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La femme qui parlait à l'oreille des moutons

Publié le 23 novembre 2008 par Enzodaviolo

Comme je l’ai maintes fois exprimé ici, la dérive droitière du P(s) vient d’être entérinée par le vote des militants puisque 80% d’entre eux ont plutôt choisi de subir le système dans lequel ils vivent, plutôt que de le remettre radicalement en cause. Je l’ai suffisamment critiqué, c’est un choix souverain, je le trouve inutile pour l’avenir de la gauche mais c’est ainsi, il s’agirait juste de rebaptiser le parti comme le suggérait Manuel Valls le bien nommé, aussi secoué que la bonne eau pétillante…

Finalement sur le fond, peu importe le choix féminin que les tribunaux désigneront puisque l’on semble s’orienter vers ce type de désignation. De fond, il n’y en a plus depuis bien longtemps dans ce parti.

Non ce qui m’intéresse ici, c’est la prise de pouvoir, ou la presque prise du pouvoir d’une égérie, du moins celle qui se pose comme telle, Ségolène Royal.

A elle seule, elle vient d’enterrer un siècle de politique dans ce parti, un siècle de cette politique dite « archaïque » qui consiste à réfléchir, expliquer ses raisonnements, puis convaincre par ses idées.

Car voyez-vous, Royal ne se donne même plus la peine de convaincre sur le fond, elle idéalise l’avenir en sa compagnie, elle évangélise en touchant physiquement ses adeptes, elle enrôle ses ouailles comme le curé de village professe envers ses fidèles.

Chez Royal, l’idéologie est totalement inexistante, son projet de société se confond avec des croyances abstraites, avec des rêves inaccessibles, des postures marketées, tout ce qui cherche à hypnotiser plutôt qu’à convaincre sur le bien fondé de son projet.

Cette dérive, déjà visible aux Etats-Unis à travers les évangélistes qui ont déjà franchi la séparation virtuelle d’avec le monde politique, est en train de s’imposer chez nous avec Royal.

Et sur ce point, Royal n’est pas Sarkozy. Car chez ce dernier, la communication reine est au service d’une idéologie dure qui se cache derrière des mots mais qui existe réellement, et qui possède une cohérence certaine à défaut de constance.

Or chez Royal, aucune ressemblance de ce type, elle a franchi pendant la campagne interne les portes des plateaux télé à de nombreuses reprises sans jamais n’aborder autre chose que sa propre personne, les attaques dont elle serait victime, et la promesse d’un avenir meilleur. Il s’agit juste de la croire, et le pire est que cela semble fonctionner. C’en est désespérant de la conscience politique de gauche et de nos concitoyens en général, mais la réalité est bien là.

Royal pense pour vous, c’est une femme, elle est attaquée de toute part, donc qui mieux qu’elle peut vous représenter et affronter les difficultés qui, comme elle, vous assaillent dans votre quotidien.

Ce néant idéologique, que certains moutons du P(s) ont aboubé comme égérie, est le meilleur moyen pour que la société se chloroforme un peu plus, pour que la conscience de chacun, autrefois dans les mains des religieux dont on s’est émancipé avec difficulté au cours des âges, passent désormais dans celles de représentants du peuple dont seules la posture, la morale et les plaintes récurrentes et volontairement paranoïaques, traduiront ce besoin de spirituel jamais aussi présent que lorsque le quotidien est difficile, et qui empêche toute réflexion sur les moyens efficaces de lutter contre sa propre condition humaine.

Royal est ce nouvel opium du peuple dont parlait Marx à propos de la pensée religieuse, nul doute que les possédants actuels s’en frottent les mains.


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