Estocade n°21 : De la guerre des deux Roses à la Guerre des Rose

Ci gît le Parti Socialiste,
Qui portait hier la Royal
ce qu’il fait de mal, il le fit bien
Ce qu’il fit de bien, il le fit mal

Le Grand Fossé

Y’aurait-il une faute d’orthographe dans mon titre ? Certainement pas, car je ne fais pas allusion aux Lancastre et aux York (la guerre des deux roses, de 1422 à 1485), mais plutôt au film comique de Dany de Vito, sorti en 1989. Le synopsis est le suivant : un couple de yuppies apparemment heureux en tout points, se retourne un jour l’un contre l’autre. S’engagent alors coups bas et autres bassesses pour arriver à leur fins …Il y a notamment dans ce film des scènes mémorables, avec la division en deux parties égales de la maison commune, et des négociations compliquées pour la cuisine ou les toilettes.

La course au P.S, qui un temps put faire penser à une guerre de succession, s’est achevée en division quasiment égale du parti – à 42 voix près – entre Charybde et Sylla. Où sont les femmes avec leurs gestes plein de charme ? Désormais, on sait que le mépris que génère Royal rassemble à peu près autant de gens que la haine qu’inspire Aubry. C’est digne de l’élection de Georges Bush en 2000, avec à présent les supporters de Royal qui demandent un recomptage des votes et s’étonnent des scores dans le Nord.

Ils ont raison, car tout le monde sait que ces élections sont généralement truquées. Ce fut le cas il y a 2 ans, par exemple, pour la campagne des primaires au P.S où le score de Laurent Fabius fut ramené de 25% à 20% à sa demande, en échange d’un toilettage des résultats pour ne pas montrer ses faiblesses dans ses bastions. Ce fut le cas pour l’élection de Séguin à la tête du RPR, où l’on fixait à la louche et de manière fantaisiste les résultats.

En même temps, je pense que si on allait voir comme Menucci gère la Fédération des Bouches du Rhône , avec ses scores staliniens, on aurait encore plus de surprises.

L’Aile ou la cuisse

Alors, oui, on peut l’écrire, le P.S est en fin de course, à tous les sens du terme. L’élection était censée clarifier les choses, elle a révélé un parti coupé exactement en deux, tiraillé entre le pôle centriste et le pôle socialiste. C’est le seul parti où le 2ème meilleur candidat dans la course est capable de se retirer pour le 3ème, alors que ses électeurs préfèrent voter majoritairement pour le premier. C’est le seul parti où l’on se bat pour des étiquettes complètement factices alors qu’en réalité, le seul sujet qui compte c’est le chef, mais où personne, par inhibition idéologique n’ose le dire. C’est le seul parti qui arrive à produire 4 perdants avec une seule élection. Ah pardon, j’oubliais Nicolas Sarkozy.

Tout ceci ne peut que dégénérer en lutte fratricides, recours juridiques et pinaillages sans fin. Ce qui va tuer le P.S, c’est la suspicion.

Le PS me fait penser à gros poulet cuit que l’on s’apprête à désosser. Grand est le risque qu’Aubry prenne le blanc, et que Royal veuille l’aile (droite), Hamon se contentant de l’autre aile (gauche). Expliquez-moi pourquoi Royal accepterait de laisser Aubry diriger un PS où sur son seul nom elle arrive à rassembler 30% des voix puis exactement la moitié du parti ? Pourquoi ne partirait-elle pas, au lieu de devoir composer avec une bande de faux-derches qui, depuis le départ, appelle à ne pas verser dans le Tout sauf Royal, mais qui le pratiquent chaque jour ? Et de son coté, pourquoi Aubry accepterait-elle de laisser sa place ?

Voilà un nouveau mode d’action : le TSPS, le Tout Sauf Parti Socialiste, un jeu de démolition maison. Ce n’est pas au Congrès de Rennes qu’il fallait comparer le Congrès de Reims, mais bien au Congrès de Tours (1921) qui vit la scission SFIO/SFIC. Quant à la vieille maison, il va peut-être falloir la raser.

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