Ils râlent, ils ronchonnent, ils maugréent, ils ne se lavent pas souvent, ils ont un bout de frite au coin de la bouche et une haleine qui empeste le saucisson à l’ail. Ils sont méchants…
Et ils sont Français. Ouaaaaaaaaaaaais, ils sont là pour pourrir la vie de James Bond, pisser dans le violon de Brad Pitt et George Clooney, mettre des bâtons dans les roues de Will Smith, empêcher Richard Gere de tourner en rond, voir midi à la porte de Jennifer Aniston.
Hollywood adore détester les Français. D’ailleurs, la Mecque du cinéma ne leur propose que les strapontins de la vilenie, les escabeaux de la noirceur, les tabourets de l’ignominie.
Dans le dernier James Bond par exemple, nous voilà aux prises avec un méchant plein de mauvaises intentions et pas une once de pitié, d’humanité. Il est radicalement français. Et ce n’est rien de dire que Mathieu Amalric prend son pied : regard allumé, vipérin, sourire graveleux. Il a le chic pour ne jamais prendre la pause (souvent débraillé, le cheveu gras) tout en ayant la posture en permanence. Un grand méchant, vicieux juste ce qu’il faut. Mmh, slurp…
Mais encore, Vincent Cassel se fout de la gueule des Ocean’s twelve en dansant le smurf et le fait si bien que Steven Soderbergh, le réalisateur, le fait rempiler pour une apparition dans Ocean’s thirteen. Le même Vincent C. avait auparavant violé et fait chanter l’ex-madame Pitt dans Rencontre fatale (Derailed). Quant à Tchéky Karyo, toujours un poil de cul derrière Will Smith et son pote dans Bad boys, il poursuit nos chers héros américains sans répit tout le long du film. Par ailleurs, le même s’est fort mal conduit avec Bridget Fonda qui n’avait que Jet Li pour la défendre dans Le Baiser Mortel du Dragon.
Bon, d’accord, les Français font de parfaits méchants. Et ça tombe bien car les Américains adorent brocarder de doux clichés sur eux : dans Les Frères Grimm de Terry Gilliam, ils sont présentés comme des bouffons maniérés. Dans Matrix et Catwoman, ils deviennent singulièrement sexy sous les traits d’un Lambert Wilson très appuyé : distingué, raffiné, cruel. Sans parler de la beauté indécente d’Olivier Martinez dans Infidèle (Unfaithful), qui est l’objet du désir, l’objet du délit et celui par qui le scandale arrive, remisant le sex-symbol Richard Gere sur une étagère poussiéreuse.
Parfois, Hollywood ne s’encombre même pas de faire venir un vrai Français sur le plateau : il charge un quidam british de prendre l’accent et de faire semblant. C’est ce qui est arrivé à Rufus Sewell dans La Légende de Zorro. Il jouait un aristocrate félon venu s’installer en Californie. Et dans Die Hard 4 (Retour en Enfer), les méchants échangent quelques mots en français. En 2006, le très sérieux Seattle Post Intelligencer remarquait que, jamais, Hollywood n’avait été aussi anti-français. Ce à quoi le très francophile Jim Jarmusch répondait : « Nous sommes en guerre contre les terroristes islamistes mais nous avons peur de caricaturer les Musulmans dans nos films et même de les présenter sous un mauvais jour. Que faisons-nous alors? On s’en prend aux Français, une cible qui ne représente aucun risque ».
Certains datent le front anti-français au milieu des années 80, époque de l’exception française et des quotas. Mais le phénomène s’est aggravé suite au déclenchement de la guerre en Irak et du refus de la France d’y participer. De toute façon, comme le laisse entendre Oliver Stone, dont la mère est française, nous sommes au-dessus de tout ça : « Ce qui facilite les choses avec les Français, c’est qu’ils ne s’en plaignent pas. Ils sont confiants dans leur culture et ont une longue tradition d’autocritique ». Hollywood stigmatise, la caravane passe… Mouais.
Pourtant, il y a encore peu, l’image de la France était bien remontée à Hollywood avec l’histoire de Ratatouille, le petit rat qui voulait devenir un grand chef. Mais je ne sais comment nous devons le prendre, en fait… Car au final, la morale c’est qu’un rat peut cuisiner français.
Quoi qu’il en soit, en un mot comme en cent, Hollywood n’est pas encore prêt à faire de la place aux acteurs français, à part Binoche peut-être. Nos mâles devront se contenter de montrer les crocs comme ils savent si bien le faire quand ils sont coincés dans les embouteillages ou quand ils vous écrasent les doigts de pied dans le RER en vous fixant dans les yeux. Mais après tout, il faut savoir ce que l’on veut. Le méchant est souvent le personnage le plus intéressant. Alors c’est un peu normal qu’il soit français…
Vous préférez Luke Skywalker ou Dark Vador, vous ?
(Article rédigé pour et publié sur Epidemik. Merci à Cholera pour ses encouragements.)Mes Petites Fables
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 21 novembre à 09:14
En tant que méchants Français, nous n'avons pas la plus mauvaise place, on se méfie des méchants, ils ont souvent toutes les astuces pour coiffer au poteau tous les autres, mais peuvent-ils lutter contre les beaux mâles américains, avec leurs petites mines râgeuses, c'est pas sur ? Bien amicalement.
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