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Tous volontaires

Publié le 02 décembre 2008 par Malesherbes
En cette veille d’élections prud’homales, parlons un peu de la liberté des salariés tant prisée par notre Président.
Il y a bientôt quinze ans, l’entreprise qui m’employait alors eut à faire face à une baisse de ses profits. Plutôt que de suivre le slogan si cher à Nicolas Sarkozy, travailler plus pour gagner plus, et d’augmenter ainsi ses recettes, elle entreprit de diminuer ses dépenses et donc de réduire la masse salariale. Elle commença par mettre en place des plans d’incitation au départ volontaire, diminuant ainsi ses bénéfices et, par contrecoup, l’intéressement des salariés et l’impôt sur les sociétés.
Ces mesures s’avérant insuffisantes, elle entreprit de supprimer, à titre définitif, la prime de fin d’année, égale à un mois de salaire, que j’avais perçue sans discontinuité pendant les vingt-cinq années que j’avais déjà passées dans l’entreprise. Dans un premier temps, la démarche envisagée était de proposer aux salariés un avenant à leur contrat de travail. Ceux qui refuseraient seraient alors licenciés. Puis, devant les réactions, elle institua un programme intitulé "offre de participation volontaire au redressement de l’entreprise".
En fait, je n’ai pas tout à fait la même conception du volontariat que cette entreprise. Mon expérience de l’armée m’a appris que, généralement, on demande aux volontaires de sortir du rang. Mais ce ne fut pas la procédure retenue. Chaque salarié reçut une lettre où on l’informait de cette baisse de salaire (7,7%, plus significative que des augmentations exprimées en petits pourcents). En cas de désaccord, il appartenait au salarié de signifier son refus par lettre recommandée avec accusé de réception.
Que croyez-vous qu’il arrivât ? Eh bien, seuls cinq pour cent des salariés refusèrent. Pensez-vous que, soucieux des profits de l’entreprise, l’écrasante majorité qui se tut approuvait cette mesure ? Evidemment non ! Mais chacun pesa les risques. Pour ma part, je considérai que, au moment des augmentations de salaire, ceux ayant refusé la baisse seraient vraisemblablement oubliés. J’avais omis un détail : comme il fallait inciter au départ les salariés de plus de cinquante ans, il était contre-productif de les satisfaire et d’augmenter leur salaire. Quant à ceux qui avaient refusé, ces moutons noirs, ils se trouvèrent exclus des différents mécanismes mis en place par la suite pour récompenser les meilleurs des bons sujets.
Donc, à moins d’être stupide ou Président de la République, ou peut-être les deux, on ne peut prétendre que les salariés sont libres de leur choix. Dans le cas du travail du dimanche, comment fait-on pour ouvrir un magasin si l’on n’a pas assez de volontaires ? D’autre part, en cas de fermeture le dimanche, seuls pourraient échapper à notre économie les achats des touristes étrangers présents uniquement ce jour-là. Quant aux Français, ce qui leur manque pour dépenser, ce ne sont pas des magasins ouverts le dimanche, c’est de l’argent.

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