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MI-5 (Spooks) - Saison 7 [Bilan]

Publié le 13 décembre 2008 par Heather

[Le billet qui suit constitue un bilan global de la saison 7 de MI-5 (Spooks), dont la diffusion des huit (trop brefs) épisodes s'est achevée cette semaine sur BBC1. Attention spoilers.]

Il est des habitudes sériephiles qui paraissent ne pouvoir être remises en cause. Spooks est pour moi ce rendez-vous automnal incontournable, dont je n'ose imaginer devoir me passer pour une rentrée. Il faut avouer que la thématique de l'espionnage a toujours trouvé en moi un écho particulier. J'ai grandi en dévorant les romans de John Le Carré. Plus récemment, j'adore toujours découvrir les dernières oeuvres de Stella Rimington ou Percy Kemp. Initialement présentée comme le possible dernier retour de la série britannique par certaines rumeurs, l'attente envers cette septième saison était d'autant plus forte. Frustration supplémentaire pour le fan, elle n'est composée que de huit épisodes qui, comme souvent, défilent trop vite pour parvenir à ce dénouement classique, immuable cliffhanger qui nous invite immanquablement à prendre rendez-vous pour le septembre suivant en nous rongeant les sangs. Heureusement, le succès tant critique, que publique, de cette septième saison aura achevé de convaincre les dirigeants que cela ne pouvait finir ainsi, qu'il y avait encore un potentiel à exploiter, même après sept années. Une huitième saison a été commandée - un des renouvellements les plus heureux de ces derniers mois. La saison 7 de MI-5 s'est donc achevée sur un de ces cliffhangers "so spook-esque" dont la série a le secret. Et, sans la moindre hésitation, je serai au rendez-vous l'an prochain !

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La saison 7 de MI-5 constitue en effet une vraie réussite, méritant amplement l'excellent buzz qui l'a entourée. Sans n'avoir jamais véritablement failli, certaines saisons de Spooks furent plus marquantes que d'autres, plus achevées dans leur arc scénaristique ou dans le traitement et l'exploration de la psychologie des personnages. Je garde un souvenir relativement mitigé des saisons 3 et 4, tandis que l'enthousiasme que surent provoquer chez moi les saisons 1 et 5 restent une de mes références en matière d'espionnage.

Ce qui crée l'attractivité indéniable de cette saison, c'est tout d'abord la volonté affichée d'un retour aux fondamentaux. Comprendre : la Russie. Des opérations d'infiltration antérieures à la chute du Mur de Berlin, des agents doubles ou triples oscillant entre diverses loyautés, des conversations obscures dans les recoins de petite librairie londonienne - image d'Epinal s'il en est -, des cartes postales codées et, enfin, le retour du spectre nucléaire, qui revient troubler ces jeux d'espion, en guise d'épée de Damoclès... Les scénaristes ont revu leurs classiques en matière d'espionnage pour nous dépeindre, avec ce souci caractéristique du détail, le réveil du géant Russe. Ils exploitent de manière inspirée tous ces ingrédients connus, mais toujours aussi diablement efficaces, qui ont fait le succès de ce genre toujours prisé. Des propos vaguement comminatoires relatifs au projet de bouclier anti-missile, qui replace l'Europe au centre de ce revival de Guerre froide se jouant entre Russes et Américains, jusqu'à cette transmission sibylline "Rain from Heaven" qui réveille les pires peurs d'une époque que l'on aurait pu croire définitivement révolue - le risque d'une bombe nucléaire soviétique explosant en plein coeur de Londres -, le téléspectateur se laisse prendre dans les turbulences de ce fil rouge Russe qui plane sur cette saison 7. Dans cet affrontement des deux Grands sur le terrain Européen, l'Angleterre se présente comme un arbitre, entretenant avec ces pays des relations marquées par le sceau de l'ambivalence, dans lesquelles l'allié se révèle parfois aussi dangereux et retors, si ce n'est plus, que l'ennemi déclaré. Or, parmi les atouts fluctuants du MI-5 figure une vieille opération mise au point, notamment par Harry, il y a plus de vingt ans, Sugar Horse. Initialement destinée à permettre l'entretien d'un réseau d'informateurs au sein des hautes sphères étatiques russes dans l'optique de prévenir le risque nucléaire, presque mise en sommeil depuis lors, elle ressurgit soudain lorsque Harry apprend que le FSB (héritier du KGB) connaît l'existence du réseau, à défaut d'en avoir identifié les membres. Entre taupes, jeux de dupes et alliés circonstantiels, cette saison ira de rebondissements en retournements de situation, suivant un rythme endiablé où les enjeux deviennent de plus en plus importants. Pour autant, la saison n'occulte pas les thématiques désormais traditionnelles du terrorisme islamiste ou d'autres dangers tout aussi conjoncturels, telle cette évocation de la crise économique et les dérives des pratiques boursières. Des épisodes, simples stand-alone, se glissent dans le fil narratif de la saison, pour permettre de jouer sur tous les tableaux de l'espionnage moderne, même si l'ombre Russe ne s'éloigne jamais complètement.

MI-5 (Spooks) - Saison 7 [Bilan] MI-5 (Spooks) - Saison 7 [Bilan]

De plus, ce fut une saison doublement éprouvante pour le téléspectateur, l'action se mêlant à l'émotion. En effet, suivant leur politique habituelle, les scénaristes auront une fois de plus mené la vie dure à leurs personnages principaux. Pas moins de deux décès, plus ou moins attendus, parmi l'équipe, au cours de cette petite huitaine d'épisodes. Si la mort de Ben n'a sans doute pas un impact majeur sur l'équilibre relationnel entre les différents protagonistes, Jo perdant un vis-à-vis qui n'a jamais su véritablement s'imposer, à la différence de la jeune femme. Ben était une présence en retrait, dont l'exécution froide par la taupe au sein MI-5 ne bouleverse pas la donne, mais qui constitue un brutal rappel du danger constant de l'univers dans lequel les personnages évoluent, les scénaristes n'ayant jamais hésité à sacrifier un membre de l'équipe. Cependant, l'émotion est autrement plus forte pour le drame sur lequel se clôture le premier épisode de la saison. Une fin tragique que le téléspectateur savait inconsciemment inévitable depuis la mort de Fiona (il y a déjà deux saisons), mais qui vient cependant le heurter de plein fouet : la mort d'Adam Carter. Le détachement avec lequel Spooks manie les drames et met en scène les morts  a tendance à dessensibiliser le téléspectateur. Ce qui fait que je pleure rarement devant Spooks, en dépit de l'amertume que génèrent régulièrement certains épilogues. Mais j'avoue avoir fondu en larmes devant cette scène finale où Harry retrouve leur petit garçon sur le terrain de football, innocent gamin désormais orphelin qui aura tout perdu sur l'autel de ces amers - et si souvent vains - jeux d'espions.

Ce n'est pas la première fois que Spooks choisit d'introduire un nouveau venu destiné à remplacer un personnage avant même que le départ de ce dernier ne soit entériné (on se souviendra du passage de témoin entre Tom et Adam en début de saison 3). Cependant, si humainement la transition fut quelque peu difficile (le temps pour le téléspectateur toujours un brin sentimental de se remettre de la mort d'Adam), l'introduction de Lucas North fut scénaristiquement parfaitement bien gérée, consacrant dès le départ l'orientation Russe de la saison. Lucas North est un agent secret britannique qui vient de passer les huit dernières années au fond d'une geôle russe. Récupéré par Harry, grâce à un échange de prisonniers, il apporte avec lui quelques unes des pièces manquantes de l'intrigue principale. Il fut en effet torturé par les Russes pour qu'il leur livre des informations sur une obscure opération dont il ignorait tout, Sugar Horse... Lucas North (très bien interprété par Richard Armitage, croisé dans Robin Hood ou encore North & South), plus sombre qu'Adam et s'inscrivant plutôt dans la lignée du Tom des débuts de la série, s'insère sans peine dans une équipe dont la direction échoit logiquement à Ros.

Bilan : Au final, cette saison 7 aura été un excellent cru pour la série, s'offrant un retour aux sources revivifiant. D'une très grande densité, dans les différentes storylines traitées comme dans l'évolution des personnages, elle parvient à mêler sans fausse note un fil rouge Russe prenant qui se conclut par un frustrant cliffhanger, mais également des stand-alone qui sont l'occasion à la série de réciter ses classiques avec une efficacité constamment réaffirmée.
A savourer sans modération.


Pour un aperçu, la bande-annonce de cette saison 7 :

Enfin, en bonus, pour faire connaissance avec Richard Armitage et son personnage, Lucas North, découvrez-le dans une interview dans l'émission BBC Breakfast :

Lectures complémentaires conseillées :
- Les critiques de chacun des épisodes sur Critictoo.


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