La France est l'un des pays les plus généreux à l'égard des affamés du tiers-monde et des victimes du sous développement. La preuve - c'est inscrit au budget-, le montant de nos contributions devrait, en 2009, passer de 0,37 à 0,47% du revenu national brut ( ex-PIB). Un bonus de 2 milliards d'euros.
Mais Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la Coopération et chargé du dossier, a vendu la mèche, le 6 novembre, à l'Assemblée au cours d'un échange bizarrement passé inaperçu. Le socialiste Henri Emmanuelli, auteur d'un rapport saignant sur la coopération, établi à partir du projet de budget 2009, assure que le gouvernement ne tiendra pas ses engagements. En réponse, le sous-ministre passe aux aveux: "Le taux de 0,47% ne sera pas atteint. Il sera plutôt de 0,40%, 0,41% ou 0,42%. J'essaie de parler vrai."
Projets à l'eau
Difficile de "parler vrai" lorsqu'on est trahi par les siens. A plusieurs reprises, en effet, des rapports et documents rédigés par des experts du Quai d'Orsay ou par des élus sont venus contredire l'optimisme et les chiffres officiels. La vérité, affirment-ils, c'est que le ministère du Budget réalise des économies sur le dos des pays sous-développés. Dans son bulletin interne daté du 7 novembre, soit le lendemain de l'accrochage avec Emmanuelli à l'Assemblée, Jean-Michel Severino, patron de l'agence française de développement, mentionne " des coupes radicales quant au budget de subventions-projets ( en direction du tiers-monde), lequel passera, en 2009, de 350 millions à environ 150 millions". Et le haut-fonctionnaire de poursuivre: "Je regrette très profondément ces choix..."