J’évoquais dans mon précédent billet, Dur aux faibles , l’accord obtenu par notre Président lors de la guerre d’août dernier entre la Géorgie et la Russie. Vous trouverez ici la présentation que Nicolas Sarkozy a faite à l’issue de cette négociation.
Si on peut lui savoir gré d’avoir ainsi contribué à l’arrêt des hostilités, cet épisode ne saurait lui valoir le statut de sauveur de la paix et de maître du monde que, poussé par son ego incommensurable, il semble vouloir s’attribuer. Vous aurez pu constater que, mû par sa passion de convaincre, il se livre à une gesticulation peu compatible avec la dignité de sa fonction. On a l’impression qu’il serait dans l’incapacité de s’exprimer s’il lui fallait ne pas tant agiter les mains.
J’ai cru alors voir Louis de Funès s’épanouissant dans un de ses sketches. J’ignore si vous avez déjà pu voir un chef d’État s’exprimer ainsi mais, pour ma part, je ne vois guère que Hugo Chavez ou Fidel Castro. Il est vrai que comme désormais M. Sarkozy a plusieurs points de convergence avec ces ennemis du capitalisme, il subit peut-être l’effet d’un certain mimétisme. Quoi qu’il en soit, devant un tel spectacle, j’ai honte. Mais ce voyage pacificateur a été aussi émaillé par quelques erreurs, plus dommageables que ce spectacle somme toute plutôt comique.
On peut regretter que l’accord de retrait des troupes n’ait pas explicitement mentionné l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie et qu’aucune référence n’ait été faite à l’intégrité de la Géorgie.
Selon le Canard enchaîné du 20 août, dans leur précipitation, nos négociateurs auraient oublié de faire signer par les adversaires l’accord de cessez-le-feu. Il a fallu ensuite réparer cette omission en obtenant la signature depuis Moscou par fax.
D’autre part, la lenteur avec laquelle s’est effectué le retrait des troupes est due à une mauvaise interprétation par la Russie du texte signé, causée par une erreur de traduction. Les versions française et anglaise indiquent « pour l’Ossétie » alors que dans la version russe on peut lire « dans l’Ossétie », ce qui a permis au Kremlin de soutenir qu’il était autorisé stationner ses chars en Ossétie. Étant donné les compétences de Nicolas Sarkozy en langue étrangère et surtout l’importance des termes dans la rédaction d’accords internationaux, on peut espérer que des interprètes participaient à ses négociations. Un peu plus d’attention aux textes établis n’aurait pas nui.
Le plus troublant dans cette affaire est que, pratiquant un langage aussi vigoureux que celui de Vladimir Poutine, Nicolas Sarkozy éprouve sans doute sympathie et admiration pour cet autocrate qui s’apprête, dans un avenir peut-être très proche, à accomplir un nouveau mandat de président de l’URSS porté cette fois à six ans avant, qui sait, de faire encore beaucoup mieux.