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Fumer un "joint" n’est pas toujours anodin pour la santé ! Ben ZUT !

Publié le 07 août 2007 par Formatio

Que se passe-t-il sur le front du cannabis ? Alors qu’il n’a jamais été aussi populaire (plus de deux millions de consommateurs réguliers), voilà que monte un vent mauvais. Non seulement, le cannabis pourrait provoquer des psychoses, mais il serait aussi nocif que le tabac en matière d’atteintes pulmonaires ou cardiaques. Enfin, il serait la cause d’un grand nombre d’accidents de la route. Nous aurait-on menti ?

  • La suite sans "joint" sur "Le pétard mouillé par les scientifiques" de libé.fr

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Par None
posté le 16 août à 16:55
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Communiqué de presse d’Infor-Drogues, 16 août 2007

Le cannabis, médiatiquement incorrect

Ce 31 juillet 2007, la revue Thorax publiait une recherche du Medical Research Institute of New Zealand. Les chercheurs ont évalué les effets de la consommation de cannabis et de tabac sur la structure et la fonction pulmonaires. Pour cela, ils ont recruté 339 adultes dont 75 ne fumaient que du cannabis (sous forme de joints mais aussi avec une pipe), 91 du cannabis et du tabac, 92 du tabac uniquement et 81 étaient non-fumeurs. Les conclusions de l’étude sont contrastées : sur les 5 symptômes comparés, il apparaît que le cannabis serait plus risqué que le tabac dans deux cas (risque de bronchite chronique et obstruction respiratoire) et le tabac serait plus dangereux dans trois cas (respiration sifflante, toux et emphysème). Les dépêches d’agence et la presse se sont focalisées sur un seul symptôme : l’obstruction respiratoire. Ce critère est, par ailleurs, le plus défavorable au cannabis. Ainsi, cette étude a été, et est encore, largement médiatisée sous des titres tels « Un seul joint aussi néfaste que 2,5 à 5 cigarettes » (Libération, 31.07.07), « Un joint serait aussi nocif que 5 cigarettes » (Le Monde, 31.07.07), « Fumer un joint équivaut à 5 cigarettes » (le nouvel Obs, 31.07.07), « Joint : très mauvais pour les poumons » (la Dernière Heure, 01.08.07)… Propagée de cette façon dans le grand public, l’affirmation « un joint = 5 cigarettes » est vite devenue « la fumée d’un joint est 5 fois plus cancérigène que celle d’une cigarette » . Nous laisserons le magazine Choc conclure (le 31.07.07), en affirmant : « Fumer [du cannabis] ou respirer, il faut choisir ». Rien de moins.

Pourquoi un tel rideau de fumée ?

Le cannabis n’est pas bon pour la santé. Cela ne fait que 85 ans qu’on nous le fait comprendre dans toutes les langues. D’ailleurs ce sont des motifs de santé publique qui ont présidé à sa prohibition au début du XXème siècle. Rien de neuf sous le soleil, donc. Alors pourquoi, aujourd’hui, une telle frénésie d’échos à la moindre petite étude tendant à prouver que le cannabis provoque l’obstruction respiratoire, qu’il est un facteur de risque pour la schizophrénie, etc. ? Il n’est pas facile de répondre à cette question tant les médias sont muets quant au but de leurs propres articles. La presse dans sa majorité se pose en simple témoin d’une vérité scientifique « pure ». Or, nous venons de le voir, de nombreux médias trient les arguments et préfèrent ne mettre l’accent que sur les méfaits à charge du produit le moins licite.

Certains articles évoquent ces études scientifiques comme sonnant la fin « de la polémique [entre partisans et adversaire de la dépénalisation] qui a trop longtemps obscurci la discussion » (Libération, le 07.08.07). La perspective sous-jacente serait-elle d’en finir une fois pour toutes avec le débat sur le statut juridique du cannabis ? S’agirait-il de taper sur le clou de sa nocivité pour que celle-ci dépasse, dans l’opinion, celles du tabac et de l’alcool ? Cela ne justifierait-il pas à la fois la poursuite de la prohibition du cannabis et la poursuite des politiques simplement restrictives vis-à-vis du tabac et de l’alcool ? Un tel discours ferait fi, en tout cas, de la question importante de savoir si interdire reste l’option la plus favorable à la santé.

Devant une telle montée en épingle d’informations partielles, Infor-Drogues tient à rappeler quelques éléments indispensables au débat : · Tout comme la prohibition de l’alcool aux Etats-Unis fut une catastrophe sanitaire, la prohibition du cannabis augmente les risques pour la santé: pas de contrôle de qualité, pas de précision sur le taux de concentration en principe actif, consommation clandestine, contacts des consommateurs avec les maffias, prix très élevé, risque judiciaire, risque d’exclusion sociale, tensions familiales… ; · La prohibition pousse les producteurs de cannabis à concentrer toujours davantage leurs produits. Tout comme les producteurs d’alcool durant la prohibition américaine. Cette concentration sans cesse croissante affecte la santé des consommateurs ; · Une politique tolérante comme aux Pays-Bas n’entraîne pas davantage de consommations (bien au contraire) qu’une politique très répressive comme en France ; · En dressant un portrait de ‘tueur public’ du cannabis en le comparant au tabac… ne dédouane-t-on pas implicitement ce dernier ? · Le risque lié à l'utilisation de tout objet existe et est complexe à établir. Il dépend de critères variés. Un facteur fondamental est l'aptitude à utiliser l'objet. Autrement dit, la culture sociale propre à cet objet. Il apparaît donc clairement que la réglementation, la législation et in fine la politique ne dépendent pas entièrement de la nature intrinsèque de l'objet à réglementer mais de la capacité de la population à gérer le produit. Donc à développer un savoir-faire plus ou moins compatible avec la sécurité individuelle et l’ordre social ; · L’enjeu de l’information est crucial, tant par ses impacts potentiels négatifs (dramatisation abusive, banalisation irresponsable…) que positifs (ouvrir des espaces d’écoute, de témoignage, de soutien aux personnes si nécessaire, de réflexion collective aussi sur le sens général de la consommation « euphorisante »… et ses limites).

Les récentes études scientifiques concernant le cannabis sont interpellantes. Bien sûr. Mais la science ne peut pas remplacer le débat. Le nombre important de consommateurs de cette substance appelle les autorités à faire le constat de l’échec de la prohibition et à prendre à bras-le-corps ce dossier trop longtemps occulté ou simplifié. http://www.infordrogues.be/id/news.php?lng=fr&pg=268

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