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"True Blood" : bilan saison 1

Publié le 03 décembre 2008 par Buzzline

Le dernier épisode de la nouvelle série d'HBO (et surtout d'Alan Ball, créateur de Six Feet Under), True Blood vient d'être diffusé aux Etats Unis, et l'heure est donc au bilan. A première vue, on pourrait penser que celui-ci est intégralement positif puisque la série est d'ores et déjà renouvelée pour une seconde saison et que les audiences n'ont cessé d'être à la hausse chaque semaines: on compte une augmentation de presque 100% par rapport au pilote (1,44 millions pour le pilote et 2,70 millions pour le 11eme).

La série entraîne de plus l'excellente Entourage dans son sillage et prouve donc qu'elle est une nouvelle valeur sure pour la célèbre chaîne New Yorkaise. Mais voilà, malgré ces chiffres encourageants, True Blood est une série qui déroute, intrigue et malmène ses telespectateurs pour ensuite regagner leur confiances, la perdre à nouveau et ainsi de suite. Si tout n'est pas à jeter dans la série, tout n'est pas à prendre non plus. Bilan...

Review par Enael...

Tout d'abord l'histoire: adapté d'une série de livre à succés (Southern Vampir), True Blood révèle dans son pitch un potentiel incroyable. Des chercheurs japonais ayant mis au point un substitut synthétique au sang humain pour nourrir les vampires, ceux-ci peuvent désormais vivre au grand jour (facon de parler, puisqu'au sens propre il se ferait plutôt carboniser) parmi les humains. Sookie Stackhouse, incarnée par Anna Paquin la Malicia de la trilogie X-Men, est une jeune serveuse dotée d'un don pour lire dans les pensées des gens, d'où un caractère timide et troublée, naïf mais solide. Elle tombera amoureuse d'un vampire, Bill, seul être plus ou moins vivant dont elle ne peut lire l'esprit.

Du côté des personnage, on évoquera son frère Jason, bogoss écervelé qui multiplie les conquêtes d'un soir, Tara, la meilleure amie de Sookie, asociale, colérique et s'occupant d'une mère alcoolique, la Grand-Mère Stackhouse, vieille femme entièrement dévouée à ses petits enfants et très ouverte d'esprit en ce qui concerne les vampires, mais aussi Sam Merlotte, le propriétaire du bat dans lequel travaille Sookie, et enfin LaFayette, colosse afro-américain homosexuel qui n'hésite pas à se prostituer en échange d'un peu de "V", a.k.a "le sang pur" des vampires. Ce succède derrière ces figure prédominanteq une ribambelle de personnages secondaires, atypiques ou stéréotypés selon les individus, qui donnent du poids et de la consistance à l'ambiance générale de la série.
Toute cette petite communauté vit dans le village de Bon Temps, en Louisiane profonde, de manière paisible jusqu'à ce qu'une série de meurtres sauvages fasse voler en éclat la tranquillité du bourg et entraînent Sookie et Bill vers une aventure sanglante...
L'histoire à donc un potentiel certain puisque la série se démarque largement de ces précédentes consoeurs en axant non pas le thème principal sur la lutte du bien contre le mal comme le faisait en son temps, et avec brio, Buffy et son groupe de chasseur de vampires, mais sur l'intégration, l'acceptation et donc le racisme et l'homophobie. A ce niveau, les thème traités résonnent donc d'une actualité très lourde et le show trouve ne serait-ce que par cela sa véritable légitimité.
Pourtant, la série pêche de par son originalité et sa situation particulière. En choisissant de faire dérouler l'action de sa série en Lousiane, Alan Ball a pris le parti pris de dessiner à l'écran un monde où l'intelligence est une denrée rare et où les prejugés sont tenaces, ce qui sert bien évidemment son propos. Pourtant, cela demande un effort au spectateur pour s'identifier aux personnages dépeints à l'écran, car pour les accepter en tant que tel, il faut admettre qu'on est en Louisiane, et que dans cet état les mentalités evoluent lentement, que les gens n'y ont pas inventé ni la poudre ni l'eau chaude, et que non, si Sookie s'habille comme une pouffe, c'est juste parce qu'il fait très chaud.  
Par ailleurs, les intrigues secondaires sont multiples et on se prend au fil des épisodes à découvrir de nouveaux personnages et à assister à la création d'une tapisserie mythologique vampirique riche et intéressante, mais la réalisation vient sans cesse bousculer le téléspectateur en le confrontant tantôt à des scènes d'une réussite époustouflante, puis, l'instant d'après, à des séquences dont la niaiserie pourrait vous flanquer une nausée pour trois jours (les scène de "trip" entre Jason et aAmy sous l'effet du "V", sang de vampire utilisé par les humains comme une drogue).
De plus, si Alan Ball évite bon nombre de clichés propres aux vampire depuis que Buffy et son excellente mythologie sont passés par là, comme par exemple les lentilles de contact jaunes où les lumières bleues fantomatiques, il n'hésite pas cependant à sombrer ridiculement dans le piège de la communauté vampire gothique à tendance partouzeuse et sadomasochiste. En effet, un bar à vampire est installé à Bon Temps et dès lors que Sookie y pénètre, et le spectateur avec elle, nous y découvrant une vaste scène de beuverie en cuir et latex, où les vampires sont tous habillés à la mode gothique et se prélassent (et pas que) en regardant des esclaves humains se trémousser devant eux sous l'emprise de l'hypnose. On attendait plus d'originalité de ce côté là et surtout plus de subtilité.


En effet, en lisant le pitch avec les vampire, la Louisiane et Alan Ball, j'imaginais déjà des atmoshpère épurée et bluesy, qui illustrerait la moiteur de la Louisiane sans tomber dans le grotesque des énormes gouttes de sueurs, avec une bande son assortie au générique de la série, ironique, sale, blues mais envoûtante.
En fait, si la série me laisse perplexe et dubitatif, c'est surtout car on ne sait jamais, tout au long des épisodes, si certains clichés sont à prendre au second degré, on ne sait pas si l'on apprécie la naïveté de Sookie ou si au contraire elle nous insupporte, si les intrigues sont bien ficellées et inattendues ou si elles sont capillotractées et grotesques. Ce qu'il manque en fait à la série dans cette première saison c'est une véritable unité, un élément liant qui réussirait à marier ensemble tous les excellent éléments que l'histoire possède. Chaque épisode révèle en effet un nouveau plan de ce que Alan Ball veut tisser, mais ils ne sont pas toujours utilisés à bon escient, bien que la fin du dernier épisode poseclairemet les bases pour une saison 2 très certaineùent surprenante et je l'espère réussie.
Au final, True Blood est une série intéressante, pleine de potentiel, à la réalisation extrêmement soignée mais pas forcément judicieuse. Les personnage peuvent être intéressants tout comme agacants, l'intrigue principale est intéressante, mais bon nombre de stoylines secondaires tombent dans le grotesque. Les ambiguïtés demeurent, on est souvent surpris à regarder la série comme si on marchait sur une corde raide : on peut tomber et décrocher à tout moment mais on fait de son mieux pour aller jusqu'au bout pour voir où cela nous entraînera... loin je l'espère.

Les dernières minutes de la saison 1 posent d'ores et déjà les bases d'une saison 2 plus solide et plus matûre. Car il faut bien reconnaître que le plus gros défaut de la série est le nom de son créateur : Alan Ball, l'homme à qui l'on doit cette merveille qu'était la série Six Feet Under. En fait, malgré des défaut évidents, tout comme autant de qualités, True Blood vit mal la comparaison avec son ainée Six Feet Under, véritable chef d'oeuvre du petit écran et masterpiece du panthéon made in HBO.
Je profite par ailleurs de cette review pour une petite analyse de la situation chez HBO. En regardant True Blood, on cherche inconsciemment à retrouver ce qui faisait la patte d'Alan Ball dans Six Feet Under. Pourtant les deux séries n'ont rien à voir l'une avec l'autre, et ce, ne serait ce que d'un point de vue scénarisitque. Malgré tout, on constate une certaine amertume en se rendant compte que la grande HBO ne parvient plus à produire les bombes télévisuelles dont elle avait le secret. On se souvient tous de l'excellente Sex & the City, ou bien de la noirceur d'Oz, série carcérale à côté de laquelle Prison Break ressemble à un épisode édulcoré de Oui Oui et les Gendarmes.

On pourrait aussi citer Deadwood, Rome, The Wire et bien sur Entourage, Les Soprano et Six Feet Under, des séries qui ont su chacune à leur manière abolir les frontières entre télé et cinéma, aborder de grands thèmes de la société américaine et surtout faire tomber de grand tabous, si bien qu'aujourd'hui, HBO ne parvient plus à sortir la tête de l'eau. Si Entourage continue à garder l'esprit d'HBO, on est loin toutefois des audiences de ses précédents shows qui oscillaient de manière systématiques entre les 4 et 5 millions de spectateurs, un record pour une chaîne câblée.
Bien sur, une telle audace de la part d'une chaîne câblée allait donner des idées à ses concurrentes, et Showtime (Dexter, Weeds, The L Word, Californication, The Tudors et bientôt United States of Tara) a commencé à faire de l'ombre à sa grande soeur, bientôt suivie par AMC (Breaking Dad et Mad Men). Est ce pour autant la fin de l'époque HBO? En regardant les productions avortée au terme d'à peine une saison ces dernières années (John From Cincinatti, Tell Me You Love Me), on pourrait penser que oui, et pourtant... True Blood, si la série améliore ses defauts a tout pour être une veritable bombe, et les projets annoncés par la chaîne font vraiment envie... même si la concurrence sera rude, et tant mieux. La compétition qualitative n'a jamais été une mauvaise chose pour nous pauvres téléspectateurs...


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