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Qu'ai-je donc fait

Publié le 02 décembre 2008 par Iti1801

quaijedoncfait.jpgAinsi donc, voilà le premier ouvrage que je lis de Jean d'ORMESSON. Et j'ai été pour le moins mitigé...

D'abord sur la forme. Si on devait le classer, je dirai que c'est le livre de l'énumération par excellence. Tout y passe : aussi bien les auteurs, que les pays ou encore les œuvres littéraires et bien entendu les citations... (pour celles et ceux qui s'inquiétaient de la prochaine disparition du point-virgule, voilà un farouche défenseur !)

S'il n'y avait que ça ! mais j'ai été aussi déçu par cette juxtaposition de chapitres courts et une écriture, pour le moins aérée, dirons-nous. On a l'impression de lire un des nombreux premiers romans que la France sait si bien produire chaque année... Si j'avais voulu être méchant, j'aurais dit que ça sent e bouquin commandé qu'on a expédié sans trop de souci(s) du lendemain. Sans compter l'aspect décousu de la chose, i.e qu'on n'a pas affaire à une autobiographie ni à des mémoires à proprement parler : dans la première partie, il s'intéresse surtout à la littérature, et à son rapport avec elle ; dans la seconde, il traite de sa vie, et dans la dernière il ouvre une perspective plus grande, en abordant la place de l'homme dans l'univers et de Dieu.

Et puis, après tout, ne manquera-ton pas de me demander : qu'a-t-il encore à prouver l'académicien?

Et c'est là qu'on en vient au fond. À la question : qu'ai-je donc fait ? Le commun des mortels peut-il répondre autre chose que : rien ? Non, bien sûr que non. Si on n'a pas sauvé le monde, ou contribué à quelque avancée scientifique majeure, forcément, on n'a pas fait grand chose – ou si peu. D'ailleurs, il ne manque pas de rappeler que CESAR pleurait à 33 ans, de n'avoir encore rien fait, alors qu'ALEXANDRE III (dit le Grand), au même âge, avait conquis la grande partie du monde connu...

Surtout, il ne cesse d'invoquer ses maîtres, ceux à qui il n'a jamais arrêter de penser et forcément de se comparer par voie de conséquence : « Je me réclame de deux maîtres illustres : Montaigne et Chateaubriand ». Excusez du peu. Bien évidememment, à l'aune de tels monuments, on est peu de choses, et on ne peut qu'être que celui qui vient après... Ce qui explique pourquoi il chérissait le doux espoir de devenir – encore une fois, excusez du peu... - le dernier « grandécrivain », et surtout pas (horresco referens) un vulgaire homme de lettres. Ce qu'il est malheureusement devenu, c'est à craindre car, demandez autour de vous : on a tous au moins entendu parler de lui ; demandez également de citer sinon trois, au moins une de ses oeuvres et vous collerez à coup sûr pas mal de monde...

Même si j'ai eu bien souvent l'impression d'être proche de lui (cyclothymie et paresse quand vous nous tenez), je n'ai véritablement pas accroché malgré quelques mots d'esprit ici et là ( « Dieu recule. La science triomphe. La gloire de Dieu est passée dans les puces » ou encore : « La mort sil (Dieu) n'existe pas, perd beaucoup de son charme. S'il existe, quelles délices ! » (il rappelle qu'il a grandi dans une famille fortement imprégnée de catholicisme du côté maternel du moins ; encore un point commun...)) ou des phrases toutes proustiennes dès le commencement :

 Pour toutes ces créatures au bord de l'abîme dont une des occupations favorites est de s'interroger sur l'hypothèse douteuse d'une vie après la mort où règnerait enfin la justice, il semblerait bien, au moins, qu'il y ait quelque chose qui ressemble, dans la diversité et dans une extrême cruauté, à une vie avant la mort .

Un livre à offrir pour ces fêtes de fin d'années sûrement, si on apprécie le personnage « médiatique » et qu'on veut le retrouver, mais je pense qu'il vaut lire un ou deux autres livres si on veut se faire une idée de l'écrivain ou du « grandécrivain »,


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