Les événements se déroulant à Bombay m'ont une fois de plus ramené vers un ouvrage magnifique et récent sur cette ville de tous les contrastes : " Shantaram " par Grégory David Roberts aux éditions flammarion.
Bombay est en effet la vedette centrale de ce gros " pavé " de 900 pages. Mais à aucun moment vous n'éprouverez l'envie de poser le gros livre.
Vous ne saurez jamais avec certitude si ce " roman " est une fiction habile, ou la transcription "cryptée" d'une aventure réelle. J'ai cependant tendance à le croire chargé du réel bien habillé...
Lin, le héros, s'évade des prisons Néo-zélandaises en 1980 et rejoint la " ville dorée ". C'est un fugitif sans famille qui recherchera tout au long de sa fuite à donner un sens à sa vie, sa nouvelle vie, dans un environnement propice à tous les excès.

" C'est une longue histoire, peuplée d'une foule de gens. J'étais un révolutionnaire qui avait renoncé à son idéal pour l'héroïne, un philosophe qui avait dissous son intégrité dans le crime, un poète qui avait perdu son âme dans le quartier de haute sécurité d'une prison. Quand je me suis évadé de cette prison en passant par-dessus le mur entre deux miradors équipés de mitrailleuses, je suis devenu l'homme le plus traqué de mon pays. " [...]
J'ai été trafiquant d'armes et de drogues, et faussaires. J'ai été enchaîné sur trois continents, battu, poignardé, affamé. J'ai fait la guerre. Et j'ai survécu alors que des hommes mourraient autour de moi. Des hommes meilleurs que moi, pour la plupart ; des hommes meilleurs dont les vies avaient été par les erreurs accumulées, sacrifiées à cause de la haine, de l'amour ou de l'indifférence de quelqu'un d'autre. Et je les ai enterrés, tous ces hommes, et je les ai pleurés en mêlant leurs histoires et leurs vies à la mienne ".
Souvent le livre est dur, sans aucune concession, il vous entraînera dans un voyage initiatique insoupçonné, mais toujours avec un rappel soudain, au détour, à la tendresse et à l'humain.

Elle est bien là, grouillante, sauvage et sacrée. Vous irez plus au nord, au Pakistan et en Afghanistan avec les guérillas des moudjahidins. C'est une énorme histoire de contrastes, les hôtels cinq étoiles et les bidonvilles, les mafieux et les " fous de Dieu " et toute la petite foule des " seconds rôles " si nombreux qu'ils en deviennent les véritables vedettes. L'Inde dans ce livre, nous raconte aussi les Hommes. Quand vous refermerez Shantaram vous ne serez plus tout à fait comme avant : vous aurez effectué un véritable voyage au centre de la condition humaine. Tout ça écrit dans un style simple, dépourvu de toute prétention, à l'image d'un livre de bord et de vie.

Le livre aborde aussi le dossier de l'emprisonnement, vecteur souvent du pire, la logique du "monde carcéral" est très finement décrite. Il faut lire absolument " Shantaram" pour vous dépayser, voyager, vivre une aventure... Quand on le commence on ne le ferme plus.