Magazine Maladies

La difficulté d'accepter ses aides auditives

Publié le 01 février 2008 par Cs

Les études ont établies que l'amélioration de l'intelligibilité de la parole dans le bruit ne garantissait pas le succès de l'appareillage. En effet, nous avons vu dans les articles précédents (catégorie "Directionnalité Naturelle") le faible bénéfice lié à la directionnalité dans la vie de tous les jours (comparativement aux résultats en laboratoire et publiés par les fabricants) ainsi que l'interférence de cette directionnalité dans l'analyse de la scène auditive par l'utilisateur. Ces 2 facteurs pourraient aider à expliquer cette observation. Cependant nous ne pouvons l'expliquer aussi simplement. Après tout, la directionnalité n'est pas la même dans toutes les aides auditives.

Une autre facette des appareillages réussis est l'acceptation par l'utilisateur des sons amplifiés, les ressentant comme confortables, intéressants, et plaisants. Les utilisateurs d’aides auditives doivent se résigner à entendre les sons sans intérêts dans le but d’entendre ceux qui ont de l’intérêt, comme la parole. On peut affirmer que beaucoup d’utilisateurs ne portent pas leurs aides auditives du fait de l’amplification du bruit ou des bruits que font leurs réfrigérateurs ou même la chasse d’eau des toilettes. Pour obtenir un appareillage réussi, les utilisateurs doivent accepter ces sons. Cette idée a conduit NABELEK et ses collègues à affirmer que l’utilisation des aides auditives devrait être déterminée plus par la volonté de l’utilisateur à entendre et écouter dans un bruit de fond plutôt que sa capacité à comprendre la parole (NABELEK et al, 1991).

Cette notion d’acceptation du bruit de fond est individuelle et elle joue un rôle dans la réussite de l’appareillage. Chaque entendant a conditionné des réponses affectives aux différents sons perçus. Par exemple, beaucoup de gens considèrent le son que fait la roulette du dentiste comme désagréable mais également le rire d’un enfant comme plaisant même ci ces deux sons sont présentés à la même intensité. La musique est un type de stimulus auditif qui a été démontré comme évoquant des réponses émotionnelles très puissantes. BLOOD & ZATORRE (2001) ont trouvé que lorsqu’on écoute de la musique qu’ils avaient eux-mêmes choisis, leur flux sanguin augmentait dans les régions corticales réagissant aux stimuli induisant l’euphorie de la même manière que la bonne cuisine. Cependant, différents patterns du flux sanguin cortical furent observés en réponse à de la musique qui n’était pas plaisante et délibérément dissonante (BLOOD et al, 1999), renforçant l’idée que les sons peuvent être tolérés différents selon les personnes et dépendant de leurs associations émotionnelles.

Afin d’explorer l’idée que les différences de tolérance au bruit de fond peuvent être un déterminant primordial pour accepter et utiliser l’amplification, NABELEK et al (1991) ont développé la procédure du Niveau de Bruit Acceptable (ANL – Acceptable Noise Level) afin de déterminer le niveau de bruit de fond accepté par les individus lorsqu’ils écoute de la parole. Cette procédure est exprimée en dB et traduit la relation entre le niveau de parole entendu le plus confortable possible et le niveau maximum acceptable de bruit de fond. Un ANL bas indique une acceptation d’un haut niveau de bruit de fond et apparaît être une caractéristique individuelle unique sans lien avec l’âge, le sexe ou la sévérité de la perte auditive. Dans une étude plus récente portant sur 191 utilisateurs d’aides auditives, les niveaux ANL sans appareils furent prédictifs d’un appareillage réussi avec 85% d’efficacité, où les scores de S/B et d’autres caractéristiques individuelles n’étaient pas en relation avec l’utilisation des aides auditives (NABELEK et al, 2006). Une découverte moins encourageante était que sur les 191 individus testés, seulement 36% des adaptations étaient destinés à être réussies (ou acceptées). Ces résultats traduisent le fait que les aides auditives seraient utilisées lorsque les utilisateurs en auraient besoin. Les chercheurs ont pointé le fait que les technologies de gestion du bruit présentes dans les aides auditives étaient très importantes pour obtenir des appareils réussis et acceptés.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Cs 64 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines