Le monde est injuste. La rumeur dit que Leonard Cohen, monument de la chanson et de la poésie, se produit trois soirées à l'Olympia pour se renflouer. Ça vous casse direct un mythe. La crise financière toucherait-t-elle aussi les artistes intouchables ? Que nenni. Pendant que ce bel homme à la voix sépulcrale méditait dans un monastère bouddhiste de Californie, sa manager le plumait sans scrupules au point de dilapider sa fortune. C'est moche. Voilà donc l'interprète de Suzanne contraint, à 74 ans, de remonter sur scène, un chapeau sur la tête. Pour faire la manche ? C'est toujours mieux que sur le trottoir, où certains meurent déjà de froid (ça n'a pas traîné). Mais quand même. Ça fait de la peine. Même Cohen se monnaye dans notre impitoyable monde marchand. Pendant que Leonard chante pour son banquier, Sheller (William, pas Clara) revient sur les ondes. J'aime bien ce gars-là, discret, rassurant comme un vieux chêne avec lequel on a grandi. L'émission Sur la route, dont j'apprécie la programmation éclectique, décomplexée, voire ringarde, lui consacre trois volets pour la sortie de son nouvel album, Avatars. Dans la religion hindouiste, c'est (pour faire court) le nom donné aux réincarnations de Vishnu. Belle transition, n'est-ce pas ? Bouddhisme, hindouisme, vive les chanteurs mystiques, foin des bassesses économiques !
Photo : S. Piette.