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Abécédaire : V comme van Dongen

Publié le 27 novembre 2008 par François Collette

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Graine de pavot (1919) 
Huile sur toile (55 x 46)

J’aime beaucoup l’oeuvre de Kees van Dongen (1877-1968), le Hollandais de Paris, surtout ses portraits et ses nus de femmes aux yeux noirs surmaquillés, à la fois inertes, passives, tristes et sensuellement « brut de brut ».

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Fille nue (1907)
Huile sur toile (100 x 82)

Friand du monde des prostituées et des danseuses de cabaret, van Dongen est devenu leur peintre et leur portraitiste sans aucun état d’âme. D’abord des filles de joie. Ensuite, la notoriété aidant, des bourgeoises dans un esprit mercantile non dissimulé puisqu’il se plaisait à dire “les bourgeoises sont sottes et insignifiantes, les nouveaux riches sont ennuyeux, mais les peintures faites d’après eux sont des chefs-d’oeuvre” en ajoutant, perfide, que “l’essentiel, c’est d’allonger les femmes et surtout de les amincir, après, il ne reste plus qu’à grossir leurs bijoux, elles sont ravies”. Il était en fait devenu, selon les propres termes d’un de ses amis intimes – l’influent critique d’art Louis Vauxcelles -, « l’historiographe des filles, des éphèbes, de toute la lie, de toute la tourbe des femelles faisandées et de leurs amis crapuleux ». Il n’empêche qu’il fut un artiste de grand talent, totalement atypique dans son époque.

Avant de sauter corps et âme dans le fauvisme aux côtés de Matisse, Derain et Friesz, van Dongen fréquenta Picasso au Bateau Lavoir et les milieux anarchistes de Paris (il avait 23 ans) chers à Maximilien Luce. Bourré de talent, il fut engagé à l’Assiette au Beurre et chez d’autres éditeurs satiriques. 

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La suite de la carrière fut bien moins élégante car le Kees se compromit avec les nazis en 1941 quand, à l’invitation d’Arno Brecker, le sculpteur officiel du Reich, il accepta de visiter l’Allemagne avec Derain, Vlaminck et Friesz (ce fait est peu connu). Il remit une couche en 1942 en exposant des toiles à l’Orangerie à Paris dans une exposition organisée par le même Becker. Ce fut le début de la fin de la notoriété. Renié par le public qui le taxa de collaboration avec les nazis, ce n’est qu’en 1959 qu’une partie de ses oeuvres « fauves » seront exposées à l’exposition franco-allemande “Le fauvisme français et les débuts de l’expressionnisme allemand”.

Depuis lors, les temps ont bien changé et la cote du peintre atteint celle des plus grands.

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Femme à la cigarette (1905-1908)
Huile sur toile (65 x 50)

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