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Patrick Artus, Les incendiaires

Publié le 28 novembre 2008 par Alains

Patrick Artus adresse au monde un appel pertinent à une réforme des Banques centrales, afin que leurs soient reconnus une extension de leurs missions. En particulier le soutien à la croissance, la stabilité des prix et la prévention des crises ou bulles financières.

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Les Banques centrales seraient dépassées par la globalisation à l'oeuvre depuis les années 1980. Elles restent obnubilées par la lutte contre l'inflation et rangent le soutien de la croissance, l'emploi, et le soutien de nos nouvelles spécialisations au mieux comme des objectifs secondaires du premier.

Elles se tromperaient d'objectif de politique monétaire et ne feraient pas l'effort d'analyse indispensable à la compréhension des grandes mutations à l'oeuvre : la nouvelle économie mondiale émergente, le nouveau paradigme macroéconomique touchant les pays industrialisés dont l'Europe. Bref, voici à la fois une "lettre ouverte à Jean-Claude" et, pour les puristes, un rappel troublant de la critique friedmannienne des années 1950 concernant l'action de la Fed de 1927 à 1929.

L'inflation n'est plus, pour l'auteur, un phénomène monétaire mais un simple ajustement de prix relatifs réels entre les produits protégés (logement, services, etc.) et les produits exposés à la concurrence. Le lien entre crédit, activité et inflation s'est grandement distendu. Tout excès de crédit - et donc de demande - ne provoque plus de tensions sur les prix intérieurs, mais aboutit à un accroissement des importations.

A vouloir lutter contre l'inflation, les Banques centrales tardent à adopter une politique expansionniste. Selon Artus, la Fed aurait dû réduire ses taux directeurs dès l'été 2006 - dès les premiers signes dans le secteur immobilier. La BCE aurait dû le faire début 2006, après les premières mesures restrictives budgétaires allemandes et italiennes et la dépréciation du dollar. La Banque du Japon aurait dû éviter de remonter ses taux directeurs au printemps 2006. Toutes les Banques centrales ont agi pour des raisons  d'images, liées à la crédibilité de leurs actions : leur stratégie de "containment" de l'inflation. Mais aussi selon leurs croyances des effets bénéfiques de tout desserrement tardif.

PIre, selon l'auteur : elles n'hésitent pas à déclencher de grands mouvements de taux d'intérêt pour des variations très petites d'inflation. "Touchés" diraient les Anglais... remember 1994.

Patrick Artus expose alors ce que nous serions en droit d'attendre des Banques centrales afin de répondre à une croissance faible, au risque de déflation, à la hausse du prix des actifs, au rôle central du crédit. Cela passe pour lui par une politique monétaire expansionniste permettant de redonner une marge de manœuvre à la politique budgétaire (pour compenser la baisse des dépenses publiques) et, plus généralement, le soutien aux politiques structurelles nécessaires pour accroitre notre productivité, notre effort de recherche. Cela nécessite de tenir compte de l'hétérogénéité des situations. Mais aussi d'aboutir très rapidement à la formation d'un système financier européen homogène (et en particulier le choix des taux courts ou longs pour le crédit hypothécaire). A une meilleure transparence de l'action des Banques centrales. Enfin, de s'assurer de l'absence de bulles spéculatives des valeurs mobilières et de l'immobilier par des actions préventives et non plus curatives (qui provoquent des catastrophes).

En filigrane, il esquisse pour l'Europe les grandes lignes de réformes économiques et financières, qu'il faudrait envisager pour améliorer le bien public : une fiscalité communautaire directe, une plus grande mobilité du travail et un marché financier homogène. Cela afin d'éviter l'asymétrie d'allocation de capital entre pays à forte croissance et ceux à croissance plus faible.

Soulagement, Patrick Artus nous redit l'importance de l'euro, ses attraits et enjeux à venir.

Dans un monde globalisé où disparait le risque inflationniste, son plaidoyer vise à la fois à illustrer les nouveaux défis des Banques centrales et lance un appel pour conserver leurs fonctions initiales :

  • mettre à disposition les liquidités nécessaires au système bancaire et aux marchés financiers ;
  • mieux identifier les risques de déséquilibres ;
  • se préparer aux temps de crises avec sérénité - mais détermination.

Bref, un petit ouvrage à lire, à étudier et à méditer. Surtout après la crise financière 2008 !

Jean Christophe Cotta. Allocation & Sélection

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Lire aussi Le capitalisme est en train de s'autodétruire et Comment nous avons ruinés nos enfants


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