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Bustamante, le monde derrière la vitre

Publié le 08 décembre 2008 par Lironjeremy

L’appareil photographique détermine un monde. Dans la fenêtre retournée de la chambre, les choses se donnent avec une distance et une proximité conjointes. Dynamique double du procédé : le photographe se fait volontiers entomologiste, attentif aux menus détails sensibles comme Michelet se laissant convaincre du fourmillement anonyme des côtes tandis qu’il capture très scientifiquement, très mécaniquement l’ensemble. Comparant le monde pris dans ses plaques et, d’un coup d’œil penché hors de la boîte, le paysage qui l’aura arrêté, il vit régulièrement le deuil d’une réalité trop complexe pour se laisser saisir vraiment et dont ne pourra être extrait que l’image désincarnée, abstraite. Jean-Marc Bustamante a semble-t-il très tôt mesuré les enjeux sensibles de ce tir biaisé, de cette résistance pudique du réel. L’image est là, beauté glacée irréprochable, subtilement détaillée, et comme opaque, excédante. Dans chacun de ses projets se sont conjugués cette approche droite du monde et une sorte de deuil, de mélancolie. Chaque chose semblant nous interpeller depuis un arrière monde avec une élégance impeccable, pleine de retenue – formes flottant dans les limbes. Chaque œuvre de Bustamante s’impose d’abord comme pure présence avant que derrière les formes se dégagent une série de problématiques, d’échos et de références dont on ne sait jamais s’il faut les aborder comme un jeu culturel postmoderne ou comme les traces d’une vision subjective du monde rencontrant les références comme l’œil s’enroule aux reliefs du paysage. Ces dernières années quelque chose s’est radicalisé dans le travail de l’artiste, ou plutôt, un glissement s’est opéré. L’artiste s’est consacré plus exclusivement à la sérigraphie sur plexiglas, la délicatesse tactile et toute apollinienne des œuvres des débuts s’est transmuée en un mouvement volontiers plus acide, plus dionysiaque. Une crudité des teintes assortie à un graphisme volontairement plus naïf -une naïveté de punk- qui évoquent un peu le trajet de Picasso de la grisaille des papiers cubistes aux verdeurs du vieux fou de Mougins.


Exposition Le Grand Tour, du
09.11.2008 au 15.02.2009 MAC’s Grand-Hornu

Exposition Lava II, du 10.12.08 au 1.02.09 Palais des Beaux-arts, Buxelles

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