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La vengeance du Pied Fourchu : 36

Publié le 10 décembre 2008 par Porky

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Le double maléfique de Martin ayant accompli sa sale besogne revint tranquillement sur ses pas puis, s’étant dissimulé derrière un énorme rocher, s’accroupit et prononça d’étranges onomatopées. Dans un brouillard laiteux, le Pied Fourchu apparut bientôt devant lui. L’apparence humaine du séide diabolique sembla se dissoudre dans un brouillard laiteux et bientôt, ne fut plus visible qu’une sorte de gnome noir, aux yeux aussi flamboyants que les rubis de Louis et Sigrid ; accroupie sur le sol, la tête baissée devant l’apparition en signe de respect, la créature continuait de chuchoter son incantation.

Le Pied Fourchu se pencha, caressa la tête écailleuse d’où jaillissaient deux cornes menaçantes. « Je suis là, fidèle serviteur, dit-il. Tu es le seul qui me reste à présent. » « Ordonne, maître, et j’obéirai » chuchota le démon en embrassant la main. « Mon unique et dernier pion, murmura l’apparition satanique. Comme tu vas m’être utile ! Ils se sont échappés mais je compte sur toi pour me les ramener. Tu as rendu le vrai Martin inoffensif, et tu vas continuer à prendre sa place. Mais j’exige cette fois que ta conduite et tes paroles soient conformes à celle qu’adopterait Martin avec ses amis. Tu les tromperas aisément car je vais rendre ta véritable apparence indiscernable aux yeux de nos ennemis. » « Devrais-je utiliser le collier, Maître ? » demanda le gnome, toujours accroupi. « Non. Le pouvoir du collier est désormais sans effet. De plus, si leurs souvenirs n’ont pas encore été effacés, ils se rappelleront que c’est à cause de lui que tout est arrivé. Mais ton bâton de berger sera une arme encore plus efficace que le collier car il suffira que l’un d’eux le touche pour que s’accomplisse ma volonté. Prends garde cependant à nos deux adversaires, évite de te trouver en leur présence. Leur puissance dépasse la mienne et même s’ils ne peuvent te reconnaître, ils ont peut-être en leur possession des armes que nous ignorons et qui risquent de dévoiler ton identité. Mais je pense que tu n’auras pas à te garder d’eux. Ceux que je désire sont en train de monter à ta rencontre. Ils sont encore vulnérables. Approche-les et agis. Et viens ensuite me rejoindre dans mon royaume. » « Je t’obéirai, Maître, répéta la créature. Tu les auras bientôt en ta possession. »

L’infernale apparition fit un geste de la main et le gnome redevint aussitôt le jeune berger inoffensif qui gardait ses moutons dans la montagne. « Sers-moi fidèlement, dit la voix du Pied Fourchu dont la silhouette commençait à s’effacer. Tu n’auras pas à le regretter… » Le brouillard l’enveloppa un instant puis se dissipa lentement. Martin était seul sur le rocher. Il se releva, saisit son bâton et se dirigea tranquillement vers le chemin qui conduisait à la vallée.

Leur travail accompli, Sigrid et Louis avaient regagné la villa et se reposaient, l’une allongée sur le divan, l’autre assis dans un fauteuil. Elle avait presque tout de suite plongé dans le sommeil et tandis qu’elle dormait, Louis, qu’un vague pressentiment empêchait de s’abandonner aux délices du repos, tentait malgré tout d’effacer toute pensée de son esprit et de régénérer ce corps qui avait été vidé de presque toutes ses forces dans les différents combats menés auparavant. Tout était silencieux, et calme. Les volets n’avaient pas été ouverts, mais une lampe, dans un coin, diffusait une lumière très douce, propice au délassement. Alors qu’il allait s’endormir pour de bon, un gémissement s’échappant de la bouche de Sigrid le fit sursauter. Il ouvrit les yeux et se leva d’un bond. Des narines de la jeune femme s’échappait une lueur verte, semblable à celle qui avait jailli de leurs mains lorsqu’ils avaient évoqué les protecteurs. La lueur grandissait de seconde en seconde, recouvrait le visage puis le corps de Sigrid. Fasciné, Louis ne pouvait qu’observer ce phénomène dont l’origine échappait à son entendement. Puis, la lueur sembla se contracter, lutter contre une force ennemie qui l’empêchait de prendre la forme qu’elle désirait ; enfin, elle se libéra et se transforma en un visage austère, aux yeux fermés et au menton pointu. La bouche aux lèvres minces, serrées l’une contre l’autre, s’entrouvrit. « Prenez garde », dit une voix que Louis reconnut immédiatement. C’était celle d’un Protecteur. « Le mal n’est pas vaincu. La montagne est son refuge et les agneaux ne sont pas ce qu’ils paraissent être. Le berger satanique descend dans la vallée et les innocents ne sont pas protégés. Agissez ! Agissez ! »

Sigrid poussa un autre gémissement, plus profond et plus prolongé que le précédent. « Agissez maintenant ! » reprit la voix et le visage s’affaissa tandis que la lueur verte disparaissait. Il ne resta plus dans la pièce que la lumière de la lampe et le silence reprit possession des lieux.

(A suivre)


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