L’équipe d’Infoguerre a décidé cet été de publier une série d’interviews, réalisées par Sébastien Demailly, diplômé de l’EGE en 2008, sur la manière de rendre compte des victoires et des échecs commerciaux des entreprises françaises sur le marché mondial. Nous tenons à remercier les journalistes économiques et les deux représentants de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris d’avoir répondu à nos questions construites autour d’une matrice commune.
Le commerce extérieur français marque le pas depuis plusieurs années. Il continue surtout d’avoir pour principal moteur les grands groupes, déjà présents à l’étranger, plutôt que le tissu des PME. En 2007, la France a connu un déficit record de 39 milliards d’euros dépassant les prévisions les plus pessimistes. Ce déficit gigantesque révèle les carences de la « machine exportatrice » française : il n’y a en effet pas assez d’entreprises françaises (particulièrement nos PME) qui exportent, et nos exportations ne sont pas suffisamment orientées vers les zones de forte croissance.
Pourtant, si l’on se contentait de reprendre la quantité d’articles traitant de nos succès commerciaux à l’étranger dans la presse française, on pourrait croire que la situation du commerce extérieur français est au beau fixe ; à l’image des montants faramineux des contrats remportés par nos champions industriels nationaux. Force est de constater, en effet, que les médias français s’attachent surtout à relayer largement les victoires commerciales des grands groupes français à l’étranger. Nos médias se montrent particulièrement efficaces pour rendre compte des montants gigantesques conclus par nos fleurons industriels (Alstom, Areva, EADS, Veolia, Alcatel-Lucent…) notamment lors des visites officielles du Chef de l’Etat. En revanche, la presse française ne parle pas ou très peu – uniquement s’il y a une dimension politique – des nombreuses défaites de nos entreprises à l’étranger, notamment de nos PME. Il est quasiment impossible de trouver de l’information ouverte traitant de nos échecs commerciaux. Il n’en reste pas moins que les chiffres des organismes officiels du commerce extérieur contrastent largement face à cette « spectacularisation » des montants annoncés par la presse à chaque gros contrat remporté par nos champions industriels nationaux.
Il est alors légitime de se demander si la réalité des échecs commerciaux français intéresse vraiment les journalistes économiques ; s’ils estiment que ce n’est pas un sujet suffisamment porteur. S’agit-il simplement d’une non-prise de conscience des journalistes ? Ce déficit d’information sur les défaites commerciales françaises reflète-t-il la difficulté des journalistes à trouver de l’information sur ce sujet ? Constatent-ils également cette asymétrie d’information ? Autant de questions auxquelles nous avons tenté de dégager des éléments de réponses afin de mieux comprendre la position et la situation réelle des journalistes économiques au quotidien par rapport à cette problématique. Nous avons ainsi sélectionné, pour tenter de répondre à ces questions, quelques « failles » dans la presse française pour illustrer cette asymétrie d’information entre victoires et défaites commerciales françaises. Puis nous nous intéresserons, tout au long de l’été, au retour d’expérience (sélectionné) de journalistes et experts du soutien à l’export français afin de connaître leur avis sur cette problématique et de comprendre la réalité des journalistes au quotidien pour expliquer ce déficit d’informations sur les défaites commerciales françaises. La conclusion de ce dossier s’attachera alors à apporter quelques éléments de réponses expliquant en partie cette situation d’asymétrie d’information ; ainsi qu’une synthèse des points fondamentaux expliquant le déficit du commerce extérieur français, soulignés par les experts du commerce extérieur rencontrés et contactés.