Uploaded on June 22, 2007
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Mes Petites FablesCréation d’un « G Faim »
Pendant que le « G20 » suscite un certain intérêt, le « j’ai faim », lui, réunit de plus en plus de monde, et est un véritable succès.
Faim de faim, d’un toit et d’une vie décente et non plus « descente » pour les plus démunis.
Faim d’un système plus juste pour une grande majorité d’entre nous, contre une classe dirigeante et parfois politique qui représente en gros 15 % des populations et détiendrait 80 % des richesses matérielles, et pour laquelle la solution n’est pas de réformer le système mais de l’adapter.
Faim d’un autre modèle de société … oui mais, personne aujourd’hui ne propose cet autre modèle, et surtout pas les partis politiques, qui au mieux, une fois la dénonciation du système capitaliste ou de ses excès effectuée, résument en quelques phrases et quelques généralités ce qu’il faudrait faire : taxer le capital, rehausser les salaires, maîtriser nôtre développement… Certes, qui, n’étant pas d’accord avec le capitalisme sauvage, ne serait pas d’accord avec cela ?
Fin d’un monde qui ne nous fait plus la part belle à nous les humains ? Cette fin ne viendra pas du haut de la pyramide à mon sens, mais de notre faculté à nous, les petits porteurs…. d’espoir, à nous réunir.
Allô le monde ? Ici, le monde !
Que pouvons nous faire nous « société civile ? »
Cette faim, sous toutes ses formes, ne jouit en fait que d’un succès d’estime. Nos paroles disent que nous avons faim, nos intentions disent que nous avons faim, mais nos actes ?
Car si ici c'est le monde, le monde lui n’est pas qu'ici. Imaginons un instant ce scénario improbable. La crise financière et économique n’aurait existée que dans nos médias, la réalité serait son opposé : reprise, croissance, amélioration des chiffres du chômage. Un « ici de croissance » serait alors finalement presque identique à un « ici de crise », mais nos paroles seraient toutes autres.
La société civile ne reste pas muette. Les associations jouent leur rôle d’association : politiques, solidaires, culturelles, caritatives, elles continuent d’exister. Tout cela m’intéresse, mais comment faire pour ne pas faire tout et rien, pour ne pas se disperser comme nous le faisons un peu tous ? En nous regroupant, en faisant nombre.
Chacun dans son coin continue de faire vivre sa faim en rejoignant telle ou telle structure, ou en en créant une nouvelle, ou en agissant à titre personnel dans son environnement propre et proche. Chacune de ces associations utilise ses petits moyens humains, matériels et financiers, pour faire avancer à sa manière sa soif de citoyenneté, de partage. Et nos médias, blogs, et tracts locaux nous tiennent au courant, de manière engagée ou non.
Oui, mais
Oui mais ces associations, cette diffusion de l’information, pour quel résultat ? Une prise de conscience ? Des petites gouttes d’eau indispensables à nos consciences et à ceux qui ont le plus besoin d’une aide principalement matérielle ? Est-ce suffisant ?
Oui mais pourquoi est-il si difficile de nous fédérer, de partager nos valeurs, nos moyens, nos actions pour essayer d’insuffler un véritable souffle à nos envies, à nos faims ?
Oui mais, nos petites différences, nos petites divergences, nos petits egos parfois pas si petits que cela, nos petits pouvoirs, nos petites influences, surtout notre grande force d’inertie et notre force de parole au détriment de notre force d’écoute font que …. Nous n’avons pas encore pris la mesure de notre petitesse et de la possibilité d’être grands ensemble. Une phrase de Camus qui m’est tombée dessus cette semaine : « la solidarité des hommes (mais surtout la vôtre mesdames) se fonde sur le mouvement de révolte… »
Alors quoi ?
Alors devenons les vrais acteurs de la vie locale, sachons nous retrouver, sachons nous définir, sachons avoir de l’ambition en restant humbles, sachons désigner les personnes pour nous rapprocher et mener à bien nos actions individuelles et collectives.
Alors dépassons nos différences, sachons nous structurer, sachons dire « oui » plus souvent que « non », sachons chacun tenir le rôle qui nous convient et non pas le rôle que notre ambition nous pousse à tenir, sachons écouter plus souvent que parler, sachons nous faire confiance.
Alors sachons nous révolter vraiment et pacifiquement, nous mobiliser vraiment, nous engager vraiment et au quotidien, ici, à l’échelle locale, à l’échelle d'ici, concrètement.
Alors sachons dépasser les difficultés pratiques qui ne sauraient contraindre nos volontés, sachons trouver un espace pour nous tous, des moyens pour nous tous, des priorités pour nous tous.
Comment on fait ?
On ne sait pas faire. Quoi, tout ça pour ça ? Non. Aujourd’hui, on ne sait pas faire. Mais on peut essayer.
La 1ère étape consiste à être ensemble à une même date en un même lieu. Pour nous compter. Une date « ultérieure » pour que rien ne puisse justifier de notre absence. Une date pour diffuser un message qui donne quelques éléments de réponse, et qui propose une seconde date, puis des dates de plus en plus rapprochées pour commencer par être LÀ. Être présents. Commençons par exister par notre présence, même désordonnée. Par cet acte volontaire et déjà exigeant de notre présence. Nous sommes des montagnes, mais ces montagnes ont oublié d’être visibles, soyons des montagnes visibles.
Où ? Quand ? Comment ? Tout ne viendra pas tout cuit …qui prend la suite ?