Magazine

"On ne nait pas femme, on le devient!"

Publié le 12 décembre 2008 par Gsand1804

Dans une note précédente je posais le problème de la responsabilité des mères dans "le drame de l'enfant oublié par le père dans les voitures". Vous avez été nombreuses à me répondre et un commentaire particulièrement dense de Chouyo m'a donné envie de développer un peu plus mes idées sur la femme moderne!

Voici ce que Chouyo me répondait:

"Je suis certaine que les femmes modernes (actuelles) ont des comportements assez... ataviques. Sans le vouloir, nous produisons pour la plupart des signaux très clairs qui remettent l'homme le plus volontaire à sa "place" ; et c'est bien malheureux, car ne sachant pas déléguer, nous nous contraignons à vivre deux ou trois journées en une.
Quand un homme se met à faire la vaisselle, s'occuper des enfants, leur faire prendre la douche, les changer, va les chercher, les emmène deci delà, on entend très souvent la compagne demander s'il a bien fait ceci ou cela, pris ceci, pas oublié ça... et pareil dans les supermarchés ! "Tu as regardé la composition ? la date de consommation ?..." Les femmes infantilisent les hommes, et pas qu'à l'âge adulte, et se retrouvent donc à faire leur activité et à vérifier celles de leur compagnon ; donc à potentiellement devenir assez ch... aussi. J'ai parfois l'impression que nous créons nos propre chaînes à force de ne pas savoir déléguer réellement.
En tant que prof, j'ai remarqué une chose très intéressante : c'est que nous, profs femmes, sommes souvent plus indulgentes avec les garçons. "Ils sont encore petits à cet âge-là" (6ème), "il va grandir après", "il peut mieux faire, mais n'a pas envie". De l'autre côté, les filles sont soumises à plus rude épreuve "elle n'a pas les moyens", "elle a fait ce qu'elle pouvait (sous-entendu : elle ne peut pas plus)" et surtout "ben c'est comme ça, il va falloir trouver une solution (donc : ne peut pas faire plus, doit être réorientée"). Et pas que les profs, mais les parents aussi : j'ai toujours été étonnée de voir que les parents sont plus cléments avec les réactions des petits garçons qu'avec celles des petites filles quand les deux sont en présence.
Cela signifie le plus souvent que nous sommes dans un instinct de responsabilisation des filles (dès le plus jeune âge, on demande aux filles de savoir assumer des choses matérielles et morales) et de déresponsabilisation des garçons. D'où les comportements des adultes ensuite... Assez drôle : j'ai constaté parmi mes amis qu'à dix-huit ans (quand nous nous sommes tous retrouvés loin des parents à Paris), les filles savaient déjà gérer les histoires de CAF, mutuelles, inscriptions diverses et tout et tout ; les garçons, non. Non pas que les filles s'y intéressent plus, mais les parents estiment souvent que les filles DOIVENT savoir se débrouiller (qui signifie en fait se protéger du monde, donc être indépendante) ; le garçon, lui, apprendra l'indépendance tout seul ?
Ensuite, je dis ça mais il est difficile d'en sortir et il n'est pas question pour moi de culpabiliser les mères, les parents en général et les profs : on fait d'abord comme on peut ! Mais c'est une image d'ensemble de la société et des femmes spécifiquement qu'il est intéressant de garder à l'esprit, pour expliquer certains comportements féminins, certaines rebuffades masculines ("on dirait ma mère") et parfois, certains drames comme ce père qui a oublié son enfant (même si ces drames ne se résument souvent pas qu'à cet aspect)."

Voici ce que je voulais ajouter :

C'est vrai que je revendique souvent l'indépendance de la femme, que je trouve effrayant ces jeunes femmes qui se replient sur leurs enfants, leur maison, leur mari, qui n'ont pas d'autres objectifs! je sais que si je n'avais pas ma thèse je ne pourrais pas rester à la maison à ne m'occuper que de ma famille, que j'ai besoin d'avoir autre chose en tête que le linge à laver, à repasser, l'aspi à passer, faire la cuisine... je sais aussi que ma passion pour Sand vient de là, j'ai beaucoup d'admiration pour les femmes de tête, les femmes qui réfléchissent et qui se battent pour la liberté! Mais cette liberté a aussi beaucoup d'inconvénients, parce que la femme est, malgré tout, malgré Beauvoir, liée à la maternité et que porter un enfant en soi bouleverse sa représentation de la société; malgré nous parfois, il faut reconnaître que la femme est double et que ce besoin d'indépendance naturel a parfois bien du mal à se conjuguer avec la responsabilité maternelle! je me trouve quant à moi dans un double dilemme: je me veux indépendante mais je suis au foyer, si je travaille chez moi je ne reçois pas de rémunération, donc je n'ai pas de salaire et je ne suis donc pas indépendante financièrement, cela signifie-t-il que je ne sois pas indépendante?

Les "féministes", et Sand en tête, ont souvent affirmer que l'indépendance de la femme passe forcément par l'indépendance financière! Avant d'avoir des enfants je le croyais et le revendiquais haut et fort (sans faire de jeu de mots), mais la naissance de mes enfants et aussi les drames de ma vie, m'ont changé en profondeur! Je me suis demandée si l'indépendance ne pouvait pas être située à un autre niveau!

JE me suis rendue compte que cette indépendance, je dirais intellectuelle et non plus financière, m'est donnée parce que l'homme qui partage ma vie me permet de la prendre! Alors oui, je suis sous sa dépendance, sous son bon-vouloir, mais est-ce pour autant une raison pour se croire dépendante?

George Sand, féministe de l'intime, a mis un point d'honneur à apprendre à lire aux femmes qui travaillaient chez elle! Pour elle l'instruction était primordiale et était le début d'une indépendance féminine! Elle luttait contre l'éducation des filles de son époque! Je crois aussi aux vertus du savoir, de l'instruction, au fait qu'il ne faut jamais laisser tomber, s'intruire toujous le plus possible et pour moi la réelle indépendance se situe là! Si je reste au foyer c'est une décision personnelle, parce que je ne veux pas faire des enfants pour les voir confier à d'autres toute la journée, parce que je veux être là pour saisir leurs premiers mots, leurs premiers pas, pour les accompagner le plus possible dans la vie et leur donner les bases nécessaires! j'ai aussi la chance d'avoir un mari qui, par son salaire, me permet de ne pas travailler! Mais je sais aussi que mon niveau d'études me permet, à tout moment, de trouver un emploi, du moins d'y prétendre!

Dans la vie de tous les jours donc je peux apparaître comme une femme au foyer, mais mes recherches, mes études, et bientôt mes publications me permettent aussi d'avoir une existence sociale, d'exister autrement! Chez moi aussi, je ne me vis pas comme une femme au foyer, je revendique mon travail, je me libère des journées pour aller travailler à la BNF, pour me rendre à des réunions, pour travailler un peu chaque jour! je suis à la maison MAIS je travaille aussi même si ce travail ne me procure pas une rémunération, je n'accepte donc pas une totale dépendance à mon foyer. Je tiens à ce que M. Sand participe aux tâches ménagères (vaisselle, rangement, repassage etc.), je veux que mes enfants comprennent que moi aussi j'ai un travail qui me demande du temps, et des efforts. Antoine commence à comprendre que mon travail est lié aux livres, il s'étonne que j'achète tant de livre et s'intéresse à la façon dont je lis et souligne certaines phrases dans mes livres! Cela est important pour moi et je crois qu'il en est fier!

Donc, cela pour vous dire que la femme doit avoir une indépendance propre, financière ou intellectuelle ou les deux (ce qui est encore mieux)! et qu'en plus de cela son rôle de mère est d'autant plus pesant que la société, les médias l'alourdissent! Hier encore sur un simple petit reportage sur les femmes gardes-du-corps, le journaliste n'a pas manqué de souligner que ces femmes combattantes, faisant un métier d'homme "étaient aussi des mamans attentives qui souhaitaient l'anniversaire de leur enfant"!!! Je suis toujours ébahie de ces commentaires! et les hommes gardes-du-corps ne sont-ils pas pères! ne souhaitent-ils pas leur anniversaire à leur enfant??? pourquoi faut-il toujours ramener la femme à leur maternité, et non les pères à leur paternité! C'est cela qui, d'après moi, déresponsabilise les hommes. Les hommes sont toujours liés à leur travail, au fait qu'il ramène l'argent du foyer, qu'il font bouillir la marmite! le travail des femmes est donc toujours quelque peu dévalorisé, leur vraie valeur vient du fait qu'elles s'occupent de leurs enfants et non du fait qu'elles travaillent, qu'elles font un métier qui les intéresse! C'est une vieille lutte qui fait que les femmes sont majoritairement moins payées que les hommes et qu'elles accèdent moins à des postes importants.

Une vieille culpabilité pèse sur elles, et je sais que comme moi, beaucoup d'entre vous culpabilisent de laisser leur enfant à la cantine, à la garderie pour aller travailler! Et pourquoi cette culpabilité, pourquoi cette impression que j'ai toujours quand je vais à Paris pour bosser après avoir laissé mes enfants entre de bonnes mains, ai-je l'étrange impression d'avoir oublié quelque chose, dois-je me repasser le film des épisodes précédents pour être sûre que j'ai bien accompagné Antoine à l'école et confié Eliot à la Halte-garderie? D'où vient ce sentiment? Pourquoi parce que je "ne travaille pas" ne puis-je laisser mes enfants à la cantine ou à la garderie?

Les hommes ressentent-ils cette culpabilité comme nous? quand ils rentrent à 20h du travail se sentent-ils fautifs? J'aimerais le savoir!

Alors oui, finalement je trouve bien que ce père qui a oublié son enfant soit jugé, non que je ne compatisse vivement à la douleur qu'il doit ressentir, mais parce qu'il est temps que les pères prennent conscience de leur responsabilité, comprennent qu'eux aussi doivent assumer certaines tâches, qu'ils ne sont pas seulement le gentil papa que l'on attend comme le messie le soir, qui arrive quand les enfants sont déjà en pyjama, ont mangé et qu'il n'a que le beau rôle à jouer: les coucher et lire l'histoire avant de les endormir! Non, les contraintes aussi doivent être assumées par les pères, ils doivent savoir ce que c'est que de faire les courses au supermarché avec leur enfant de 2 ans et demi qui ne veut plus rester assis sur le caddie, savoir ce que c'est que de courir le mercredi à droite et à gauche pour les emmener à diverses activités, savoir ce que c'est que de lutter pour les habiller, les déshabiller, les doucher, les faire manger, savoir ce que c'est que de prendre rendez-vous chez le médecin, de trouver un créneau horaire, de patienter 1h dans une salle d'attente, d'aller ensuite acheter les médoc, rentrer faire à manger etc. etc.

C'est aussi à nous, les femmes, les mères, de ne pas laisser tomber, de les faire participer malgré notre culpabilité, malgré le regard de la société...

N'hésitez pas à réagir, j'en appelle aussi aux hommes, aux pères qui passeraient par là, venez dire comment vous vivez cela!


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gsand1804 29 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog