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La vengeance du pied fourchu : 32

Publié le 01 décembre 2008 par Porky

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Pendant quelques instants, les deux jeunes gens restèrent immobiles, essayant de retrouver quelques forces après ce combat inattendu. Puis Louis s’approcha de Rosette et s’agenouilla près d’elle. « Avons-nous pu tout récupérer ? » interrogea Sigrid qui s’était assise sur la dernière marche de l’escalier et peinait à reprendre sa respiration. Louis hocha négativement la tête. « Seulement le corps. Comme pour les deux autres, il a gardé son esprit. C’est ce fichu collier qui, à chaque fois, fait obstacle à la réintégration complète. D’ailleurs, où avait-elle bien pu le trouver ? » « Ce n’est qu’un point de détail pour l’instant, dit Sigrid. Ce qui importe, c’est de la mettre à l’abri elle aussi. Il n’en reste désormais plus qu’un et nous n’avons pas le temps de nous occuper de lui puisqu’il nous faut descendre. Le problème… » Elle s’interrompit, comme si poursuivre l’expression de sa pensée était un effort trop grand pour elle. « … C’est que nous avons perdu trop de forces pour invoquer d’autres Protecteurs, termina Louis. Et qu’il ne nous en reste plus beaucoup pour lui faire notre petite visite. Nous jouons vraiment de malchance. » Sigrid se releva lentement et rejoignit le jeune homme près du corps de Rosette. « Nous retrouverons assez vite nos pouvoirs, dit-elle, du moins ceux qui nous sont nécessaires pour intervenir dans son royaume. Mais Rosette va rester sans protection… » Louis ne répondit rien ; il semblait soudain plongé dans de profondes réflexions. Puis il releva la tête, et un sourire détendit ses lèvres crispées. « Il y a une solution, dit-il enfin. Et nous aurions dû l’envisager tout de suite au lieu de nous affoler. Elle n’exigera aucun effort supplémentaire. Puisque les Protecteurs sont déjà là, les contacter devient très facile. Il suffit que nous leur demandions d’ajouter Rosette à celles qu’ils doivent garder. »  « Ils nous ont interdit toute intrusion », objecta Sigrid. « Physique, pas mentale. Laisse-moi faire et repose-toi pendant que je m’occupe de régler ce problème. De nous deux, c’est toi qui as perdu le plus de forces. »

La proposition d’Arnaud ne souleva aucun enthousiasme chez ses compagnons, Missia mise à part. Philippe refusa catégoriquement d’avancer ne fût-ce que d’un seul pas et si le refus de Martin ne s’accompagna pas de paroles désagréables, du moins fut-il aussi ferme que celui de Monsieur le Maire. « Qu’Arnaud saute s’il en a envie, déclara Philippe du ton que l’on prend pour parler à un dérangé mental. Moi, je reste ici. » « Si Arnaud saute sans nous, nous restons bloqués ici, protesta Missia. Je vous l’ai déjà dit, c’est lui la frontière entre la réalité et l’illusion. Nous, nous sommes incapables de la percevoir. Vous tenez donc tellement à croupir ici ? Philippe, tu ne veux pas savoir ce qui est arrivé à Catherine ? » « Je le saurai bien mieux si je ne meurs pas », rétorqua Monsieur le Maire avec une certaine logique. « Têtu comme une bourrique, grommela Missia pour elle-même. Nous perdons un temps fou, l’autre va revenir et cette fois, nous ne pourrons plus rien faire. » « En admettant que notre hypothèse soit fausse, dit Arnaud, qu’est-ce que cela change ? De toutes façons, nous mourrons. » « Parle pour toi, répliqua Philippe, cette fois vraiment en colère. Je n’ai pas du tout l’intention de… » « De quoi ? l’interrompit Missia que l’énervement gagnait de seconde en seconde. Tu t’imagines à toi tout seul pouvoir faire obstacle à Satan lui-même ? » Le nom redouté n’avait encore jamais été prononcé par l’un des quatre prisonniers. Il éclata dans les ténèbres comme un coup de tonnerre. Monsieur le Maire sentit une terreur sans nom l’envahir jusqu’au plus profond de lui-même et se laissa glisser à terre avec un gémissement. « Mais n’as-tu pas dit que nous avions des amis qui nous aideraient ? » demanda Martin d’une voix nettement moins assurée. « Je n’en suis pas sûre, répliqua Missia. Cette voix entendue chez Asphodèle était peut-être encore une de ses ruses. Allons-nous attendre un hypothétique secours alors que, peut-être, nous avons une chance de nous sauver ? » « Peut-être… répéta faiblement Martin. Oh et puis, quelle importance ? reprit-il presque aussitôt. Tu as raison : peu importe, au fond, que nous mourions maintenant ou dans une heure. Puisque nous finirons par y passer… » Seul Philippe était prêt à soulever d’autres objections ; mais sa peur du maître de l’enfer finit par l’emporter sur ses autres terreurs. Ce fut cependant avec une répugnance indicible qu’il consentit à poser sa main dans celle d’Arnaud.

Assise dans un fauteuil, Sigrid avait plongé dans un léger sommeil, assez court, dont elle s’éveilla tout à coup, le cœur battant. Il n’y avait pas un seul bruit dans la maison et l’obscurité l’environnait. Elle discerna une silhouette debout près de la cheminée. « Louis ? » appela-t-elle d’une voix incertaine. « Tout va bien, répondit la voix du jeune homme. Rosette est en sécurité là-haut. » Sigrid poussa un soupir de soulagement et se leva. « Te sens-tu prête à prononcer l’incantation ? » interrogea Louis en s’approchant d’elle. Elle inclina la tête. « Cette fois, nous n’avons plus le droit à l’échec, dit-elle. Il ne nous le pardonnerait pas. » Louis se mit à rire, doucement. « Nous n’échouerons pas, j’en suis certain, affirma-t-il. Donne-moi ta main et préparons-nous à l’affronter. »

(A suivre)


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