Les moutons, les canards et les gens bons

En fait, après le billet et dans la foulée des commentaires laissés, j'ai cogité à cette histoire de "stratégie" et à cette notion d'incompétence.
J'ai relié ce qui se passe là à ce que j'ai vécu dans d'autres vies professionnelles, essayant de tisser des points communs entre les choses. J'en ai trouvé. Oui, il y a de l'incompétence. Mais pas que.
Je crois que ces agissements, somme toutes classiques surtout dans les grandes structures, révèlent au fond quatre choses :

1. Un sacré je m'en foutisme. Un après moi le déluge. Ma pomme, et le reste, je m'en fous. Il a comme pour conséquence le fait que personne ne sait finalement ce que fait l'autre. Et s'en cogne. S'en remet à ce qu'il voit. Autant dire que la face visible de l'iceberg règne en maître. Autre conséquence : le qui se ressemble s'assemble. Incontournable. Emergence de cliques et de connivences. Au détriment du bon sens. Gros plan sur l'individu roi. Pouah.
2. Un seuil de peter bien ancré qui fait que des types s'agrippent à des postes et cassent les reins non pour casser les reins mais pour flatter leur orgueil. Et pour entretenir des petites cours, des prés carrés qui sont des peau de chagrin. Ce sont des jardiniers du vide et de la terre brûlée. Où poussent les autruches.Il est de bon ton de traiter les gens de moutons. Je préfère parler de jambons. Puisqu'au final, ce sont les gens bons qui trinquent.
3. Une peur bleue d'évoluer, d'aller de l'avant et au fond, une incapacité à évoluer, à faire évoluer les choses sur le fond, s'attaquant à la forme, pansements sur des jambes de bois. Entretenir des systèmes coûte que coûte, faute de courage, de remise en cause, d'imagination.
4. Une absence, au fond, de décisions, de choix, avec ce que cela comporte comme renoncements. J'ai toujours été très marqué par l'expression avantages acquis. Ils se défendent bel et ongle, tantôt avec orgueil, tantôt avec mauvaise foi. Il paraît pourtant, dixit Béjart, que le vrai confort se trouve dans la mobilité...
   

Je profite de l'occasion pour noter que ces agissements valent tout aussi bien dans le privé que dans le public. On n'est donc pas obligé de faire en permanence du fonctionnaire le bouc émissaire. Plus qu'un statut, le fonctionnaire est un état d'esprit. Une somnolence. Sauf à persister dans l'idée que quand un truc immense nous dépasse, il est préférable de raccourcir l'angle de vue, de loucher sur le petit troupeau de canards qui passe par là et de noter que décidément, il y a des canards noirs, dis donc. Que faire ? C'est une question que je me pose tous les jours.