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Faire baisser la température

Publié le 23 novembre 2008 par Nicolas J
Faire baisser la températurePendant ce temps-là, Benoît Hamon manifestait avec les postiers. Je n’ai pas vu beaucoup de blogs de gauche parler de cette manifestation. L’heure est plus à la contestation des chiffres dans une ultime tentative pour sauver les meubles.
En juillet 1995, j’étais responsable d’un centre de vacances. Il faisait une chaleur à crever. Une gamine de 9 neufs avait fait une grosse angine. Je suppose qu’elle avait pris froid au cours de la soirée de la veille, toujours est-il qu’elle s’était réveillée avec 39 de température. J’avais donc appelé le toubib. Dans l’attente de sa venue, j’avais confiée la môme à des animatrices qui me paraissaient un peu plus mures que les autres, des filles bien, avec la tête sur les épaules, bien éduquée dans le Centre Bretagne. Ca ne me faisait aucun doute qu’elles auraient fait d’excellentes mères de famille et qu’elles étaient idéales pour s’occuper d’une môme malade. Une heure après, le toubib n’étant toujours pas là, je suis allé prendre des nouvelles. Il faisait plus de trente degrés dehors… et la môme était dans une tente, sous trois couvertures. Mes braves animatrices avaient fait ce qu’on fait à la campagne : quand quelqu’un est malade on le tient au chaud.
Elles n’avaient pas pensé que le plus important était de faire baisser la température de la môme et que la maintenir dans un environnement très chaud était extrêmement dangereux. J’ai immédiatement demandé que l’on fasse prendre une douche à la petite et qu’on la tienne, ensuite, dans le coin le moins chaud mais en dehors des courants d’air. Grosse discussion avec les animatrices qui voyaient des années de formation de futures mères de famille se transformer en eau de boudin. Comme j’étais directeur du centre, j’ai finalement imposé mon point de vue : faites moi baisser la température, bordel. Le toubib est arrivé ensuite et m’a évidemment donné raison. Aspirine, sirop pour la gorge et priorité à la baisse de température. Deux jours après, la môme retournait jouer avec ses copines.
C’est dans la même optique que j’ai relayé, hier, la pétition pour l’unité du PS. Quand l’immeuble est en feu (c’est ma journée « images diverses »), on commence par éteindre l’incendie et s’est après qu’on se demande qui occupera les bureaux suite à la reconstruction.

Mon billet avec la pétition a fait l’objet de commentaires ironiques de certains blogueurs de gauche
(d’autres ont choisi de la relayer). Ils ne m’ont surpris outre mesure…
Il n’empêche que ces blogueurs ne semblent pas avoir compris que la scission est bien réelle entre deux visions du PS et que les voix des militants n’appartiennent à personne. Le vote des motions a été clair : 29% pour Ségolène Royal et 25% pour Aubry. La scission est bien réelle mais celle objet du litige en cours ne concerne, à la limite que 54% des 55% de votants. Selon l’adage, au premier tour on choisit, au deuxième on élimine (depuis 2002, les électeurs ont d’ailleurs peut-être compris qu’il fallait aussi éliminer au premier tour !). On pourrait tourner les résultats du vote dans tous les sens, on pourrait arriver aussi à la conclusion que 71% des militants estiment que Ségolène Royal ne serait pas la meilleure pour le job et 75% des militants pensent la même chose pour Martine Aubry. Je ne vais néanmoins pas de l’analyse à la petite semaine, je laisse Martin, « vieux » militants du PS, en tirer les conclusions qui s’imposent. « La solution raisonnable est connue et poussée depuis longtemps par les gens sensés: donner les rênes à une nouvelle génération. C'est un peu ce qu'indique le score de Hamon, et la présence de Peillon derrière Ségolène a peut ètre eu son importance. Par ailleurs, une certaine collégialité pourrait contraindre à un peu de synchronisation. Les noms sont connus: Peillon, Hamon, Lamy, Moscovici, Dray, Filipetti ... »
Quoi qu’il en soit, on ne m’ôtera pas de l’idée que l’essentiel, aujourd’hui, est de faire baisser la température.
« De quoi je me mêle ? » me demandera-t-on… et on me l’a déjà demandé, d’ailleurs, ce qui me fait toujours rigoler. Je ne suis effectivement du Parti Socialiste (et l’image qu’il montre ne me donne pas spécialement l’envie d’y rentrer) mais j’arrêterai de rentrer dans les histoires internes du PS quand ces histoires internes arrêteront de faire la Une des journaux. Je n’ai pas encore lu le JDD ce matin, mais je suppose qu’il titre sur cette histoire. Il m’aurait fallu préférable qu’il titre sur les manifestations d’hier… et qu’il les illustre avec des photos de Martine Aubry et de Ségolène Royal accompagnant les manifestants pour la défense des services publics.
Je ne suis pas du PS, disais-je, et je ne revendique l’appartenance à aucune formation politique, tout simplement parce que je n’ai pas l’âme militante (dans le sens, assister à des réunions, discuter des heures sans un comptoir pour poser mon coude, faire des choix sur des subtilités, …). J’ai par ailleurs une très grande confiance dans les responsables politiques, professionnels du secteur pour nous préparer des jolis projets. Je suis un adepte de la démocratie représentative mais je vais rappeler la phrase de présentation de ce blog : « S'il fallait connaître quelque chose en politique pour en parler, ça limiterait l'intérêt de la démocratie et les recettes des bistros. »
Ainsi, je ne suis pas du PS mais je suis bien à gauche. Je suis une espèce de supporter de l’ex « gauche plurielle », celle d’avant le bordel de 2002 mais aussi celle qui a permis à Ségolène Royal de faire un excellent score au premier tour en 2007. Ainsi, je suis persuadé que c’est unie que la gauche pourrait retrouver le pouvoir !
Tiens ! 2002 ! Mes copains Ségolistes aiment bien renvoyer l’autre versant du PS vers cette date, pour expliquer que « cette gauche » est celle qui perd (en oubliant qui a perdu en 2007, mais la question n’est pas là) et qu’il faut la renouveler, l’oublier, … Il n’empêche que le père Jospin a parfaitement raison : c’est à cause de cette désunion, caractérisée par la candidature de Christiane Taubira et de Jean-Pierre Chevènement qui fait que le candidat de « la gauche socialiste » n’est pas arrivé au deuxième tour (pourtant, ce n’est pas le jour où il faut que je dise du mal de Chevènement, je vous en reparlerai). Lionel Jospin porte peut-être la responsabilité de cette désunion en ne sachant pas convaincre « les deux autres » de se rallier à lui. On pourra toujours tergiverser, expliquer qu’il a fait une mauvaise campagne, que son projet n’était pas bandant, qu’il a dit des conneries et que la campagne s’est retrouvée sur une terrain sécuritaire où elle n’avait rien à faire, si les 23% de la gauche en question s’était portés sur Lionel Jospin, on n’en serait pas là.
Ainsi, je me bats pour une gauche unie, d’où le relais de la pétition, hier. Il y a peut-être 10% des adhérents du PS qui veulent se battre coûte que coûte pour la place de Premier Secrétaire mais je suis persuadé que 90% veulent continuer à travailler ensemble, dans cet idéal de gauche probablement commun à 100%...
Organiser un nouveau vote ? Et alors ? Quand Ségolène Royal ou Martine Aubry auront été élues avec 51% des voix, la scission aura disparu ? Le PS sera en ordre de bataille pour 2012 ? La bataille des petites phrases aura cessé ? Bof.
Comme le dit à peu près Martin, aucune des deux n’a réellement la légitimité pour conduire le parti… Que feraient-elles, d’ailleurs, avec des instances nationales qui ne leur sont probablement pas acquises ?

L’urgent est bien l’unité ! Faire baisser la température.

Et descendre dans la rue pour sauver le service public, pour l’instant.
Puissiez-vous tous, chers militants, aller dîner chez votre belle-sœur !

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