Magazine Humeur

2022

Publié le 05 décembre 2008 par Jlhuss

par Arion

[rediffusion]

NDLR : Dernièrement France 3 diffusait un film d’économie fiction “2017″, décrivant une France en faillite au terme d’un longue crise. La mode est effectivement au catastrophisme actuellement, après des périodes euphoriques d’inconscience collective au cours desquelles ceux qui décrivaient les risques étaient considérés comme des “empêcheurs de tourner en rond”. Le catatastrophisme actuel me semble aussi stupide que l’optimisme béat d’hier. Alors pour nous détendre, relisons cette note d’Arion publiée dans la série “Grille du Coq” le 02 décembre 2007 ! Ainsi je vais me reposer ,’nayant pas envie de commenter l’actualité et par exemple le “plan de relance de Douai” Attendons en effet de lire tout et n’importe quoi avant d’y mettre son grain de sel.  :)

Nous avons seulement ajouté cette “intro” et modifié l’horodatage ce qui permet de conserver les commentaires de l’époque

:)
Pour 2022, nous sommes encore en avance !

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Depuis un an ce n’était plus une hypothèse invraisemblable, l’évoquer ne provoquait plus les hauts cris. On s’appuyait pour l’étayer sur plusieurs considérations qui commençaient de troubler les républicains les plus endurcis.

On faisait par exemple observer que l’absence d’opposition rendait quasiment obsolète le rendez-vous des urnes. La gauche avait pour ainsi dire disparu du paysage politique français. Aux législatives de 2012, le PPP (Parti des Petits Pas), ex-PS, était tombé à 3,72 % des suffrages, sans qu’on pût même nommer son Premier secrétaire. Depuis 2009 Hollande, sollicité par la reine Béatrix, dopait au plat pays l’exportation de la tulipe noire. Delanoë, qui avait perdu son Paris, tenait un club à Ibiza. Mme Royal, débordée sur sa droite, avait jeté l’éponge des débats participatifs pour se reconvertir dans les réunions tuperware. La FNAC avait racheté l’immeuble de la place du Colonel-Fabien. Le PTT (Parti des Travailleurs Tenaces), qui avait inquiété pendant cinq ans l’Europe capitaliste, retournait au néant depuis que Besancenot, surpris par le mysticisme, avait rejoint Léotard à la trappe. Même Bayrou, fort d’une victoire au Grand Prix d’Amérique, s’était reconverti à part entière dans l’élevage des pur-sang. Marine gérait une école de voile à Paimpol, laissant les derniers Frontistes radoter menu dans la soute du « paquebot ». En somme, rien ne s’opposait à l’avènement de la pérennité.

Il fallait aussi mettre à l’actif du Président plusieurs succès considérables. On citait par exemple la réduction de la dette publique après le mariage de sa seconde belle-fille avec un cheik de la péninsule arabique ; le rattachement de la Wallonie à la France après la sécession de la Flandre ; la fin de la délinquance urbaine par l’ouverture d’ateliers nationaux ; l’éradication des grèves par l’automatisation des transports ; le contentement des classes modestes sans le creusement des déficits, avec le plafonnement des prestations et le rétablissement de la « dîme » (NDLR : intéressement du dixième aux profits de l’entreprise). Pour calmer la rogne des nantis, on fit jouer, façon Grand Siècle, le ressort de la vanité : un Lagardère, un Bolloré étaient prêts à combler tous les trous qu’on voulait pourvu qu’ils eussent le privilège d’organiser les fêtes où se pressaient les têtes couronnées et les présidents progressistes. L’idée de reconstituer une cour à Versailles trouvait toujours plus d’oreilles attentives. Bref, quand au 20-heures du vieux Poivre lifté, Nicolas Sarkozy, portant beau ses soixante-sept ans, vint annoncer qu’au lieu d’une énième présidentielle il proposerait en mai 2022 d’instaurer le Principat par référendum, l’opinion n’eut pas l’air de broncher, en dehors de quelques grincheux qui défilèrent de République à Nation en brandissant des Mariannes. Le retour de Cécilia, trois ans plus tôt, apportait à la perspective monarchique sa caution matrimoniale ; et la fringante jeunesse de Louis, héritier charismatique, occupait les magazines people des cinq continents. Comment reconnaître en cet athlète diplômé de Harvard le garçonnet penché un jour de mai 2007 sur la grand-croix de papa ! On supputait déjà ses bonnes fortunes, les échotiers bruissaient de son flirt avec l’infante Leonor de Bourbon …

Voilà. Et je me réveille toujours au fracas des cloches, à Reims, en plein sacre. Rassurez-vous : les devineresses ne voient rien de tel dans leur boule. Les médecins pensent plutôt que c’est ma boule qui ne tourne pas rond. Il s’agirait d’un cas aigu de nagyboscite subliminale. Le dernier praticien consulté, à bout de neuroleptiques, m’a prescrit la lecture des œuvres complètes de Marx à raison de quarante pages avant l’endormissement. Je ne sais pas si je tiendrai.

éé

éé


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