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La vogue du patchouli

Publié le 06 décembre 2008 par Fouchardphotographe @fouchardphoto

La culture du patchouli, plus rentable que celle du thé ou du café, se répand au Burundi depuis deux ans. Une entreprise en extrait une huile essentielle appréciée des parfumeurs étrangers.

 Le patchouli a bien des atouts. Cet arbuste parfumé, originaire d'Indonésie, vit fort bien au Burundi. Une ligne de patchouli peut s'intercaler entre le haricot et le maïs, voire entre des caféiers ou des bananiers. Et surtout, la vente des feuilles séchées rapporte près de deux fois plus à l'hectare que le café ou le thé, gourmands en superficie et en moyens de production.  Le patchouli a été introduit au Burundi fin 2002 par Rugofarm, une entreprise qui l'a expérimenté dans son bloc de 20 ha avant de le diffuser aux villageois. A l'entrée de la ferme, des milliers de touffes vertes de 50 cm de haut sont arrosées en continu par des canaux d'irrigation.  L'arbuste a ensuite été adopté par des agriculteurs près de Rugombo (province de Cibitoke, près de la frontière avec la RD Congo). En kirundi, le patchouli a été baptisé ipacuri. Avant même de la voir, on sent son odeur caractéristique dès la route principale. Simon Harerimana, un cultivateur, raconte : « Moi-même, j'ai planté le patchouli ; il est facile à produire s'il pleut régulièrement. Cela ne prend pas de grandes étendues comme le café ; en culture pure, les écartements de 60 cm sur 60 suffisent ».

Les familles en redemandent

 Philbert, un ingénieur, précise : « Le patchouli étant une plante de sous-bois dans son aire écologique indonésienne, nous l'avons d'abord mise sous ombre, puis nous sommes arrivés à la produire à ciel ouvert. C'est moins cher car nul ne peut envisager d'ombrager des hectares par dizaines ».  En moins de deux ans, plus de cinquante familles ont reçu des boutures, qu'elles récoltent avec l'assistance d'agronomes. « Au départ, c'était dur de vulgariser le patchouli en milieu villageois. Les agriculteurs se méfiaient ; seuls quelques-uns acceptaient de l'introduire dans leur exploitation, raconte Chadric Habonimana, directeur général de Rugofarm. Actuellement, nous sommes submergés de demandes et nous ne donnons de boutures qu à ceux qui possèdent assez de terres et de l'irrigation ».  L'irrigation est indispensable dans cette plaine où la saison des pluies va rarement au-delà du mois d'avril. La récolte débute au 4e mois, puis au 6e et enfin au 8e mois. Ce sont les trois feuilles terminales qu'on cueille. Après un séchage en trois à quatre jours, les feuilles sont distillées chez Rugofarm pour extraire l'huile essentielle.  L'huile burundaise est exportée. « La capacité de distillation de notre usine est de 250 à 500 kg de feuilles sèches par jour, soit une production de 7 à 14 kg d'huile », explique Chadric Habonimana, qui souhaite monter en volume dès les années à venir.

Désiré Nshimirimana - www.lavoixdunord.fr

Photo : www.wildcrafted.com.au


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