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Une fontaine de jouvence dans la cochlée

Publié le 20 novembre 2008 par Laurent Matignon

Lu dans Le Figaro du 29 août dernier :
Des espoirs pour restaurer la perte auditive liée à l'âge

Thérapie génique
La perte de l'audition avec l'âge ne sera peut-être plus un jour une fatalité. Des chercheurs ont démontré qu'il est possible de faire croître et se multiplier, durant le développement de l'embryon, des cellules non sensorielles capables de devenir des cellules neurosensorielles cillées (garnies de cils qui réagissent aux vibrations sonores). Du moins chez la souris, et ce, grâce à un transfert de gêne in utero, une semaine avant la naissance de l'animal. Ces travaux réalisés par John Brigande, neurobiologiste du développement (Université de l'Oregon, aux Etats-Unis), lui-même malentendant, ont été mis en ligne dans la revue Nature.
Les cellules cillées situées dans l'oreille interne (plus précisèment dans la cochlée, l'organe neurosensoriel de l'audition) sont responsables de la conversion des signaux auditifs en impulsions électriques qui circulent le long des nerfs auditifs jusqu'au cerveau. C'est un système délicat, fragilisé par les bruits forts (concerts de rock, baladeurs mal réglés, etc.) et qui s'altère avec l'âge, car le nombre de ces cellules sensorielles est défini à la naissance. Le transfert in utero d'un gène Atoh1 (favorisant la croissance des cellules cillées) dans l'oreille interne des rongeurs est capable de transformer des cellules non sensorielles en cellules cillées.
C.P.
Il s'agit là d'une des pistes les plus prometteuses dans la lutte contre la surdité et, d'une manière générale, les troubles auditifs.
Mais qu'on ne s'y trompe pas : avant que ce type de traitement soit applicable à l'homme il se passera probablement quinze ou vingt ans et, ce délai pourrait-il être raccourci, rien n'indique qu'il s'agisse là d'un traitement contre les acouphènes et l'hyperacousie.
On n'ignore pas, en effet, que si un trouble organique est probablement systématiquement à l'origine des sifflements d'oreille et de l'hypersensibilité auditive, c'est au niveau du cerveau que se joue ensuite le second acte, que se "centralise", pour reprendre une expression chère à bien des ORL, les symptômes. Par conséquent, rien ne permet d'affirmer aujourd'hui que la remise à neuf (soyons fous, rêvons un peu, une autre oreille est possible !) de l'oreille interne permettra de mettre un terme aux bourdonnements qui carillonnent dans nos petites têtes.
Lorsque l'on consulte des études sur le SIDA on ne peut qu'être effaré par le nombre de personnes qui pensent qu'un traitement curatif existe, confondant par là la tri-thérapie, destinée à ralentir le processus et à soulage le patient, et un remède qui n'existe encore qu'à l'état de fantasme dans l'esprit de chercheurs acharnés.
N'allez donc pas croire, en lisant ces quelques lignes du Figaro, que se protéger est devenu superflu : le nombre de traumatismes auditifs dans le cadre des loisirs ne cesse de croître dans nos sociétés occidentales et rien ne peut laisser penser que ces cohortes de malheureux trouvent dans ce type de recherche un remède à leurs souffrances.
Des espoirs, oui, mais autant s'en passer en prévenant, puisque guérir est pour l'heure impossible !

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