autres chiffres, plus optimistes, estiment qu’une stabilisation démographique se fera vers 10 à 11 milliards.

Mais qu’on parle de huit milliards ou 11 milliards... ça ne change rien à la réalité actuelle des faits : les capacités de production de notre Terre sont non-renouvelables et limitées - et même en voie d’épuisement. Et puisqu’on ne peut pas encore s’installer sur Mars ou sur la Lune... il n’y a pas de plan B pour l’humanité.

Les conflits sont, à ce titre, inévitables. Mais, le monde est une succession de contradictions et porte quelque fois en lui les solutions de sa subsistance. Des solutions existent déjà, ou seront découvertes au fil des ans, prédisent les plus optimistes. Le problème, c’est... combien de temps prendront-elles à mettre en place ? Et quels dégâts nous faudra-t-il subir en attendant ?

Comme le dit Bruno Parmentier, professeur à l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers et auteur du livre Nourrir l’humanité, cité dans une analyse reprise sur le site de l’Edito des matières premières : "Ne croyons surtout pas qu’il suffise de faire le dos rond quelque temps : le problème est structurel. En 2050, il y aura 10 milliards d’êtres humains sur la planète. Or nous aurons, pour les nourrir, moins de terres, moins d’eau, moins d’énergie et moins de chimie. En 1960, nous étions seulement deux habitants pour nous partager un hectare de culture. En 2050, nous serons six".

DES CHIFFRES EFFROYABLES

Aux Etats-Unis, premier producteur et exportateur de blé au monde, la prochaine récolte devrait retomber au niveau des années 1950 - soit un peu plus de 600 millions de tonnes. Cela suffirait tout juste à alimenter la consommation mondiale pendant quatre jours et demi ! En fait, en 2008, la production de blé devrait être inférieure à tout ce qui a été consommé en 2007.

Si l’Occident consomme la majorité de la production mondiale, les pays émergents s’y mettent aussi : la Chine aspire déjà à elle seule 5% du total des échanges mondiaux dans le secteur des céréales. Elle est le premier importateur mondial de soja, le deuxième de riz, le quatrième de lait en poudre, le cinquième de volaille..., et ça continue. Sans compter que - paradoxe de la course aux énergies de substitution - les biocarburants viennent désormais perturber les marchés de l’alimentation. Ils consomment des quantités astronomiques de céréales - ce qui a déjà provoqué des troubles sociaux dans des pays comme le Mexique.

65 millions de tonnes de maïs ont ainsi été détournés de leur utilisation alimentaire pour terminer dans des réservoirs de voitures aux Etats-Unis - un chiffre qui devrait doubler dans les trois prochaines années.

Un chiffre résume bien la situation : en l’état actuel des choses, pour nourrir tout le monde, il faudrait que la production agricole double tous les 10 ans. Difficile de prédire la réalisation d’un tel événement, relevant, diront les statisticiens, de la loi de Poisson.

Partout dans le monde, les fermiers, les paysans et les agriculteurs se sont donc lancés dans une véritable course au rendement pour parvenir à nourrir l’humanité. Mais, tiendront-ils vraiment le coup lorsque la crise financière continue à fragiliser les rapports d’un capitalisme financier presque écroulant.

Source du texte : MEDIACONGO.NET


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