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j'en reprendrais bien un peu, oh juste par gourmandise : du laisser aller, des yeux d'enfance gros comme les soucoupes qui envolaient nos rêves, et l'insouciance de ne savoir de quoi serait fait l'ailleurs et puis une pleine louche de bouillon de poule pour y noyer mes vers missel . J'en reprendrais bien une larme du chagrin majuscule quand l'adolescence s'explose contre le mur des passions et qu'elle s'épuise a se faire du bien là où ça fait trop mal. Mais où est passé mon costume de pierrot ? il a dû finir en chiffonnade pour s'essuyer les carreaux . J'en reprendrais bien pourtant de ces cahiers à spirale où je transformais mes douleurs passagères et régulières en poèmes exaltés, qui me laissaient incompris et tellement fier de l'Etre. J"en reprendrais encore des illusions à marée basse, ces serments pour toujours marqués aux initiales sur la plage de l'été et la mèche de cheveux retrouvée au grenier. J'en reprendrais bien allez, des croyances prophétiques, des gourous chevelus, des redresseurs de tort, don-quichotte refoulé qui s'extasiait sur marx faute d'avoir vu la lune. Quand nos journées blanchissent au regard des plus jeunes et qu'ils nous poussent en marge sur l'aire de repos, on se dit un instant en les croisant aussi magnifiquement idiots que l'on était les mêmes la semaine dernière et qu'ils n'imaginent pas de leur candeur superbe qu'à force d'aller trop vite ils nous rattraperont. J'en reprendrais bien mais juste pour un instant d'émotion passagère et vite guérie car à tout bien "choisir" je me préfère aujourd'hui spectateur amusé, paisible en affaires , l'utopie chez poignées d'amour que... enfin, j"en reprendrais bien quand même cinq minutes, juste pour voir comment ça faisait déjà!