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Pendant la crise les affaires continuent

Publié le 22 novembre 2008 par Guy Deridet
J'écoutais l'autre jour une émission de Mermet sur France Inter. On interrogeait des traders. Le journaliste, comme la plupart d'entre nous je suppose, s'imaginait que la crise causait un grave préjudice à cette profession. On lui a rit au nez. Pendant la crise les affaires continuent Les traders sont payés en fonction des opérations qu'ils passent pour le compte de leur client. A la hausse, comme à la baisse. Il se trouve qu'en période de crise comme celle que nous connaissons ils n'ont jamais gagné autant d'argent ! Tout va bien, pour eux ; que l'économie soit florissante ou à l'agonie, ils n'en ont rien à cirer. Dans les deux cas ils s'enrichissent. Ils auraient même un penchant certain pour les crises qui arrondissent largement et rapidement leur bas de laine.

Il en est de même pour ceux qui donnent les ordres aux traders ; les spéculateurs. En ce moment ils gagent de l'argent en jouant la baisse, et lorsque cela va remonter, ils en gagneront encore plus. On vient de me parler d'un employé de Dexia (15 milliards d'aides de l'Europe déjà engloutis en pures pertes, et un déficit toujours grandissant) qui gagne beaucoup d'argent en ce moment en spéculant en bourse sur la faillite de sa propre société.

Alors ? Alors, il faut cesser de donner de l'argent aux banques. Sans aucune garantie encore. C'est le tonneau des Danaïdes, et donc cela ne sert à rien. Il faut mettre la spéculation hors la loi, en la réglementant ou en la taxant à mort. Il faut rendre à la bourse son rôle de financeur de l'économie et lui interdire tous les produits financiers dérivés. Il faut arrêter de dire aux actionnaires des fonds de pension que 15 % par an de plus value, c'est un minimum. Il faut mettre hors la loi les paradis fiscaux. Y compris ceux qui prospèrent au sein même de l'Europe.

Ca tombe bien ; tous les clignotants de l'environnement sont au rouge depuis longtemps. La course à la croissance c'est du passé. Si on n'en tient pas compte, ce n'est pas simplement l"économie qui va se casser la gueule, mais la planète toute entière. Tous les scientifiques le disent depuis longtemps, et désormais le prouvent.

C'est le propre des Etats d'être, en principe étranger, aux pressions financières. C'est à eux de mettre les spéculateurs au pas. S'ils ne le font pas, très vite, la crise actuelle s'amplifiera et le capitalisme succombera, étouffé par ses propres acteurs.

Mais peut être est il déjà trop tard. Peut être que les États eux mêmes ne sont plus indépendants des pressions financières.

Dans ce cas...pauvres de nous !


N.B

Je ne suis pas économiste. Je ne suis qu'un modeste blogueur qui observe et se pose des questions. Mais je constate que sur ces questions fondamentales la droite ne dit rien ; c'est normal, le contraire serait étonnant. Mais ce qui est dramatique c'est que la gauche ne dise rien non plus. La gauche est trop occupée en ce moment par des querelles de personnes. Deux femmes se déchirent pour un boulot de secrétaire(!) pendant que le monde va à sa perte. Quelle dérision !


Un article très intéressant sur ce sujet :

QUI EST DERRIÈRE LA CRISE FINANCIÈRE ?


LA MANIPULATION DES MARCHES ET LES SPÉCULATEURS INSTITUTIONNELS

Le marché est fortement manipulé.
La force motrice derrière la crise se situe dans les opérations spéculatives.
Le système de « régulation privé » sert les intérêts des spéculateurs.

par Michel Chossudovsky

Mondialisation.ca, Le 13 octobre 2008


Alors que la plupart des individus investisseurs enregistrent des pertes lorsque le marché s’effondre, les spéculateurs institutionnels gagnent de l’argent lorsque se produit un effondrement financier.

En fait, le déclenchement d’un effondrement du marché peut s’avérer une entreprise très rentable.

Il y a des indices que les régulateurs de la Security Exchange Commission (SEC) [NDT : L’équivalent étasunien à l’Autorité des marchés financiers] ont créé un environnement qui soutient les transactions spéculatives.

Il existe plusieurs instruments, dont les contrats à terme, les options, les fonds indiciels, les produits dérivés, etc. qui sont utilisés pour faire de l’argent lorsque la bourse s’écroule.

Plus elle chute, plus les gains sont importants.

Ceux qui la font chuter sont également ceux qui spéculent sur son déclin.

Avec une connaissance anticipée et des informations privilégiées, un effondrement des valeurs du marché constitue une opportunité lucrative, voire une mine d’or, pour une catégorie privilégiée de puissants spéculateurs qui ont la capacité de manipuler le marché de façon appropriée et au moment approprié.

LA VENTE À DÉCOUVERT (SHORT SELLING)

Un important instrument utilisé par les spéculateurs pour faire de l’argent lors d’une crise financière est « la vente à découvert. »

La vente à découvert consiste à vendre de grandes quantités d’actions que vous ne possédez pas et de les acheter sur le marché une fois que le prix s’est effondré, en vue de conclure la transaction et d’encaisser les profits.

Le rôle de la vente à découvert lors de l’effondrement d’entreprises est bien documenté. L’effondrement de Lehman, Merrill Lynch et Bear Stearns est en partie attribuable à la vente à découvert.

La vente à découvert a également été largement utilisée sur le marché des devises. Il a été l’un des principaux instruments utilisés par les spéculateurs au cours de la crise asiatique de 1997 pour faire chuter le baht thaïlandais, le won coréen et la rupiah indonésienne.

La spéculation sur les principaux marchés de devises caractérise également la crise financière en cours. Il y a eu de grandes fluctuations dans la valeur des devises par rapport au dollar canadien qui, par exemple, a perdu 10% de sa valeur en l’espace de quelques jours.

LA GUERRE FINANCIÈRE

Il y a des indices que la chute de Morgan Stanley a été concoctée par des rivaux. La veille de l’instauration de l’interdiction de la vente à découvert le 18 septembre, Morgan Stanley a fait l’objet d’attaques spéculatives par des rivaux:

John Mack, le PDG de Morgan Stanley, a déclaré dans une note interne aux employés mercredi [le 17 septembre]: « Qu’est-il en train de se produire? Il est très clair pour moi que nous sommes au milieu d’un marché contrôlé par la peur et les rumeurs et que ceux qui vendent à découvert font couler notre action » (Financial Times, 17 septembre 2008)

Morgan Stanley a aussi fait l’objet de doutes exprimés par l’agence de cotation Moody’s, ce qui a contribué à la vente à faible prix des actions de Morgan Stanley par les investisseurs.

Moody’s a déclaré s’attendre à ce qu’un « ralentissement probable dans l’activité du marché mondial des capitaux réduise les recettes de Morgan Stanley ainsi que ses bénéfices potentiels en 2009, et peut-être au-delà de cette période. »

En revanche JP Morgan Chase, contrôlée par la famille Rockefeller, a grimpé de près de 12%. JP Morgan Chase et Bank of America ont consolidé leur contrôle sur le paysage bancaire étasunien.

UNE INTERDICTION TEMPORAIRE DE VENTE À DÉCOUVERT

A la suite de l’effondrement des marchés boursiers du lundi noir le 15 septembre, la Security Exchange Commission (SEC) a instauré une interdiction temporaire de vente à découvert. Dans une amère ironie, la SEC a dressé la liste d’un certain nombre d’entreprises qui étaient « protégées par les régulateurs de ceux qui font de la vente à découvert. » L’interdiction de vente à découvert du 18 septembre de la SEC concernait en grande partie les banques, les compagnies d’assurance et autres entreprises de services financiers.

L’effet d’avoir été sur une « liste de protégées » a été vain. C’était équivalent à mettre ces entreprises sur une « liste de cibles. » Si la SEC avait instauré une interdiction permanente de la vente à découvert avec le gel de toutes formes de commerce spéculatif dont les fonds indiciels et les options, cela aurait contribué à réduire la volatilité du marché et à freiner l’effondrement.

L’interdiction de la vente à découvert a été appliquée en vue d’établir la liste des protégées. L’interdiction a pris fin mercredi le 8 octobre à minuit.

Le lendemain matin, jeudi le 9 octobre, lorsque le marché a ouvert, ces entreprises sur la « liste des protégée » sont devenues « non protégées » et ont été la première cible des attaques spéculatives, engendrant un effondrement spectaculaire de l’indice Dow Jones jeudi le 9 et vendredi le 10.

Le cours des événements était entièrement prévisible. La levée de l’embargo sur la vente à découvert a contribué à accentuer la chute des marchés boursiers. Les entreprises qui étaient sur la liste ont été les premières victimes de l’attaque spéculative.

Les actions de Morgan Stanley ont diminué de 26 % le 9 octobre, à l’expiration de l’interdiction de la vente à découvert et d’un autre 25 % le jour suivant.

Les régulateurs servent les intérêts des spéculateurs La SEC était pleinement consciente du fait que l’interdiction de la vente à découvert servirait à exacerber la chute.

Pourquoi l’ont-ils mise en oeuvre? Comment ont-ils justifié leur décision?

Dans une logique tordue, la SEC, qui en grande partie sert les intérêts des spéculateurs institutionnels, conclut en citant les résultats d’une recherche académique, que la vente à découvert contribue à réduire l’instabilité du marché, ce qui justifie l’abrogation de l’interdiction de la vente à découvert du 18 septembre.


Article original en anglais, Who is Behind the Financial Meltdown? Market Manipulation and the Institutional Speculator, publié le 11 octobre 2008.

Traduction de Dany Quirion

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