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Une soirée électorale mémorable…

Publié le 10 décembre 2008 par Le Détracteur

Au contraire de bien des gens, à ce qu’il semble, j’ai passé une très agréable soirée électorale lundi. Laissez-moi vous raconter…

En revenant du travail, nous avons été voter. Nous avons bravé vents et tempêtes en avançant pas à pas dans la toundra rue. Nous avons marché pendant des jours 5 minutes, avons gravi 5 montagnes de granit marches, avons fait la file pendant 10 jours minutes derrière une file contenant des centaines 8 personnes pour pouvoir enfin mettre notre X au bon endroit. Non satisfaits d’avoir réussi l’impossible, nous sommes retourné au cœur du blizzard, sans traineau à chien, pour finalement aller mettre notre derrière dans notre divan, comme des milliers de personnes qui n’ont pas eu le cœur d’aller voter. Ces personnes qui se plaignent que tout va mal au Québec. Ces personnes qui n’ont pas mon respect, pas plus que ma pitié.

J’ai dit à plusieurs reprises que j’étais très embêté concernant mon vote. Ce fut le cas jusqu’à ce que Louise Beaudoin se présente dans mon comté. Mon dilemme devenait alors caduc, car quand Louise Beaudoin est dans notre comté, on vote pour le député, pas pour le parti. Autrement… j’aurais sans doute voté Québec Solidaire. Et c’est d’ailleurs le rassemblement de Québec Solidaire, au Medley, qui fut notre étape suivante.

Ici je crois qu’il est pertinent d’expliquer cette “dualité”, pour emprunter le terme de ma fiancée.

Il ne faut pas se leurrer. J’ai toujours été indépendantiste, et je le suis toujours. Mais contrairement à certains Péquistes (pas tous.. pas tous..), chez moi, le moyen n’est pas devenu la fin. C’est à dire que je rêve d’un Québec socialiste et progressiste. Je sais, du moins je suis convaincu, que l’indépendance nationale est le moyen le plus direct et efficace pour transformer et remodeler le Québec pour qu’il devienne le leader qu’il devrait être. L’indépendance, c’est le moyen, le tremplin. Une fois indépendant, le Québec ne sera pas parfait, il ne sera pas le premier pays au monde où il fait bon vivre. Mais ce sera désormais possible d’avancer dans cette direction, sans sentir le poids du Rest of Canada nous tirer vers le bas. L’indépendance n’est que le début.

Le problème, c’est qu’en ce moment, le Québec n’est pas un pays. Et quand on a pas de pays, on doit s’organiser avec les moyens qui sont disponibles. Québec Solidaire est l’un de ces moyens. Québec Solidaire est la vision même, à quelques minimes différences près, du Québec dont je rêve. Si je regarde les engagements de QS, il n’y a rien, mais rien avec quoi je suis en désaccord. Qui peut être désaccord avec le fait de développer une économie écologiste, de maitriser les conditions de vie et de travail, de renforcer les services publics, de combattre toute forme d’exclusion et de discrimination, d’appuyer les familles, de valoriser la langue française, etc. Je viens ni plus ni moins de vous énumérer ce qu’il y a sur leur site…

Bref, voilà. Mon cœur est assis entre deux chaises. J’imagine qu’on peut rester assez longtemps dans cette position.

Revenons au Medley. La soirée commence tranquillement, et la place se remplit à la même vitesse. On s’assoit, on commande quelques bières. Déjà, les résultats de Radio-Canada défilent au bas de deux écrans géants. Les gens réagissent positivement lorsqu’ils voient des candidats adéquistes en seconde ou troisième place. Certains sont heureux de résultats du Parti Québécois. À un certain moment, on annonce Amir Khadir en tête dans Mercier. Frénésie, cris, applaudissements… alors que le Solidaire n’est en avance que d’une centaine de voies.

La soirée s’est déroulée dans cette formule. Stable, applaudissements et cris de joie pour les candidats Solidaires en tête, chahut pour les candidats libéraux et adéquistes. Quelques fois, une animatrice monte sur la scène et procède à des interviews téléphoniques avec des candidats d’un peu partout au Québec. Mais il y avait aussi quelques moments de joie personnelle intense, comme par exemple lorsque la défaite de Simon-Pierre Diamond a été confirmée.

C’est vers 10h00 que ça se gate. Les écrans géants sont fermés et ne diffusent plus de résultats. Peu après l’annonce de sa défaite dans Gouin, Françoise David monte sur scène et commence un discours pour remercier les gens. Elle annonce certains résultats de candidats défaits… des 12, 13, 16% dans certains comtés. La foule applaudit ces progressions. Pendant le speech, Amir Khadir arrive sur scène, et est applaudit en héros alors que quelques instants auparavant, il était toujours en tête par un peu plus de 300 points.

Françoise le fait monter sur scène, et nous dit que malgré le manque de finances et d’organisation, nous pouvons être fier d’être pour un parti qui vient d’élire son premier député à….

Je n’ai pas entendu la suite. Un raz de marée de cris a balayé la salle en entier. Les gens sautaient, s’embrassaient. J’avais l’impression d’être sous le balcon de la mairie de Montréal après le “Vive le Québec libre”, mais à petite échelle.

Amir Khadir s’est ensuite adressé à nous. Il a remercié ses militants. Il a fait un discours. Je ne me rappelle pas les grandes lignes, mais il fut applaudit à plusieurs occasions. Mais je me rappelle un moment où il nous a dit qu’il fallait continuer de croire en un Québec où l’économie devait être au service de la population, et non au service d’intérêts privés. La salle s’est soulevée à nouveau, et j’ai su, à ce moment là, que j’étais à ma place, pour cette soirée là.

Et comme si ce n’était pas assez satisfaisant, nous avons eu une cerise sur notre sundae alors que nous étions dans la file pour récupérer nos manteaux. En effet, la foule s’est mise à applaudir pour une raison inconnue… nous avons cherché la source de cette manifestation de joie, et nous l’avons trouvée sur les écrans géants : gros comme le mur, une page Cyberpresse nous annonçait la démission de Mario Dumont comme chef de l’ADQ. C’est alors que les gens se sont mis à scander “Na nana na, hey hey goodbye!“. De toute beauté!

Ce soir là, je me suis dit que j’étais content d’avoir vécu ce grand espoir pour un seul candidat élu, plutôt que de vivre une déception perpétuelle avec 51 candidats élus…

Mais le lendemain matin, le retour à la réalité a été très dur à vivre… et la suite est à venir…

P.S. :  Concernant le résultat des élections, je vais simplement citer approximativement mon ami DarK Remi oF DooM : “Voter Libéral, c’est comme lacer les souliers du gros motard qui t’encule depuis 4 ans en prison“.

Un billet signé Le détracteur Constructif


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