De la Roumanie à l'Indonésie, l'"Obamania" continue

Barack Obama avoue lui-même que petit, il n'était qu'"un gamin maigrichon avec un drôle de nom". Ce qui ne décourage pas les jeunes parents, de la Roumanie à l'Indonésie, de baptiser leurs rejetons du nom du président-élu des Etats-Unis.

Les Roms de Roumanie semblent particulièrement inspirés. "Lorsque j'ai vu Obama à la télévision, mon coeur a été inondé de joie. J'ai pensé qu'il était un gitan comme nous, à cause de sa couleur de peau", déclare Maria Savu, dont le petit-fils, Obama Sorin Ilie Scoica, vient de naître dans le village de Rusciori, en Roumanie centrale.

Le petit Obama est le troisième enfant d'une famille pauvre qui survit avec 200 lei (50 euros) par mois, grâce à des aides. Il est né le 4 novembre, le jour de l'élection présidentielle aux Etats-Unis, et Maria Savu, 43 ans, espère, dans le journal "Evenimentul Zilei" que son nom lui portera chance.

Le footballeur de la sélection nationale Banel Nicolita est un gitan dont la famille de huit enfants vécut dans une maison en terre. Sa réussite lui a valu le surnom d'"Obama du football roumain".

La Roumanie compte officiellement 500.000 Roms, mais on estime qu'il sont en réalité au moins le double. Beaucoup vivent dans la pauvreté. L'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne considère que les Roms souffrent d'une discrimination continuelle dans les domaines de l'éducation, de l'emploi, de la santé et du logement.

"La victoire d'Obama est une motivation pour nous", estime Gruia Bumbu, président de l'Agence nationale pour les Roms. Les Roms ont connu l'esclavage, qui prit fin au XIXe siècle à peu près au même moment que pour les Noirs américains. Mais les Roms ne lancèrent jamais de grand mouvement pour les droits civiques. "Nous avons vingt à trente ans de retard", juge Gruia Bumbu.

"Quand vous voyez un Noir américain devenir président, vous voyez que les rêves peuvent devenir réalité", explique-t-il. "C'est comme voir la lumière au bout du tunnel. Le combat pour l'égalité peut avoir une fin heureuse".

La victoire d'Obama, qui deviendra le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis, a aussi poussé Sugiarto, un vigile de 36 ans de Djakarta en Indonésie, et sa femme Sularsih, à prénommer leur fils en son honneur.

L'Indonésie, nation très majoritairement musulmane, est effrontément "obamaniaque", notamment parce qu'Obama y a vécu quatre ans, dans son enfance.

"Il est fantastique, n'est-ce pas?", déclare Sularsih, 34 ans, en caressant la joue de leur petit Husein Obama, un mois. "Je pense que c'est un très beau nom pour lui. Et qui sait? Peut-être qu'un jour, il sera président d'Indonésie."

Les Américains aussi appellent leurs enfants du nom d'Obama. Patrick et Sasha Hall Fisher d'Hollywood en Floride sont considérés comme les premiers: Sanjae Obama Fisher est né quelques heures avant que les médias n'annoncent qu'Obama avait remporté la présidentielle.

Dans plusieurs pays, les hommes politiques s'attribuent aussi le label "Obama". Au Ghana, Atta Mills, candidat de l'opposition pour la présidentielle organisée ce mois-ci, a mis des affiches de lui se tenant aux côtés d'une photo découpée de Barack Obama grandeur nature. Il espère ainsi faire passer son message aux électeurs.

Au Brésil, au moins huit candidats noirs ont profité d'une particularité du code électoral pour prendre comme nom "Barack Obama" lors des élections d'octobre.

Dans la ville hollandaise de Leiden, des responsables ont annoncé fièrement la semaine dernière que des racines d'Obama peuvent être retrouvées jusqu'aux Pères fondateurs qui s'installèrent finalement en Amérique après avoir fui l'Angleterre en 1609. Les Pères fondateurs passèrent onze années à Leiden, dans leur périple vers le Nouveau-Monde.

Barack Obama est un descendant de Thomas Blossom, selon Jan-Jaap Haan, conseiller municipal, qui cite des recherches de la New England Historic Genealogical Society de Boston. "Leiden est fière que notre ville historique soit liée, via cet arbre généalogique, aux origines déjà uniques du nouveau président des Etats-Unis", dit-il.

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