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Les limites du plan solaire de Jean-Louis Borloo

Publié le 20 novembre 2008 par Hmoreigne

borloo.1227174906.jpgA l’occasion de l’ouverture du salon des énergies renouvelables lundi matin, à Paris et, dans le droit fil du Grenelle de l’environnement, Jean-Louis Borloo a présenté son plan pour développer les énergies renouvelables et notamment le solaire. Un progrès certes mais très loin d’être suffisant. Anecdotique en terme de production d’énergie et désormais problématique. Des chercheurs américains viennent de démontrer que la production de panneaux photovoltaïques génère un gaz rare, le trifluorure d’azote, au pouvoir de réchauffement 17 000 fois plus élevé que le traditionnel CO2.

Désolé de gâcher la fête, mais le compte n’y est pas. Les cinquante mesures pour booster les énergies renouvelables présentées par Jean-Louis Borloo présentent un aspect trompeur. Celui que nous serions en passe de gagner le défi climatique. Si l’orientation est bonne, un objectif de 23% d’énergies renouvelables dans notre consommation d’énergie en 2020, soit plus qu’un doublement par rapport à 2005, l’effort est largement insuffisant. Il laisse croire surtout que le combat se gagnera sans douleur et sans larmes.

Le père des bilans carbone, Jean-Marc Jancovici, ingénieur conseil spécialiste des questions d’énergie et d’environnement, estime dans le quotidien 2O minutes que le ministre « amuse la galerie » au regard des échelles « L’électricité photovoltaïque représente 1/10.000e de l’énergie consommée dans le monde actuellement. Même si on la développe de 30% par an, cela ne compensera en rien la baisse de notre approvisionnement en pétrole. Et ceci est valable pour l’ensemble des énergies renouvelables ». Il ne s’agit pas de décrier l’effort présenté mais de rappeler qu’il est largement insuffisant s’il n’est pas complété par d’autres dispositions.

Jean-Marc Jancovici aurait préféré que deux mesures prévues dans le Grenelle donnent lieu à une traduction concrète. La mise en place d’une fiscalité croissante sur l’énergie et l’obligation de procéder à une rénovation thermique des bâtiments, un secteur qui, à lui seul, représentent 40% de la consommation d’énergie en France. Les temps politiques et environnementaux ne sont pas les mêmes. La crise économique a rendu quasi mort-nés les bonnes intentions des Français en matière de comportement. La vraie révolution verte consisterait à mettre en place une taxe carbone sur l’ensemble des produits, notamment l’énergie mais, en temps de crise sur le pouvoir d’achat, la mesure est vouée à rester au placard.

Jean-Marc Jancovici rétorque que les prix de l’énergie vont de toute façon augmenter, alors, autant anticiper et rappelle que la moitié de l’électricité est produite par du gaz et du charbon, dont les prix sont indexés sur le pétrole. Le diagnostic de l’ingénieur, partagé par l’essentiel des écologistes, est radical : la seule façon de réduire la consommation est d’augmenter les prix. « Si ne nous ralentissons pas nous-mêmes la consommation, la demande subira un arrêt brutal et notre modèle socio-économique avec. Dans ce vaste défi, l’énergie solaire est un truc complètement anecdotique ».

Dans le même temps des chercheurs américains ont mesuré pour la première fois, le taux atmosphérique de trifluorure d’azote (NF3) un gaz à effet de serre (GES) 17 000 fois plus puissant et à la durée de résidence cinq fois plus longue dans l’atmosphère que le CO2. Selon ces scientifiques, la concentration atmosphérique NF3 a été multipliée par 30 en trente ans. Pourtant, ce gaz à effet de serre est absent de la liste des GES régulés par le protocole de Kyoto.

L’autre mauvaise surprise, c’est que l’augmentation des émissions de ce gaz estdue au développement de certaines activités industrielles nouvelles, notamment la production d’écrans LCD ou… de cellules photovoltaïques.

Il ne s’agit pas de baisser les bras pour autant. Nicolas Hulot dans un remarquable article consacré au G20 publié dans Marianne du 15 novembre nous met face à nos responsabilités et nous invite à changer de logiciel pour évoluer vers une nouvelle société. « L’intelligence est l’aptitude au choix juste. La civilisation ne consiste pas à multiplier les besoins mais à les limiter volontairement. S’aliéner ou de libérer, la faculté à nous poser des limites est la condition absolue de notre liberté, et la clé commune pour résoudre toutes nos difficultés, le gage de notre futur».


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