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Le rendez-vous. (II)

Publié le 12 décembre 2008 par Doma

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- Monsieur… monsieur! L’examen est terminé.

mmm… rrr!! mmm..! tente l’homme encore dans son rêve. Il est déjà ressorti du tube, les deux femmes floues l’aident à se remettre debout, dans la continuité de ses souvenirs colorés. Le Professeur ( il reconnaît sa voix ) lui dit que tout s’est bien passé ( ce qu’il ne comprend pas bien, la fin lui ayant échappé ) et qu’il lui commentera l’examen « d’ici une petite demi-heure », en attendant il pourra aller « à la cafétéria du rez-de-chaussée, au fond du couloir à gauche, puis à droite, encore au fond ». On le reconduit dans la cabine jusqu’au siège, où on l’assoit. Il était temps, son corps s’est refroidi légèrement et il craint d’être obligé de se réveiller. Cette probabilité lui paraissant déplaisante, il se rhabille entièrement, pardessus boutonné et retourne dans la salle d’attente, désormais bien remplie. L’affairement du personnel (la salle est ouverte sur le hall d’accueil) contraste avec le calme apparent des futurs candidats au tube. La plupart ont le nez dans une revue usée qu’ils étudient avec la plus grande attention, comme s’il fallait l’apprendre par cœur. D’autres tournent les pages avec rythme et célérité, sans doute des professionnels de la lecture, ils apprennent vite. Il n’a aucune envie de lire, ce qui tombe bien car les trois hebdomadaires (mensuels?) disponibles traitent ( successivement ) de motos tous-terrains, des recettes de cuisine préférées de Carla Bruni, de la prophylaxie des mycoses, pour finir. Tout ceci est extrêmement ennuyeux, il retire donc ses lunettes. En revanche le doux bruit de l’imprimante laser, en phase avec le frôlement huilé des brancards, l’interpelle grandement. Dommage que des conversations désagréables viennent contrarier cette belle harmonie. Ceci dit, pense-t-il, la grande surface de la pièce autorise une spatialisation intéressante de ces sons. Trois groupes de conversation fixes, debout (l’un d’entre-eux plus dynamique, plus puissant, plus grave, aussi), un autre, fixe également, à l’accueil, désaccordé celui-ci dans la mesure où l’une des secrétaires est trop bruyante en regard de l’autre, ce qui pourrait être un handicap mais non, elle bouge aussi beaucoup et permet un lien avec les bruits filants, les conversations en marche (en fait, il semblerait qu’elle ait été désignée pour répondre aux bonjours des personnels entrants, tous grades, fonctions, statuts confondus). L’homme regrette seulement que la salle d’attente ne soit pas située exactement au milieu de l’ensemble mais encore une fois, après réflexion, ce serait une mauvaise idée, l’amphithéâtre des sons est cohérent dans la mesure où, derrière lui et le mur épais, les machines assurent une basse continue sûre et précise. Son seul étonnement tient au fait que les personnes allongées dans les brancards sont muettes, endormies.

- Monsieur, le Professeur va vous recevoir, venez avec moi.

Il est très désagréable d’être ainsi interrompu, mais l’homme doit répondre favorablement à cette injonction. Après être passés par une porte plus discrète que les autres, la femme (la secrétaire du Professeur, sans doute) le dirige vers un canapé luxueux au fond d’un couloir aveugle, agrémenté de plantes vertes dont il se demande comment elles peuvent survivre dans un tel milieu, privé de lumière naturelle. Sur les murs sont fixées trois planches très documentées représentant le cerveau, l’oreille et l’œil humains. La femme le prie de s’asseoir, lui assure d’une voix  bien placée que le Professeur « ne tardera pas ». Fort heureusement le Professeur tarde, ce qui laisse tout loisir à l’homme d’admirer, entre autre, l’incroyable complexité de l’oreille interne. Il s’apprête à prendre une photo de cette merveille avec son téléphone portable mais…

- Ah, vous êtes là, mais entrez-donc!

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(à suivre…)


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