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La goutte

Publié le 27 novembre 2008 par Marieclaude

La goutte était autrefois appelée « la maladie des rois » ou « maladie des riches », en raison des repas pantagruéliques et bien arrosés qu'eux seuls pouvaient se permettre. Hippocrate, médecin grec au Ve siècle avant J.-C., avait déjà remarqué que la goutte affectait surtout les bons vivants. De ce fait, on sait depuis longtemps que les plaisirs de la table ne sont pas indépendants de cette maladie.

Mais il n'en est plus tout à fait ainsi, comme l'explique le Dr Charles Shamess, un professeur de l'Université d'Ottawa : « À une époque où il semble que tout le monde acquiert en naissant le droit de faire des excès et où certains des remèdes médicaux les plus utilisés peuvent causer la goutte (l'aspirine par exemple, voir plus loin), cette maladie se démocratise de plus en plus. »

Aujourd'hui, il est connu que la goutte résulte d'un trouble métabolique des purines. Les purines font partie de toutes nos cellules - puisqu'elles composent nos gènes - et on les retrouve naturellement dans notre diète. La dégradation des purines crée un déchet, l'acide urique, éliminé principalement par l'urine. S'il se retrouve en trop grande quantité dans l'organisme, l'acide urique s'accumule avec le temps et peut former des cristaux dans diverses articulations, chez certaines personnes dites à risque. Peuvent alors apparaître des crises aiguës : une vive douleur localisée et de l'inflammation aux articulations atteintes.

La goutte n'est pas une maladie révolue. Au Canada, une personne sur 30 en souffre, soit environ 500 000 Canadiens.

Goutte ou pseudo-goutte?

Il faut distinguer la goutte de la pseudo-goutte. La pseudo-goutte, maladie qui affecte des personnes plus âgées, touche autant les hommes que les femmes. Dans ce cas, les cristaux sont de nature différente : il s'agit de cristaux de phosphate de calcium (et non d'acide urique). Ceux-ci se déposent surtout dans les grosses articulations comme celles du genou, du poignet et de la cheville. Le traitement est différent de celui de la goutte, il ne sera pas traité dans cette fiche.

Causes

La goutte se forme lorsqu'un déséquilibre se crée dans le métabolisme des purines. Voici trois situations possibles :

  • Un défaut d'élimination de l'acide urique par les reins (par l'urine) et les intestins; en évacuant trop lentement l'acide urique de l'organisme, celui-ci s'accumule. Il s'agit de la cause la plus fréquente de la goutte.
  • Un apport trop élevé en purines dans l'alimentation ou une production accrue de purines par l'organisme. Environ le tiers des purines à éliminer chaque jour provient de la diète, et les deux tiers sont générés par le corps. N'oublions pas que toute cellule qui meurt est une source d'acide urique, puisque ses gènes sont constitués de purines.
  • Une combinaison des deux situations précédentes (plutôt rare).

Le plus souvent, la cause de la maladie demeure inconnue. Elle peut être génétique, mais peut aussi survenir en conséquence d'une autre maladie - on parle alors de goutte « secondaire ». Par exemple, une maladie rénale peut altérer la capacité de l'organisme à éliminer l'acide urique. Voir la section Facteurs de risque pour connaître les maladies les plus souvent associées à la goutte.

Évolution de la goutte

Très souvent, des personnes peuvent vivre pendant des années avec un taux anormalement élevé d'acide urique sans pour autant avoir de symptôme. Cet état, appelé « hyperuricémie », n'est pas une maladie en soi. Moins d'une personne sur cinq dans cette situation développera la goutte.5 Pour celles qui auront des attaques aiguës de goutte, la fréquence des crises et le nombre d'articulations atteintes tendent à augmenter avec le temps, menant à des douleurs chroniques.
En plus de l'arthrite (aux genoux, aux chevilles, aux mains, aux poignets, aux coudes et aux pieds), la goutte entraîne à long terme (parfois après une dizaine d'années) la formation de dépôts de cristaux sous la peau : les tophus. Ils apparaissent sur le bord extérieur de l'oreille, près ou sur les coudes, sur les doigts, les orteils, et près du tendon d'Achille.

D'après l'Association médicale du Canada, « grâce à un diagnostic et un traitement précoces, il est possible d'éliminer la goutte, de prévenir les dommages articulaires et de mener une vie normale. »23

Complications

Quand la maladie évolue défavorablement, les cristaux se déposent aux reins sous forme de calculs rénaux et sont à l'origine de la lithiase rénale, qui évolue généralement vers une insuffisance rénale.

Symptômes

  • De manière soudaine (se développe en une journée), une douleur intense et pulsatile dans une articulation.
  • Une grande sensation de froid à l'articulation atteinte.
  • Une sensation de pression, de cisaillement.
  • Une hypersensibilité au toucher, ce qui rend impossible de s'appuyer sur le membre affecté.
  • Une enflure et une rougeur de la région atteinte.
  • La peau qui couvre la région enflammée est tendue et brillante.
  • Rarement, des douleurs articulaires généralisées accompagnées d'un malaise général, de fièvre (jusqu'à 39 oC) et de frissons.

Les attaques de goutte surviennent abruptement et sont fort douloureuses. Au XVIIe siècle, le médecin anglais Thomas Sydenham (qui en souffrait) signalait que « la victime va au lit en bonne santé. Vers deux heures du matin, elle est éveillée par une douleur très forte dans le gros orteil. La douleur devient intense, violente, dévastatrice et si aiguë que l'orteil ne peut supporter le poids d'un drap. La nuit se passe dans la torture. »

La première cible est le plus souvent une seule articulation, celle du gros orteil (dans 75 % des cas). Les extrémités de notre corps en sont plus sensibles puisque plus froides, le froid favorisant la formation de cristaux à partir de l'acide urique.

En général, la première crise a une évolution favorable et disparaît spontanément après trois à dix jours. Les premières 24 à 36 heures sont les plus douloureuses. D'autres, par contre, nécessitent un traitement. Souvent, une nouvelle crise se déclenchera dans l'année qui suit.

Personnes à risque

  • Hérédité. Il semble qu'une prédisposition génétique ou familiale (dans 18 % des cas) puisse être à l'origine du trouble du métabolisme des purines (absence d'une enzyme intervenant dans la dégradation des purines).
  • Sexe. Les hommes, entre 30 et 50 ans, représentent 90 % des gens touchés par cette maladie. La première attaque survient généralement vers 35 ans. Les hommes sont plus à risque probablement en raison de leur niveau d'acide urique sanguin normalement plus élevé que celui des femmes.
  • Âge. Avec l'âge, la filtration des déchets au niveau du rein est moins efficace, ce qui favorise l'accumulation d'acide urique dans l'organisme. Aussi, les femmes deviennent plus à risque après la ménopause.

Facteurs de risque

Voici quelques conditions qui favorisent l'augmentation de la production d'acide urique ou la diminution de son élimination.

  • L'obésité ou le gain soudain de poids : les personnes obèses sont plus à risque de développer la goutte, les données scientifiques le prouvent.
  • Le régime alimentaire : les excès alimentaires, surtout protéiques d'origine animale (les abats, la levure, les viandes blanches et rouges, les poissons, les fruits de mer), mais aussi l'artichaut, les lentilles, les pois et la levure de bière, aussi riches en purines. Aussi, un apport alimentaire fréquent (plusieurs fois par jour) fatigue l'organisme et augmente le niveau d'acide urique.
  • L'abus d'alcool : la moitié des personnes qui souffrent de la goutte aurait de mauvaises habitudes de consommation d'alcool.
  • Une hyperlipidémie (parfois accompagnée de résistance à l'insuline) : un niveau élevé de lipides dans le sang causé par des facteurs génétiques et environnementaux (la diète, l'obésité et la consommation d'alcool). La résistance à l'insuline est de plus en plus pointée du doigt dans la pathogenèse de la goutte. L'insuline influence l'excrétion de l'acide urique par les reins.
  • Les antécédents médicaux : les maladies du rein (calculs rénaux, insuffisance rénale), les maladies cardiovasculaires, l'hypertension, l'anémie hémolytique, l'anémie à hématies falciformes, le cancer et le diabète augmenteraient les risques.
  • Des microtraumatismes résultants d'une blessure ou d'activités physiques forçant les articulations (marche, randonnée pédestre); les cellules lésées meurent et sont dégradées en acide urique.
  • Des opérations chirurgicales : le traumatisme postopératoire et la cicatrisation génèrent des déchets d'acides uriques.
  • La prise de certains médicaments : le traitement aux diurétiques, les anti-inflammatoires à base de salicylates comme l'aspirine, la cyclosporine (médicament utilisé pour contrer les rejets de greffe), les médicaments cytotoxiques (anticancéreux), la corticothérapie, la vitamine B3 (niacine), le lévodopa pour le traitement de la maladie de Parkinson, la pénicilline, l'érythromycine et les anticoagulants oraux.2
  • Le stress : il épuise les substances antioxydantes de l'organisme, et si ces substances ne sont pas renouvelées par l'apport alimentaire, les radicaux libres attaquent les cellules et précipitent la mort cellulaire (créant de l'acide urique).

Prévention

Consommation d'alcool

Pour plusieurs personnes qui souffrent de la goutte, le simple fait d'arrêter de consommer de l'alcool suffit à réduire le niveau d'acide urique dans le sang et à prévenir l'arthrite et les crises de goutte.1 L'alcool est souvent un facteur précipitant de la goutte puisqu'il accélère la dégradation des purines et diminue leur excrétion par les reins.

Alimentation

Autrefois, il s'agissait du principal moyen de traiter la goutte. De nos jours, puisque certains médicaments permettent de diminuer la concentration d'acide urique dans le sang, les médecins ne restreignent pas nécessairement leurs patients à une diète particulière. Toutefois, certains aliments sont riches en purines ou favorisent un niveau élevé d'acide urique dans l'organisme.1,21 Ceux-ci devraient être rayés de la diète pour prévenir les crises de goutte. Règle générale, les aliments qui ont une teneur élevée en eau contiennent moins de purines.

Aliments à éviter :
- certaines protéines animales : le foie, les rognons, les ris de veau ou d'agneau, le gésier, le coeur, les extraits et les sauces de viandes, les fruits de mer;
- les poissons : surtout le hareng, les sardines, le maquereau et les anchois;
- la levure de bière et à pâtisserie;
- certains légumes : les asperges, les épinards, les champignons;
- les légumineuses (pois, fèves, lentilles);
- les boissons qui provoquent une déshydratation : boissons alcoolisées (bière, vin, etc.) et le café.

Précisions concernant cette diète
Selon le Dr Andrew Weil, pour les gens dont la diète est la cause de la maladie, il rappelle l'importance de suivre une diète équilibrée faible en purines et en gras, et abondante en fruits, légumes frais et céréales à grains entiers.33

Sucres raffinés et gras saturés. Limiter les apports en sucres raffinés, qui augmentent la production d'acide urique dans l'organisme, et en gras saturés, qui favorisent la rétention de l'acide urique.1

Poids santé

Perdre l’excédant de poids est nécessaire pour une meilleure prise en charge de la maladie. « Le meilleur régime alimentaire pour les gens qui souffrent de la goutte est un régime qui fait perdre du poids. Les aliments riches en purine (...) peuvent déclencher une crise chez les gens qui ont des taux élevés d'acide urique, mais les autres peuvent en tolérer de petites portions », estime le Dr Herbert S. Diamond, un professeur de médecine à l'université de Pittsburg.25
Faire des activités physiques régulièrement permet le maintien du bien-être physique et moral. La perte de poids doit être progressive pour ne pas favoriser la production d’acide urique (la perte de poids entraîne des déchets cellulaires).
Pour calculer votre indice de masse corporelle (IMC) ou trouver votre poids santé, utilisez notre test (voir Documents associés).

Traitements médicaux

Le traitement de la goutte agit à deux niveaux :

  • En priorité, soulager les symptômes (douleur et inflammation) d'une crise aiguë et interrompre cette crise avec des agents anti-inflammatoires;
  • À long terme, prévenir les récidives et les complications par des médicaments qui diminuent le taux sanguin d'acide urique.

Conseils à suivre durant une crise.

- Garder le lit.

- Ne pas bouger l'articulation tant que les symptômes aigus persistent.

- Durant la crise, boire plus de deux litres d'eau par jour (huit verres) pour faciliter l’élimination de l’acide urique.

- Ne pas boire d'alcool.

Bonne journée,

Marie-Claude

ref: Passeport.sante


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