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Si vous regardez bien les rues parisiennes, vous verrez de temps en temps passer un jeune homme sur un drôle de vélo, vélo qui paraît à la fois vieux mais aussi très moderne, esthétique et avec des cale-pieds et qui pédale doucement, très doucement : c’est un vélo à pignon fixe…. (aussi appelé “fixie”)
Un vélo qui s’affiche
On notera que les propriétaires de pignon fixe apportent une grande attention à leur machine, et c’est tout à leur honneur : cadres repeints, guidoline impeccable ou « old style » (avec les petits trous dedans comme à l’époque de Merckx), pneus de marque, mécanique dernier cri, chaine nickel, son autant d’éléments qui créent cette petite communauté . Y a-t-il surenchère dans le développement mis sur leurs machines, il faudra qu’ils nous le disent !
Les vélos à pignon fixe que l’on croise à Paris sont tous superbes, notamment parce qu’ils mettent en valeur la pureté des lignes d’un vélo de course, la simplicité magique de la mécanique d’un vélo, dénuée de tous ses accessoires encombrants (câbles dd freins et patins, dérailleurs…).
Des usagers bobos
Oui, les usagers de vélos à pignon fixe sont bobos pour au moins les raisons suivantes :
- ils habitent Paris, eh oui, c’est un facteur auquel on ne peut échapper;
- ils font du vélo à Paris : même si cela s’est démocratisé avec l’apparition du Vélib, faire du vélo à Paris demeure très tendance, on ne pollue pas on prend des risques pour être fidèle à ses convictions;
- ils se différencient de la masse : l’usage du pignon fixe est clairement une volonté de se distinguer (de la masse des cyclistes mais aussi des parisiens en général) tout en restant visible des autres : c’est un élément tout à fait caractéristique des bourgeois-bohèmes que nous avions déjà constaté avec les ordinateurs Macintosh;
- souvent aussi, l’usager du “fixie” a un “dress code” (rarement le costard);
- et enfin, ils ne mettent pas de casques : ceci non pas par défi mais parce que la gamme des casques proposés aujourd’hui par les quelques industriels est très loin d’être suffisamment et originale. En gros, les casques sont encore aujourd’hui trop moches, trop sports et pas assez « urban ». alors s’il y a un entrepreneur parmi les lecteurs, je peux lui assurer qu’il y a ici un véritable marché !
Attention au pignon fixe !
Ce type de mécanique est tout à fait particulier, on ne s’improvise pas cycliste sur pignon fixe en une journée ! Le freinage est totalement différent puisqu’il se fait par les pédales, sur lesquels les pieds sont attachés avec des cale-pieds eux aussi « old style » c’est à dire avec une lanière. Bref, il faut de bonnes cuisses au risque de finir dans le décor. Alors quand vous lâchez un cycliste ainsi outillé dans la circulation parisienne, vous pouvez imaginer le tableau. Tout ça pour dire que les membres de la communauté des bobos à pignon fixe sont en fait d’excellents cyclistes et que vouloir les imiter du jour au lendemain est très dangereux ; mieux vaut d’abord s’entraîner, et avec un casque !
Nostalgie…
Les cyclistes professionnels ont pendant très longtemps (pratique abandonnée dans les années 1990) utilisé le pignon fixe pour s’entraîner l’hiver. Avantages : on améliore sa vélocité en tournant les jambes, énormément puisqu’il n’y a pas de roue libre, parfois très vite en descente (travail de la fréquence de pédalage), parfois très lentement (travail de force des cuisses, dans les côtes). L’un des derniers cyclistes français à avoir confessé s’entraîner ainsi était Armand de las Cuevas, pépite des années 1990 mais qui n’a, malheureusement, jamais fait la carrière qu’il aurait pu faire.
Aujourd’hui, on ne trouve le pignon fixe que sur les vélodromes et… dans les rues parisiennes.
François