La presse française est malade et prend le bouillon. Au théâtre de la Colline, les journalistes émettent des poussées stridulantes concernant leurs conditions.

Économiquement, N.Sarkozy est le parfait bourrin. Le tirage papier en témoigne. Pas question de ronger les marges d’une presse déjà largement sinistrée. Tout le monde va bon gré mal gré à la gamelle.
Un cycle et deux fouilles rectales plus tard, des couinements aigus montent du théâtre de la Colline. Les amblyopes d’hier ont eu la révélation. La presse serait au bord du collapsus. La liberté d’écrire et de diffuser serait en danger en France. Diantre ! Étreinte par l’État UMP. Vaste blague et coups de bambous mérités.
Le happening de pleureuses se tiendra sous la houlette de J.M.Ribes. Ce même clown qui servit de monsieur loyal à la présentation de l’apocalyptique rapport Attali offert à N.Sarkozy pour « libérer » la croissance. Certains ont une mémoire de poisson rouge.
Participeront à ce cocktail d’initiés une brochette de zélateurs de la pensée molle capables de dire tout et son contraire, dont P.Rosenvallon phare de la gauche « moderne » est un digne représentant. Le grand instigateur est E.Plenel qui a découvert il y a peu la presse alternative et la posture d’opposant. Pour lui le réveil est brutal car sous F.Mitterrand, ce n’était sûrement pas facile mais plus simple. Viendront se joindre aux gémissements des hommes politiques plutôt de gauche (B.Hamon, P.Braouzec), et la droite classique et Villepiniste (F.Bayrou, H.Mariton). Étrange attelage de ceux qui ne réussissent plus à convaincre, et de ceux qui se sentent muselés au sein de leur potentat.
Les observateurs étrangers en témoignent, la presse française c’est le stade médiéval de l’information. Par sa structure, la plupart des journaux sont aux griffes de puissants industriels (armements, BTP, finance). Par ses pratiques de connivences. Par la teneur de ses analyses (voir par exemple toute l’œuvre de J.M.Colombani) et surtout par sa paresse (information circulaire).
Une once de clairvoyance aurait permis d’anticiper le mélange détonnant de l’après mai 2007. Aujourd’hui la profession et surtout ses dirigeants jouent les ébahis, les catastrophés. Mais ils savaient, pertinemment. S.Royal ou N.Sarkozy n’étaient pas des options équivalentes pour les libertés. Cette presse fondue dans le sarkozysme donne la France de 2008 (et d’après). Celle qui penchée la tête en bas, les fondements aux vents doit tousser trois fois sous l’œil inquisiteur et amusé de la maréchaussée.
Vogelsong – 12 décembre 2008 – Paris