La philanthropie comme obligation corporative

 

“J’allume un havane dont le prix suffirait à nourrir une famille indienne pendant dix jour” (Romain Gary, Chien blanc). Dans Chien blanc, Romain Gary prend un plaisir fou à ridiculiser certains gestes philanthropiques dans le contexte des conflits raciaux aux USA dans les années 60. Ces questions sont souvent valides et sa réflexion fort intéressante. N’empêche que la philanthropie n’est pas un geste à ridiculiser et il est crucial à mon avis que les leaders de notre société s’impliquent. En lisant Philanthropie et leadership, des valeurs qui montent, j’ai été confronté à des sentiments partagés.

D’un côté, il est encourageant de découvrir que les leaders, définis ici comme ceux qui sont les plus médiatisés ou les plus puissants financièrement, doivent accorder une attention particulière à la philanthropie quand ils pensent à la gestion de leur image. Que l’investissement personnel et monétaire dans une bonne cause soit considéré priomordial parmi les éléments qui influencent l’image populaire d’une personne est une excellente nouvelle d’un point de vue de la conscience sociale en général.

D’un autre côté, et ce n’est sûrement pas le cas de tous les leaders, l’idée que cet investissement dans une bonne cause soit une obligation me déplaît profondément. J’imagine mal le conseiller en relations publiques qui dit à son puissant client : “N’oubliez pas de choisir une cause dans laquelle vous impliquer, n’importe quelle. Et si vous avez de la difficulté, en voici une liste très intéressante car elle met en évidence les causes les plus importantes dans l’opinion publique.” Vous croyez que je caricature? Malheureusement pas car il doit y avoir de telles situations déplorables.

À mon avis, la philanthropie devrait être une obligation, surtout pour les entreprises qui cumulent un certain revenu. Si l’idée que c’est bon pour l’image aide à en arriver là, tant mieux. Et si c’est le seul argument pour les leaders, c’est bien dommage. Voici un liste des TOP 50 philanthropes américains, des gens qui ne semblent pas avoir besoin de se faire botter le c.. pour redistribuer un peu d’une fortune qui prend des proportions démentielles dans bien des cas. Avouez que ça rend Microsoft moins désagréable quand on voit les $ que le couple Gates donnent aux bonne causes…