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Plan de relance

Publié le 05 décembre 2008 par Bernard Girard
Nicolas Sarkozy a donc annoncé son plan de relance dont on dira qu'il est reçu avec un certain scepticisme teinté de bienveillance. Scepticisme parce que chacun sent bien que ce n'est pas la solution à la crise et qu'il vient après plusieurs autres qui ont fait long feu. Bienveillance parce qu'il évite une relance par la consommation dont chacun sait les limites : on se souvient trop bien en France de la manière dont le plan de relance du début des années 80 avait surtout servi à gonfler les importations sans résoudre nos problèmes de l'époque.
La relance par l'investissement sur lequel ce plan met l'accent a-t-elle plus de chances de réussir? Ce n'est pas certain. Les entreprises n 'ont aujourd'hui aucune envie d'investir et ce ne sont pas les quelques mesures annoncées qui pourraient les convaincre que l'avenir sera plus rose. Quel petit patron qui s'inquiète pour son chiffre d'affaires des mois à venir recrutera de nouveaux collaborateurs pour bénéficier de la réduction des cotisations sociales annoncée pour les entreprises de moins de dix salariés?
Ce plan, comme ceux de nos voisins, souffre de ne pas avoir pris la mesure d'une crise qui touche au fondement même de la croissance de nos économies basée, depuis une cinquantaine d'années, sur une consommation de masse financée jusqu'à la fin des années 70 par les augmentations régulières de salaires (complétées par un crédit corrigé de l'inflation), puis, depuis les révolutions Thatcher et Reagan et l'explosion des inégalités, par une explosion du crédit à la consommation (on disait aux salariés dont les revenus ne progressaient plus : ce n'est pas grave, les taux d'intérêt sont bas et le crédit abondant grâce à toutes nos innovations financières).
On ne sortira de cette crise que par une réinvention du modèle de croissance. Un peu comme on est sorti de la crise de 1929, d'abord par la guerre (ce que les post-keynésiens appellent le keynésianisme de guerre ) puis par l'invention de la société de consommation et de ses outils (crédit de masse, publicité, obsolescence des produits…). On ne sent évidemment rien de pareil dans ce plan. Pas plus, d'ailleurs, dans les critiques de la gauche qui devrait profiter des mois qui lui restent avant les prochaines échéances électorales pour travailler sur ce que pourrait être ce nouveau modèle de croissance (abandon des logiques du tout propriétaire, mutualisation des achats sur le modèle de vélib…).

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