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70% de propriétaires?

Publié le 31 juillet 2007 par Frednetick

C’est l’objectif de françois Fillon, ou bien de Nicolas Sarkozy, ou bien des deux, on ne sait plus trop.

70% de propriétaires. Magnifique.

Le logement est devenu une cause nationale, comme l’éducation, la luttre contre la délinquance ou les pièces jaunes. C’est cependant un domaine dans lequel les raccourcis sont couramment empruntés. Le problème étant que comme David Vincent, le couple Sarkozy-Fillon ne trouvera peut pas le chemin qu’ils cherchaient.

La France compte 57% de propriétaires, mais seulement 60%1 d’entre eux n’ont pas d’emprunt sur le dos, ce qui change considérablement la donne. Pourquoi? je vais vous le dire.

Lorsque vous faites l’acquisition d’un logement vous devez prendre en considération plusieurs petites choses:

  • Votre niveau de revenu actuel et escompté sur la durée du prêt
  • La durée de détention du bien
  • La position du marché dans son cycle
  • Les taux auxquels vous pouvez emprunter
  • Les volumes de biens offerts
  • Les aides dont vous pouvez bénéficier

Actuellement les taux sont bas mais le marché est à son apogée, les volumes sont restreints par rapport à la demande solvable mais les stocks n’ont jamais été aussi importants.

Une situation qui se traduit relativement bien dans les enquêtes d’opinion actuelles, 48% des sondés jugeant les prix “inaccessibles” et 41% “importants”.

C’est donc tout naturellement que les intentions d’achat sont tombées à 14% en mai contre 18% en octobre, la machine se grippe un chouilla.

Au delà des chiffres dont on connait le caractère fortement hâbleur, le lecteur averti ne pourra faire l’économie d’une question : pourquoi donc vouloir être propriétaire?

C’est une interrogation à laquelle il serait préférable de répondre avant même de proclamer “nous aurons 70% de propriétaires” mais tel ne fût pas l’ordre dans lequel les choses se passerent. D’une comparaison européenne nous avons tiré la conclusion un peu hâtive me semble t-il que nous devons avoir une grosse majorité de propriétaires.

J’entends sur ma droite une raison bien souvent avancée “Parceque ça fait rêver de faire des trous sans avoir à demander la permission”. ben tient!!

“Parceque la propriété c’est la sécurité” me souffle t-on aussi au creux de l’oreille. Ahhhhh que voilà un bel idéalisme transformé par la magie d’un alchimiste politique en croyance populaire. Devant l’incertitude concernant la pérénité des systèmes de retraite par répartition, la pierre serait encore et toujours un refuge inexpugnable.

Voyons cela si vous le voulez bien.

Encore une fois, par le biais d’un tête à queue des plus pratique, la charrue se retrouve devant les boeufs. La sécurité du logement n’est qu’un accessoire de la sécurité de la vie. Laquelle se lit actuellement au prisme de deux grands domaines: l’amour et le travail.

C’est beau comme un poême de D.De Villepin me direz vous avec ce sarcasme qui vous colle à la peau comme les ennuis judiciaires aux basques de Jacques C.

Non, c’est bien plus percutant que les vers les plus perforants de notre Galouzeau chéri.

Courrons ensemble sur le doux chemin des chiffres, celui qui pave nos quotidiens indépendants et les autres aussi: aujourd’hui la durée moyenne de détention d’un bien immobilier est de 7 années et celle d’un mariage de 12 ans.

Considérant que la durée moyenne d’un prêt nécessaire à l’acquistion d’un bien est aujourd’hui comprise entre 15 et 30 ans il ne faut pas avoir fait polyclinique pour comprendre qu’un foyer français moyen possède de grandes chances pour connaître l’un des deux “incidents” (divorce ou vente) durant sa durée de remboursement.

Qu’arrive t-il alors à notre charmant couple de français si soucieux de rentrer dans la norme si médiatiquement promue par notre président?

Il lui faut vendre son bien.

Commence alors une péridode de doute quasi existenciel. Le niveau des prix est-il resté constant? Si vous étiez dans un cycle haussier, c’est tout bénéf, vous vendez une résidence principale, empôchez une plus value qui vous permet de payer les droits de mutation, de rembourser par avance le prêt, de prendre un prêt relais et de retrouver chacun un charmant 50m² avec cuisinette US intégrée et vis à vis offert, la classe mondiale.

Mais si au contraire vous avez la scoumoune collée aux basques comme les secrétaires de la Berryer à celui d’un candidat malheureux, c’est la tuile. La dispendieuse mégère qui fût votre femme, ou le tordu barbouze qui fût votre mari, devra partager avec vous (exemple de la communauté de biens, régime par défaut) un bien dont la valeur de revente peut être parfois 3 fois inférieur à la valeur d’achat (exemple concret d’un bien parisien valant 450.000€ en 91 et 150.000 en 97). Votre emprunt lui est toujours de 450.000€, pas de chance.

Je vous épargne la spirale descendante bien souvent provoquée par ce genre de situation qui peut concerner 50% des propriétaires (en cours de remboursement) et donc 30% des français.

Etre propriétaire c’est la sécurité? Dans un monde de bisounours, immobile et de pelin emploi sûrement. Dans les autres cas, c’est un destin à l’américaine, l’american nightmare 2007, qui se profile… Perso j’attends le bas du cycle.

  1. 35% du total des ménages, donnée INSEE [Retour]

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