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La mort d’un dandy

Publié le 04 décembre 2008 par Frontere

La mort d’un dandyCe poème de Bernard Delvaille (1931-2006) intitulé sobrement « Sonnet », même s’il n’en respecte pas vraiment les formes (absence d’alexandrins, de rimes, de ponctuation), mais la littérature est bonne fille : elle admet la licence poétique.

J’ai découvert Delvaille lors de la publication d’une anthologie des “Poètes symbolistes” aux éditions de « La Table ronde » en 2003 (1). 

Il s’avère que j’aime les poètes symbolistes, et particulièrement les poètes belges : Maurice Maeterlinck, Georges Rodenbach ou Émile Verhaeren.

Bernard Delvaille a aussi écrit un essai qui fait référence sur Valery Larbaud ; j’ai bien l’intention de me le procurer. En attendant, direction lac Léman :

(Lausanne. - hôtel Beau Rivage)

« Avec ta cravate achetée dans Burlington Arcade
Tu as l’air de quoi le long des delphiniums du parc
Au bord du lac dans l’odeur des tilleuls
Après la pluie de huit heures du soir

Avec ton étui à cigarettes en or et tes Benson and Hedges
À quoi ressembles-tu devant ton whiskey irlandais
Dans ce bar aux fumées blondes comme le pianiste
À minuit dans le bruit des glaçons dans les verres

Avec ta chemise entrouverte brodée à tes initiales
Qu’attends-tu dans cette chambre d’hôtel bleue
Qui ouvre sur les paulownias
[2] d’avant l’aube

Avec ton poignet aux veines vives et ta seringue
Tu n’inspires pas confiance tu ne seras pas un beau mort
Tu vas donner du souci à la direction de l’hôtel
»

Notes

(1) première publication, à l’initiative de Bernard Delvaille, chez Seghers en 1971, collection Poètes d’aujourd’hui

(2) arbre ornemental originaire de l’Éxtrême-Orient à fleurs mauves odorantes, à grandes feuilles


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