Karine Fortin
La Presse Canadienne Ottawa
Les conservateurs ont fait parvenir mercredi à leurs partisans amateurs d’armes à feu une missive dans laquelle ils les exhortent à s’opposer farouchement à la coalition des partis d’opposition qui menace de prendre le pouvoir dès la semaine prochaine.
La lettre, disponible dans le site Internet du député de la Saskatchewan, Garry Breitkreuz, qualifie un éventuel gouvernement formé du Parti libéral et du Nouveau Parti démocratique (NPD) de «pire nouvelle possible» pour ceux qui souhaitent l’abolition du registre des armes à feu.Selon M. Breitkreuz, le futur des détenteurs d’armes sera «tout sauf brillant» si l’alliance officialisée lundi après-midi réussit à détrôner l’équipe de Stephen Harper au pouvoir. Il rappelle en effet que le registre a été mis sur pied par un gouvernement libéral, avec l’appui du NPD et du Bloc québécois.
«Les propriétaires d’armes à feu doivent agir maintenant, ou en subir les conséquences. Les détenteurs d’armes de poing ou d’armes semi-automatiques seront considérés comme des criminels du jour au lendemain si les partis d’opposition obtiennent ce qu’ils veulent», fait-il valoir.
Le député invite les électeurs mécontents à écrire aux leaders de la coalition ainsi qu’à la gouverneure générale Michaëlle Jean dans des termes «sans équivoque» afin de leur dire que l’alliance n’est pas acceptable à leurs yeux.
Les initiatives de ce genre pourraient se multiplier au cours des prochains jours. Cette missive fait en effet partie de l’offensive tous azimuts des conservateurs pour éviter de perdre le pouvoir. Mardi, leur chef Stephen Harper a indiqué qu’il lutterait par «tous les moyens légaux».
Appelé à commenter l’idée de son collègue Garry Breitkreuz, le ministre de l’Immigration Jason Kenney a confirmé mercredi que rien ni personne n’était hors limite et qu’il n’y avait pas «de liste noire de gens qu’on ne peut pas contacter».
Son parti a par ailleurs commencé à diffuser des publicités, en anglais seulement, pour dénoncer l’union des libéraux avec les «socialistes» du NPD et les «séparatistes» du Bloc québécois.
Les conservateurs invitent en outre leurs sympathisants à se plaindre et à inonder les tribunes téléphoniques pour faire valoir leur point de vue.
Ils promettent aussi d’organiser des manifestations partout au pays et laissent entendre qu’ils pourraient suspendre les travaux du Parlement dès cette semaine et jusqu’en janvier, pour gagner du temps.
Le premier ministre aurait toutefois besoin pour cela de l’accord de la gouverneure générale. Cette dernière a décidé d’abréger sa tournée en Europe. Elle doit rentrer au pays au cours des prochaines heures afin de gérer la crise qui secoue la capitale fédérale et provoque de vives réactions d’un océan à l’autre.
Les conservateurs ne sont d’ailleurs pas les seuls à s’activer pour faire valoir leur point de vue. Le Parti libéral, les centrales syndicales et des organisations non gouvernementales ont aussi prévu de grands rassemblements en appui à la coalition, jeudi, dans les grandes villes du Canada. À Montréal, la manifestation aura lieu samedi.