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Le paradoxe de l'aimant : avoir le courage de faire des erreurs

Publié le 28 novembre 2008 par Lilianmahoukou
Il est impératif de suivre les règles, les normes pré-établies qui servent de points de repère. Si tout le monde agit dans ce sens, c'est sûrement la voie idéale. C'est plutôt rassurant et au moins, on ne s'expose aux remarques, aux critiques et aux moqueries. Ici, l'idée serait de jouer le coup le plus certain pour réussir.
Nous sommes conviés à faire des choses communes, à jouer des mélodies connues car cela rassure. En même temps, plus on reste proche de l'aimant, plus il est difficile de se différencier et de se donner la chance d'être exceptionnel. 
On en vient donc à un paradoxe où rester proche de l'aimant est une position sécuritaire. S'éloigner de l'aimant est considérée comme une faute, comme une erreur, comme une folie, mais peut se révéler être un atout.
Pourquoi est-il important de faire des erreurs ? Quelles méthodes permettent d'en faire (de manière efficace) ?
Le rôle du leader vis-à-vis de l'erreur
Il est bien connu que l'état d'erreur d'une idée ou d'une attitude est noté lorsqu'on sort du schéma de perception de son interlocuteur ou d'un groupe de personnes. L'expérience, les connaissances et l'éducation viennent conditionner notre manière d'aborder les divers sujets et problèmes qui se présentent à nous. Seulement, dans le monde de l'entreprise, avec une organisation classique top/down, la perception du top management prévaut et sert de référence. 
Le paradoxe de l'aimant : avoir le courage de faire des erreurs
En acceptant et en intégrant les différentes visions (qui peuvent paraître erronées au premier abord), les dirigeants d'entreprise bénéficient d'une richesse issue de la diversité. On en vient donc à un élargissement potentiel des alternatives et à une plus grande marge de manoeuvre.
"L'innovation n'est pas une perfection instantanée"
Le paradoxe de l'aimant : avoir le courage de faire des erreurs
C'est une phrase qu'a employée Marissa Mayer, Vice-Présidente des produits de recherche chez Google, lors d'une conférence à l'université de Stanford. La découverte de nouvelles niches passe par une série d'itérations, d'asymétries avec la demande pour arriver à une situation plus équilibrée (du bêta à la version officielle). La célèbre firme américaine aurait pu se contenter de la fonction "Web Search" mais pour croître et découvrir des terrains vierges, il a fallu avoir le courage de faire des erreurs. Pas d'historique sur les nouveaux marchés abordés, il faut donc continuer à s'éloigner de l'aimant.
Carol Dweck : une perception orientée "croissance"
Le paradoxe de l'aimant : avoir le courage de faire des erreurs
Psychologue à l'université de Stanford et auteur, Carol Dweck a réalisé des recherches sur les différences de réussite selon la perception des individus. Elle est arrivée à la conclusion que certaines personnes pensent que leur talent est inné, et qu'il n'est guère intéressant de faire plus d'effort (risque de perte d'autorité, de réputation ...). Pour d'autres, l'effort est très important et l'échec n'affecte pas leur psychologie car ils ont une perception orientée "croissance" et non figée. Pour Carol Dweck, la nouvelle psychologie de la réussite tourne autour des principes énoncés ci-dessus.
Le jeune PDG de Facebook choisit d'introduire News Feed
Le paradoxe de l'aimant : avoir le courage de faire des erreurs
L'option News Feed était boudée par les membres lors de son introduction car cela faisait beaucoup de changement au niveau de la page d'accueil et du partage des informations personnelles. Par la suite, les utilisateurs Facebook en ont vu les avantages et hissent cette fonctionnalité parmi les plus intéressantes. 
Pour le Facebook-addict, cela représentait sans doute une erreur car le nouveau service imposait un changement d'habitude et n'était pas utile. Sans sa volonté, Mark Zuckerberg serait resté près de l'aimant et se contenterait de respecter les règles connues.
Encore mieux quand la majorité croit en l'erreur
... et quand l'erreur redonne de l'espoir et expose des avantages plausibles. Ce fut le cas de Barack Obama le 5 Novembre dernier où son profil et sa politique audacieuse ont été soutenus (tant humainement que financièrement). 
Le paradoxe de l'aimant : avoir le courage de faire des erreurs
Pourquoi parlerait-on d'erreur ? Car sa pratique de la politique (bottom/up) et ses idées rejettent les pratiques conventionnelles. Il est le premier noir à être président des Etats-Unis. Il a su rassembler les américains et leur redonner la force de croire. Pour lui et ses partisans, il ne s'agit pas d'erreur mais de changement. 
Peut-on parler de glaces et de boulettes de viande en marketing ?
Le paradoxe de l'aimant : avoir le courage de faire des erreurs
En tout cas, c'est ce que vous propose Seth Godin dans son célèbre ouvrage Meatball Sundae : Is Your Marketing Out Of Sync ? Il propose une manière différente d'approcher les réseaux sociaux et les outils disponibles avec 14  tendances-clés. Souvenez-vous de la dernière fois que vous avez lu un livre de marketing. Il s'agissait sûrement de statistiques à outrance, d'une compilation de graphiques et de l'utilisation d'un jargon spécial. Pour Seth, bien au contraire, l'image ci-dessus sert à illustrer sa thèse selon laquelle le business de commodités n'est pas compatible avec le social web. 
Le paradoxe de l'aimant : avoir le courage de faire des erreurs
Il s'agit de storytelling, de créer un déclic émotionnel via le support visuel et d'avoir une vision beaucoup plus "cool" du marketing. Erreur ou vérité ? Ici, ce qui importe c'est que la fraction de personnes intéressées par ce style (qui peut paraître erroné pour la plupart) soit servie à volonté. 
Tourner l'erreur en vérité
Une méthode simple et peu orthodoxe (de se donner le courage) de faire des erreurs, est celle de la provocation. 
Le paradoxe de l'aimant : avoir le courage de faire des erreurs
Edward de Bono a créé le concept de pensée latérale qui consiste à partir d'hypothèses "radicalement" différentes et même absurdes; la plupart des innovations provenant d'erreurs (exemples : viagra, popcorn ...). 
Au début des années 70, la mairie de New York lui avait confié plusieurs problèmes à résoudre dont l'insuffisance des effectifs de police dans les rues. Il a ainsi utilisé sa technique de provocation :
PO, les policiers ont six yeux 
Solution = les citoyens pouvaient prêter leurs yeux et leurs oreilles à la police
Le passage de la provocation, précédée ici par "PO", à une solution est appelée le mouvement. C'est exactement ce que toute personne soutenant une erreur font, en essayant de prouver les avantages, soit la nécessité du changement. 
Conclusion 
Le paradoxe de l'aimant nous enseigne qu'il faut trancher et prendre des positions fermes. Le choix de l'erreur requiert du courage, de l'énergie et de la patience. Elle doit améliorer une situation et être fondée sur l'éthique. Au final, il s'agit plus d'audace, de redéfinition d'espace et d'invitation à joindre un nouveau groupe, que de simples rejets de normes et du statu quo.
Cet article est ma contribution au festival A la Croisée des Blogs - édition de décembre sur le courage. Vous trouverez prochainement l’article récapitulatif sur le blog Booster votre Influence

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