Libération, CB News, Le Monde ont sorti en moins d'une semaine trois articles relatifs au blogging. Tant et si bien que cela a suscité des interrogations relatives à un certain complot ou sans catastrophisme à des réflexions sur l'état même du blogueur.
La semaine dernière, je rencontrais un rédacteur en chef et une de ses journalistes pour discuter de tout et de rien et surtout des blogs. Je suis sorti de là en me demandant : bloguer, c'est quoi ? Informer ? Réagir ? Relayer ? Quelle est la dominante ?
Informer est une activité qui consiste à trouver des éléments connus ou inconnus et à construire un article.
Réagir est dire ce que l'on pense de telle ou telle information.
Relayer est le fait de faire tourner une information.
Alors bloguer, c'est quoi ?
Bloguer est avant tout une démarche exhibitionniste qui consiste à raconter son moi, ses états, ses envies, ses idées, ses coups de cœurs, ses critiques, etc... mais toujours des choses qui nous touchent, qui nous perturbent, qui nous donnent envie. Quand on sort de cette dimension continuons nous de bloguer ou devenons nous un créateur d'information ? Un média autre qu'un média d'opinion ?Le rédacteur en chef me disait qu'il se foutait totalement des blogs perso. Que chacun à sa vie et que jamais il ne voulait y commenter, il avait la sienne à vivre d'abord ! Il ne comprenait pas pourquoi au milieu de ses émois, le blogueur pouvait exprimer des critiques contre les journalistes sans savoir le métier de journaliste, ses contraintes, son professionnalisme voire la cible du journal que ne (se) représente peut être pas le blogueur... Je lui expliquais que lorsque le blogueur monte au créneau contre le journaliste, c'est encore de l'émoi. De la même manière quand un politique dit une connerie contre le web, il se prend les réactions des internautes qui adorent aussi crier au loup !...
Donc la question est pourquoi ce débat stérile entre blogueur et journaliste ? C'est là que le principe de la sphère de confort entre en jeu. La sphère de confort est ce phénomène dans lequel tout un chacun se sent bien et dans laquelle il ne supporte pas qu'on vienne le chatouiller. Depuis 4 ans, la sphère de confort du journaliste est chahutée par des internautes qui ont un media d'opinion entre les mains : les blogueurs.
L'ironie de l'histoire est que se sont les journalistes qui ont fait des blogueurs ce qu'ils sont. En effet, souvenez vous du nombre d'articles sur les blogueurs en 2006 - 2007. La reprise de toutes les conneries des blogs pour se pousser du col dans la presse papier a été la démonstration de la pauvreté des opinions de la presse papier. Les blogs ont apporté ce nouveau souffle et surtout la possibilité facile pour les journalistes de trouver des témoignages rapidement et sans se poser plus de question sur leur représentativité parce que, mon bon monsieur, ma bonne dame, étayer ses propos par des des faits ou des dires... cela rend crédible un article.Après, c'est l'effet naturel de l'inflation de la presse. Autrement dit, la presse se cite elle même tant que le support est différent. Et à partir d'une simple opinion exprimée, elle transforme le blogueur en objet médiatique... alors le blogueur y prend goût et continue de dire les choses que le journaliste ne peut pas écrire afin d'être cité. Un cycle inflatif.
Mais ce qui est le plus préoccupant est le fond du problème que soulève les blogs par rapport aux journalistes : Le droit à la rectification. Les journalistes en France ne sont pas sujets à cela contrairement à ceux des Etats Unis qui régulièrement publient une rectification sans plus de formalisme. En France, cela s'appelle un droit de réponse et c'est un droit qui n'a pas la légèreté de mise en œuvre de celui de la rectification... Il faut le demander.
Étirons l'idée...A la question, "Bloguer, c'est quoi ?", je réponds : Bloguer, c'est rectifier. Rectifier ce qu'on lit en dehors de son blog, c'est réagir en disant ce que l'on pense (rectifier la pensée de l'autre), c'est s'imaginer être ceci ou cela (rectifier sa vie...), c'est prendre la parole sur tout et n'importe quoi (rectifier l'indifférence des autres...), etc...
Je vous laisse réfléchir à la nature de votre rectification, je le fais pour moi...