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Thierry, prostitué: “La clandestinité des prostituées favorise la violence à leur égard”

Publié le 20 novembre 2008 par Chictype

La police va entreprendre des fouilles dans les lieux fréquentés par Patrick Salameh, le repris de justice suspecté dans les disparitions de trois prostituées à Marseille. Thierry Schaffauser est un prostitué de 26 ans. Coauteur, avec «Maîtresse Nikita», de «Fiers d’être putes» (éditions de l’Altiplano, 2005), il revendique le «droit d’être un travailleur du sexe». Selon lui, les victimes de Marseille seraient encore de ce monde si la loi ne contraignait pas les prostitué(e)s à se cacher.

VSD : Comment la loi du 18 mars 2003 réprimant le racolage passif a-t-elle pu jouer un rôle dans cette tragédie ?

Thierry Schaffauser : Dès 2002, toutes les associations avaient prévenu : considérer les prostitués comme des délinquants n’élimine pas la prostitution, mais la fait basculer dans la clandestinité. Or, une fois que les prostitués se trouvent loin des yeux, cela favorise la violence à leur égard… En 2006, la Ligue des droits de l’homme (LDH) a conclu, après enquête, à des «dérives policières et judiciaires» aux bois de Boulogne et de Vincennes, et demandé l’abrogation de cette loi sur le racolage.

VSD : Quelles sont les relations entre les prostitué(e)s et les forces de l’ordre ?

TS : Quand je travaillais à Paris, je me suis fais agresser trois ou quatre fois. A chaque fois, les délinquants se sentaient légitimés dans leur violence parce qu’ils avaient bien conscience que la police n’interviendrait jamais. Un policier m’a dit un jour : «Ne viens pas te plaindre si on te retrouve la tête éclatée sur le trottoir». Une copine m’a raconté comment des policiers lui ont rient au nez quand elle a tenté de porter plainte contre un client qui n’avait pas payé. Cette vulnérabilité est évidemment renforcée quand les prostituées sont des étrangères sans papiers.

VSD : Aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse ou en Allemagne se trouvent des «quartiers rouges», où les prostituées sont derrière des vitrines. Que sait-on de la violence envers elles dans ces pays ?

TS : Aucun statistiques n’existe, mais il est évident que sortir de la clandestinité, avec un statut et une réglementation, évite beaucoup de problèmes. Les filles disposent souvent d’une alarme sous leur lit en cas de pépin, ce qui permet à la police d’intervenir très vite. Aujourd’hui j’exerce à Londres : il y a pour nous protéger un service de police spécifique, avec une ligne téléphonique dédiée ! Jamais je ne pourrais être agressé ici comme je l’ai été en France. Tout est une question de confiance entre les forces de l’ordre et les travailleurs du sexe.

¤ Le 17 décembre prochain un rassemblement est prévu à Paris à l’occasion de la «journée internationale contre les violences faites aux travailleurs du sexe».

VSD


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