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C’est plus comme avant

Publié le 15 décembre 2008 par Uninfirmier

Être infirmier(e), ça use, ça use. Exemple avec une matinée de boulot:

TROIS MOIS DE DIPLOME D’ETAT INFIRMIER:

6h50: Marie prend l’escalier, puisque l’ascenseur est en panne. Elle ne sait plus trop si elle est arrivée ou si elle est au 5ème.

7h30: Arrivée dans le service: Salut les copines! Marie dit bonjour à tout le monde, parce que c’est normal.

8h30: Le commercial de chez Acupan®, dents blanches et costard moutarde, explique que si les patients vomissent, ce n’est pas la faute du labo, mais celle des infirmières. Marie dégaine son 4 couleurs et note tout ça dans son répertoire Clairefontaine, juste à côté de “Potassium : pas en IVD sinon mort”

9h00: La cadre aimerait que Marie assiste demain à la formation “empathie et résilience, quelle symbiose efficiente pour le Plan Hôpital 2012?” Marie dit oui. Elle aime bien les formations, et puis il faut s’impliquer.

9h30: Marie trouve la prescription suivante: “uhjh jghf 3″(”4( khbk kjbkhg”. Elle se met à la recherche du médecin prescripteur, elle ne comprend rien.

10h00: Petite pause: ouf! Marie ouvre Closer.

VINGT ANS DE DIPLÔME:

7h10 Odile se hisse péniblement jusqu’au 6ème étage en maugréant. Le numéro a disparu depuis longtemps, mais elle sait que c’est le sixième étage parce que c’est là qu’un inconnu a écrit ”j’aime baisé les salloppes” D’ailleurs, il a écrit ça dans à peu près tous les hôpitaux parisiens.

7h45: Arrivée dans le service (elle avait du mal à enfiler ses bas à varices). Un bonjour à Jeannette, un bonjour à Martine, c’est bien suffisant. Les jeunes sorties du DE, elles croient tout savoir, et puis c’est plus comme avant. C’est plus comme avant quoi? C’est plus comme avant, c’est tout.

8h30: Le commercial Acupan® arrive, avec des croissants, des stylos et explique que 347 études prouvent que leur médicament n’est pas plus gerbogène qu’un placebo, en tout cas chez le singe rhésus. Odile ricane, et prend quatre stylos. Plus une balle anti stress. Plus trois croissants, qui se marient parfaitement à la gelée de groseille de l’hôpital.

9h00: La cadre, qui n’ose plus vraiment lui parler, aimerait que Odile assiste demain à la réunion: “accréditation Version 5, 3 jours pour inventer des protocoles”. Non.

9h30: Michel, le PH qu’Odile-a-connu-chef-connu-interne-connu-externe prescrit “kkb_èç_-è(’ _59BMKJ OI”. L’étudiante infirmière est dubitative. Odile met elle-même en route l’antibiotique, 1 gramme fois 4 en soupirant. C’est pourtant clair, non? Elles ne savent plus rien ces élèves.

10h00: Petite pause : Odile en profite pour choisir ses prochaines vacances Assistance Publique et les jouets Assistance Publique de ses enfants (nés à l’Assistance Publique).

L’hôpital, c’est bien, mais ça peut rendre un peu con quand on reste trop longtemps au même endroit sans se poser de questions. Spéciale dédicace à Odile.


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