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Parti Socialiste : “Personne ne voudra prendre la responsabilité de casser le PS”

Publié le 28 novembre 2008 par Délis

Quelques jours après l’élection de Martine Aubry à la tête du Parti Socialiste, Gilles Leclerc, directeur du service politique de France Télévision, revient avec nous sur les enseignements à tirer de ce scrutin contesté, mais également sur les enjeux à venir pour le parti de la rue de Solférino, de la réconciliation des camps Aubry et Royal à la réflexion sur le positionnement politique.

Délits d’Opinion : L’élection de Martine Aubry signe-t-elle la fin du sitcom ?

Gilles Leclerc : Un épisode est clos, mais le film est loin d’être fini. Aujourd’hui, deux forces comparables cohabitent au PS. Nous allons probablement vivre une période de statu quo. Personne ne voudra prendre la responsabilité de casser le PS. La raison tient notamment dans la structure sociologique du PS, aujourd’hui devenu un parti de notables qui ne veulent pas perdre leur statut et leurs avantages dans une coûteuse guerre en vue de 2012.

Délits d’Opinion : La campagne présidentielle de 2012 est-elle déjà lancée ?

Gilles Leclerc : L’élection présidentielle de 2012 est l’objectif clairement affiché de Ségolène Royal. Or le délai est court et l’élection ne peut pas se gagner sans le parti. Ce dernier donne accès à deux atouts essentiels : l’argent d’une part, et le choix des investitures pour les élections locales d’autre part, excellent moyen de s’assurer des soutiens fidèles. Dans cette optique, Martine Aubry dispose en théorie d’un avantage. Si elle réussit ses premières missions en tant que Premier Secrétaire, alors elle deviendra un des leaders incontournables aux yeux des médias et des militants dans la désignation du candidat officiel pour 2012.

Délits d’Opinion : D’ici là, quels sont les chantiers urgents à régler au PS ?

Gilles Leclerc : La question du leadership est vitale. Le faible écart de voix entre les deux candidats n’est en réalité que l’écume d’un parti sans leader naturel depuis la défaite de Lionel Jospin en 2002.

Le second chantier est d’ordre idéologique. Depuis la chute du mur de Berlin, le Parti Socialiste Français, à l’inverse de ses partenaires européens, n’a pas suffisamment travaillé. Dans les faits, la question de la sociale démocratie n’est pas résolue. Ainsi, un courant social-démocrate cohabite avec des forces nettement plus ancrées à gauche et incarnées notamment par Benoit Hamon. Le positionnement de ce dernier peut d’ailleurs s’avérer judicieux dans un contexte de crise économique

Enfin, plus globalement, il faut souligner que la situation actuelle n’est pas étrangère à l’héritage de Lionel Jospin. Ses décisions se sont retournées contre le PS. Il était favorable au quinquennat, qui précipite les candidats à la course présidentielle sitôt la précédente achevée. Il a par ailleurs contribué à la mise en place de ce système électoral interne bien complexe. Et pour le moins porteur de conflits.

Propos recueillis par Matthieu Chaigne.


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