Au secours des futures mères

Grâce au Dispensaire diététique de Montréal (DDM), des centaines de milliers de femmes de milieux défavorisés ont donné naissance, au cours des décennies, à des bébés en santé dont le poids témoignait d'une alimentation adéquate durant la grossesse. Chapeau!

Malgré une réputation qui dépasse les frontières, le DDM est encore trop peu connu chez nous. C'est le bouche à oreille qui amène les futures mères à frapper à sa porte dans le but de recevoir l'aide appropriée à leur état. Près de 2000 femmes ont recours annuellement aux services qu'on y fournit.

Des services essentiels lorsqu'on songe que, deux fois plus souvent qu'en milieux nantis, les enfants de milieux défavorisés sont trop petits (moins de 2,5 kilos) à la naissance. Non seulement ces bébés exigent-ils beaucoup de soins, mais l'insuffisance pondérale du nouveau-né a des conséquences néfastes qui souvent marquent l'enfant pour la vie. En plus d'être hospitalisés plus souvent que les autres durant leur première année, ces bébés éprouvent davantage de problèmes neuromoteurs, de retard mental, de difficultés d'apprentissage et de comportement. D'après certaines études, il y aurait également sept fois plus de risques que ces enfants soient victimes d'abus et de négligence. Quand un bébé pleure sans arrêt, la crise de nerfs n'est pas loin!
Le DDM privilégie le soutien nutritionnel selon la «méthode Higgins», qui doit son nom à Agnès C. Higgins, directrice de l'organisme de 1959 à 1981. Conformément à cette méthode, la diététiste constitue le premier contact de la future maman avec le Dispensaire. Il y aura en moyenne huit rencontres avant la naissance, et cinq après la venue de bébé. Au cours des rencontres prénatales, la femme enceinte est encouragée à consommer quotidiennement un litre de lait, un œuf, des graines de lin moulues et des multivitamines. Le Dispensaire lui fournit ces denrées de base en ajoutant, au besoin, des vivres de dépannage. «Durant l'année qui vient de s'écouler, 96% des bébés du DDM avaient un bon poids quand ils sont nés», se réjouit la directrice générale du DDM, Marie-Paule Duquette.

Pour Patricia, dont le poupon pesait neuf livres à sa naissance, le coup de pouce du DDM a constitué une véritable planche de salut à son sixième mois de grossesse. «Étudiante en sciences infirmières et dépourvue sur le plan financier, je mangeais très mal, raconte-t-elle. Grâce au suivi du DDM, Nathaniel est arrivé une semaine plus tard que prévu, alors qu'au début il était question d'un bébé prématuré! Depuis mon accouchement, je retourne régulièrement au Dispensaire où je me suis fait des amies. Je participe aux cuisines collectives. Mais, par-dessus tout, le soutien psychologique que je reçois a changé ma vie. Avant, je pleurais souvent. Maintenant, j'ai toujours le sourire! Mon conjoint a vu un changement radical chez moi.»
Ce qui est le cas également de Souhila, d'origine algérienne. «Moi aussi, mon compagnon m'encourage à continuer mes visites au Dispensaire! Comme Lounes est notre premier bébé, nous nous sentons parfois un peu perdus quant aux soins à lui donner. C'est rassurant de savoir que je peux téléphoner au Dispensaire pour savoir quoi faire», confie-t-elle. Souhila apprécie particulièrement les cours de massage qui permettent de diminuer les coliques du nourrisson.

D'autres activités de groupe sont offertes aux mamans: causeries, tricot, cours d'anglais, cuisine collective, etc. Mais c'est le soutien à l'allaitement qui remporte la palme. Sans lui, bien des femmes auraient sevré leur bébé après seulement quelques semaines d'essai.
«J'allaite Xavier depuis sa naissance, il y a un an et demi; et je veux continuer jusqu'à ce qu'il ait deux ans, raconte Marie-Ève. Sans leur aide, je serais passée au biberon dès les premiers mois, parce que j'avais des gerçures aux seins. On m'a aidée à persévérer et tout est rentré dans l'ordre. Je suis tellement reconnaissante envers le personnel du Dispensaire! En échange, j'offre des heures de bénévolat!»

Par Julie Stanton (servicevie.com)

Bonne journée,

Marie-Claude