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Le temps des crises

Publié le 03 décembre 2008 par Cyrilboyer
photo licence creative commons by-sa, par Lhoon
Si vous ne le saviez pas encore, c’est la crise. Rien que d’entendre ça tous les jours, il y a de quoi se sentir au bord du gouffre, avoir envie de s’immoler avec ses actions Fortis ou de prendre une colocation avec Christine Boutin.
Pourtant, il est possible de se préparer à l’éventualité de la subir de plein fouet. A ce jour, je vois même deux façons, en plus de celle consistant à allumer sa télé à 20h : soit regarder tous les films des frères Dardenne, Mike Leigh et Ken Loach pour bien s’imprégner de l’ambiance dépressive et se dire que finalement, on n'est pas si mal, soit aller visiter des coins voisins de Wallonie ou de Lorraine, là où la pauvreté n'a pas attendu la crise des subprimes pour se transformer en une misère multiforme, économique, humaine et sociale.
A ce propos, je me demande ce qu’attendent les communes de Seraing, Florange ou Charleroi pour profiter de la situation, puisque c’est d’elles dont il est question. Les conditions sont réunies dans l’opinion publique pour qu’un Dardenne Land soit un succès et donne, pour une fois, aux principaux concernés l’occasion de surfer sur la vague du misérabilisme et du pessimisme comme le font déjà si bien les médias.
Dans un bon Dardenne Land, je verrais bien :
  • Les Boutiques du Baraki : Pour les non belgophones, le baraki n’est pas un partisan d’Obama, c’est quelqu’un qui, à la base, vit dans une baraque. Le rom du nord, en quelque sorte. Par extension, c’est un pauvre gars qui non seulement n’a pas eu beaucoup de chance dans la vie depuis que sa mère a accouché de lui à17 ans mais qui, en plus, ne fait rien pour arranger les choses, à part boire de la bière, repasser son bas de jogging et soigner sa coupe mullet. On y vendrait des bottes en caoutchouc façon Rosetta, des râpes à fromage et des poires à lavement pour pratiquer des avortements façon Vera Drake ou 4 mois, 3 semaines, 2 jours et de la déco sortie de chez la Mère à Titi. A la limite, des bébés à 3 000 euros, comme dans l’Enfant. Tout y serait disponible avec un crédit à 18%, chez Crefibel ou Cofidis.

  • Le Village Bidonville : Un hébergement dans des cabanes le long du talus du chemin de fer ou au bord du canal.

  • Des activités variées, pleines d’adrénaline, pour toute la famille : tour organisé de la décharge municipale, course poursuite avec la police, rendez-vous avec l’assistante sociale et le prêteur sur gage, cache-cache dans une casse automobile avec des rottweilers en liberté, manège dans un décor de terrain vague sur des mobylettes trafiquées, et, clou du spectacle, la maison de l’alcoolique avec les murs et le plancher qui bougent tout seuls.

  • Sans oublier, de bons restos avec des pizzas à 1 € les 12 achetées chez Colruyt, du filet de pangasius élevé dans des égouts de pays low cost et des desserts lactés aromatisés à la mélamine importés de Chine.

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